España reabrirá fronteras con Marruecos, Argelia y China si existe reciprocidad
L'Espagne rouvrira ses frontières à 12 pays tiers à partir de minuit et, en outre, envisage de rouvrir le passage des citoyens du Maroc, de l'Algérie et de la Chine s'il y a réciprocité de la part de ces nations et s'il existe un flux autorisé dans la direction opposée, comme le publie le ministère espagnol de l'intérieur dans le Bulletin officiel de l'État (BOE).
L'arrêté ministériel publié dans le BOE remplace celui de lundi dernier et détaille la liste des pays inclus dont les résidents ne seront pas concernés par la restriction des déplacements non essentiels vers l'Union européenne (UE) par le biais du franchissement des frontières extérieures, ainsi que les nouvelles catégories de personnes exemptées de ces interdictions, quelle que soit leur origine.
Elle entrera en vigueur le 4 juillet à partir de 00h00 jusqu'au 31 juillet à 24h00, bien qu'il puisse y avoir des changements si les circonstances changent ou s'il y a de nouvelles recommandations communautaires.
En ce qui concerne l'ouverture des frontières aux pays tiers, le ministère de l'intérieur précise qu'il s'agit des résidents de ces pays, et non de ceux qui en ont la nationalité. La décision officielle souligne également que la levée des restrictions sera soumise aux critères de progressivité et de réciprocité.
La liste complète des 15 pays figurant dans la recommandation adoptée par le Conseil européen mardi est incluse dans l'ordre, ce qui est « l'objectif à atteindre progressivement ». C'est-à-dire les 12 fixés plus l'Algérie, le Maroc et la Chine, au cas où ces pays appliqueraient réciproquement la même mesure. La liste complète des pays est la suivante : Algérie, Australie, Canada, Géorgie, Japon, Monténégro, Maroc, Nouvelle-Zélande, Rwanda, Serbie, Corée du Sud, Thaïlande, Tunisie, Uruguay et Chine.
Dans l'application du principe de réciprocité, il est tenu compte, d'une part, en ce qui concerne la Chine, de la recommandation du Conseil de l'UE de subordonner l'ouverture des frontières des États membres à la confirmation de l'existence d'une réciprocité. En ce qui concerne l'Algérie et le Maroc, l'ordonnance souligne la nécessité de tenir compte à la fois de la fermeture actuelle des frontières décrétée dans les deux pays, et des raisons invoquées pour cela, et du volume important des déplacements entre chacun d'eux et l'Espagne.
En ce qui concerne les catégories de personnes exemptées de restrictions, quel que soit leur lieu d'origine, quelques autres sont incluses ou le champ d'application de celles envisagées dans l'ordonnance du 29 juin est élargi, afin de les adapter à la recommandation du Conseil.
Tant les restrictions que les catégories de personnes exemptes de restrictions concernent les ressortissants de pays tiers, étant donné que, depuis lundi, les citoyens de l'UE et leurs familles ainsi que les autres bénéficiaires du droit à la libre circulation se trouvaient déjà en dehors du champ d'application des restrictions temporaires aux frontières extérieures de l'Espagne, qui ont été établies pour freiner la crise sanitaire du COVID-19.
Par conséquent, tout cela signifie que l'Espagne n'ouvrira pas ses frontières extérieures à tous les pays recommandés par l'UE, considérés par les autorités communautaires comme sûrs en raison de leur situation épidémiologique ; ainsi, l'Algérie, le Maroc et la Chine sont exclus au détriment d'une position similaire des États de ces nations concernant la réouverture. Le gouvernement espagnol a donc déjà établi une liste de pays hors de l'espace Schengen (l'espace Schengen est l'espace qui comprend 26 pays européens ayant supprimé les contrôles à leurs frontières communes) dont il autorisera l'entrée aux citoyens à partir de ce samedi.
Dans le cas des voisins d'Afrique du Nord, leurs frontières sont fermées depuis le début de la pandémie. Le gouvernement espagnol s'en tient à cette situation pour maintenir les frontières avec le Maroc et l'Algérie scellées au moins jusqu'au 31 juillet. La réciprocité est donc requise ; un cas particulier est celui de Ceuta et Melilla, qui partagent une frontière terrestre avec le Maroc ; à titre temporaire, la fermeture des postes terrestres autorisés à entrer et à sortir d'Espagne par la ville de Ceuta et Melilla est maintenue.
En ce sens, il ne semble pas logique de permettre le passage de citoyens du sol marocain vers le territoire espagnol si le même transit ne se fait pas en sens inverse. Rabat empêche pour l'instant même la plupart des sorties du pays (sauf les étrangers, les citoyens ayant une double nationalité ou résidant à l'étranger), ce qui ne laisserait en rien théoriquement le fait que l'Espagne pourrait rouvrir les frontières avec le royaume alaouite. Pour l'instant, le Maroc maintiendra le blocage du transit au moins jusqu'au 10 juillet, bien que l'on estime que la situation sera prolongée.
Le Maroc a déjà suspendu il y a quelques semaines l'opération « Passage du détroit » en raison du coronavirus. « L'opération telle qu'elle est connue n'aura pas lieu cette année », a déclaré le ministre des Affaires étrangères, Nasser Bourita, lors d'une audition au Parlement marocain. Le ministre a défendu le fait que les émigrants marocains vivant à l'étranger qui traversent l'Europe au sud de l'Espagne pour entrer en Afrique du Nord pour y passer leurs vacances pourront retourner dans leur pays d'origine lorsque les frontières seront ouvertes.
Dans le cas de l'Algérie, la fermeture des frontières est moins importante car les transits avec l'Espagne sont beaucoup moins fréquents. Les autorités algériennes ont opté pour un isolement rigide jusqu'à ce que le pire de la pandémie soit passé, et il n'y a pas d'avenir clair en ce qui concerne les départs et les arrivées dans ce pays d'Afrique du Nord.