Au lendemain de la visite de la secrétaire générale du ministère français des Affaires étrangères, Mme Anne-Marie Descôtes, pour peaufiner le programme de la visite du président algérien, contre toute attente, le voyage est annulé du côté algérien

Les militaires annulent le voyage de Tebboune en France

PHOTO/AFP - Président algérien Abdelmadjid Tebboune

Alors que tous les feux étaient au vert pour une visite d’Etat qui sera, certainement, la plus importante dans la carrière du président algérien Abdelmadjid Tebboune, subitement, le quotidien Le Figaro annonce « le report » d’un voyage programmé depuis plusieurs mois et qui avait fait l’objet d’une conversation téléphonique récente (24 mars dernier) entre les deux présidents farçais et algérien.

Des motifs de report tirés par les cheveux

C’est Ahmed Attaf, le ministre des Affaires etrangères qui a appelle, le 17 avril, son homologue française Catherine Colonna pour lui annoncer le souhait d’Alger de reporter la visite. La cause : il n’y a pas suffisamment de « livrables » qui pourraient couronner le voyage de Tebboune. Autrement dit, il n’y aura pas de grandes annonces à l’issue de la visite pour justifier le déplacement du président algérien. Comme par enchantement, c’est après avoir arrêté le programme et discuté ses moindres détails qu’on finit par se rendre compte qu’on n’a pas suffisamment de dossiers à traiter pour en faire des annonces.

Pourtant Tebboune a évoqué à plusieurs reprises ce voyage parisien en insistant qu’il s’agit d’une visite d’Etat. C’est très important pour lui. Il donnait l’impression d’attendre impatiemment ce voyage. Qu’est-ce qui lui a fait changer d’avis ?

En réalité, ce n’est pas Tebboune qui a changé d’avis. Ce sont les militaires, disons-le sans détours, qui ont refusé de lui octroyer le visa tant attendu. Et il y a bien des raisons à cela.

Mais avant d’ordonner à Ahmed Attaf de joindre par téléphone son homologue française, il fallait convaincre Tebboune du bien fondé de la décision d’annulation.

On lui présente comme premier argument la nécessité d’accorder la primeur aux amis russes en se rendant d’abord à Moscou avant Paris.

Il est vrai que Tebboune est invité à la même période à Moscou. Et très longtemps on se demandait laquelle des deux capitales accueillerait en premier le président algérien. Moscou ou Paris ? Finalement, Paris a fixé la date du 2 mai pour la réception du président algérien. Or, les militaires souhaitent et veulent que le président se rende d’abord à Moscou qui a plus d’affinités avec eux.

Des sources proches des dirigeants algériens assurent qu’une demande de choix d’une autre date aurait été faite à l’Elysée bien avant l’arrivée de Mme Anne-Marie Descôtes. Une demande qui ne pouvait être satisfaite pour cause d’agenda trop chargé d’Emmanuel Macron après cette date.

Pour convaincre Tebboune de renoncer à son voyage, Autre raison invoquée par nos sources algériennes, il aurait été indiqué à Tebboune que plusieurs dossiers sont en suspens avec les Français. Notamment celui de la décontamination des zones des anciens sites nucléaires français dans le sud algérien. On remet, aussi, sur la table le sempiternel dossier des archives coloniales pour justifier l’annulation de son voyage parisien.

Enfin, troisième argument, taille celui-là, avancé par les militaires pour faire avaler la pilule de l’annulation de son rendez-vous avec son ami Macron, il lui a été susurré que son 2ème jour à Paris, le 3 mai, coïncide avec la journée de la presse. Et comme en Algérie la presse ne se porte pas aussi bien qu’il veuille le faire croire, avec notamment des journalistes emprisonnés, d’autres exilés et une nouvelle loi sur l’information des plus coercitives, la visite tournerait au vinaigre. 

Tebboune ne connaît l’Algérie qu’à travers les rapports que lui présentent les militaires

Les militaires voyaient, dès le début, d’un mauvais œil un très grand rapprochement entre Tebboune et Macron. Un rapprochement qui pourrait donner des ailes au locataire du palais d’El-Mouradia qui rêve de briguer un 2ème mandat dans le but de se mettre à l’abri d’éventuels règlements de comptes comme cela est le cas pour de nombreux généraux et ministres qui croupissent, aujourd’hui, dans les prisons algériennes.

Enfin, nos sources admettent que le général d’armée Saïd Chengriha, chef d’état-major de l’armée, s’était fâché en apprenant qu’il n’était pas invité à accompagner Tebboune. Et à notre avis c’est l’une des raisons essentielles de l’annulation de cette visite qui risque de ne jamais avoir lieu. 

Il est à rappeler que le président algérien, depuis son intronisation à la tête de l’Etat algérien n’a pas effectué une seule visite dans aucune ville ou région algérienne. Pas même Alger. Tout comme il ne s’est jamais rendu à la mosquée pour assister aux cérémonies religieuses comme celle du 27ème jour du Ramadan dite « Leilat el-Qadr » (la nuit du doute), ni aux prières de la fête de l’Aïd-El-Fitr, marquant la fin du Ramadan ni à celle de l’Aïd El-Ad’ha (la fête du sacrifice). Aussi, il ne s’est jamais rendu au stade pour assister à une finale de coupe d’Algérie. D’ailleurs, depuis son arrivée, la compétition de la coupe d’Algérie a été supprimée trois années de suite.

Cloîtré dans son palais présidentiel, Tebboune est totalement déconnecté du reste du monde et particulièrement de l’Algérie. Son pays, il ne le connaît qu’à travers les rapports que veuillent lui établir les services secrets dirigés par le smilitaires.