Il s'agit du premier voyage d'un président iranien en Afrique depuis 11 ans et représente une tentative du régime des ayatollahs de diversifier ses liens économiques face à l'impact des sanctions imposées par les États-Unis à la suite de sa sortie de l'accord nucléaire en 2018

L'Iran cherche à étendre son influence en Afrique avec la tournée de Raisi

Présidence iranienne/AFP - Le président iranien Ebrahim Raisi

Le président iranien Ibrahim Raisi a entamé mercredi une tournée dans trois pays africains visant à renforcer les liens politiques et économiques de Téhéran avec la région face aux sanctions américaines et à la rivalité mondiale. 

Raisi s'est rendu en Ouganda pour rencontrer son homologue, Yoweri Museveni, et discuter de la possibilité d'approfondir les liens bilatéraux. Leur rencontre a eu lieu après celle qu'il a eue avec le président kenyan William Ruto, au cours de laquelle ils ont discuté de questions d'intérêt commun et signé plusieurs accords de coopération. Raisi s'est ensuite rendu au Zimbabwe jeudi, où il a rencontré le chef de l'État, Emmerson Mnangagwa, et a cherché à renforcer la collaboration dans les domaines économique, politique et culturel. 

AP/BRIAN INGANGA - Le président kenyan William Ruto

Le président iranien aurait exprimé sa volonté d'accroître la coopération avec le Kenya et d'autres pays africains, ainsi que de leur transmettre une expertise technique et scientifique, selon les médias arabes. Il a également critiqué l'Occident pour l'exploitation des ressources naturelles de l'Afrique et s'est positionné comme un ami sincère et un véritable partenaire dans le développement du continent. 

Dans un climat de réconciliation et de communication entre Le Caire et Téhéran qui vise à normaliser les relations diplomatiques et à promouvoir le tourisme et les échanges culturels entre les deux pays, l'Égypte n'exprime aucune opposition ou résistance à la présence et à l'expansion de l'Iran sur le continent africain. Cette attitude s'inscrit dans une tendance plus large des nations arabes à désamorcer les tensions et les hostilités avec la République islamique. 

Les conflits et les crises dans la région du Sahel et du Sahara, qui constituent une menace pour la stabilité et la sécurité des pays voisins, en particulier le Maroc, qui a des différends historiques et territoriaux avec l'Algérie, ont fait de l'Algérie un allié stratégique de Téhéran pour renforcer sa position et son influence en Afrique du nord. 

Selon les médias arabes, les analystes estiment que l'Iran peut tirer parti de la rivalité et de la concurrence entre les grandes puissances pour le contrôle et l'accès aux ressources et aux marchés économiques en Afrique, et qu'il cherche à jouer un rôle complémentaire et subordonné, soutenu par les groupes sectaires qu'il a encouragés et financés dans certains pays africains, et le réseau de contacts et d'influence du Hezbollah au sein de la diaspora libanaise sur le continent pour établir des alliances économiques qui lui permettront d'accroître sa présence et son influence politique et sociale en Afrique, ce qui lui permettra ultérieurement de créer et d'organiser des milices, de les former, de leur fournir des armes et d'en faire des instruments similaires à ceux dont il dispose au Moyen-Orient, tels que les milices d'inspiration similaire en Irak, le Hezbollah au Liban et les Houthis au Yémen. 

Les efforts déployés par l'Iran pour renforcer ses liens internationaux sont considérés comme une tentative d'atténuer la pression et l'isolement que les sanctions économiques américaines ont imposés au pays. Avec un voyage dans plusieurs pays d'Amérique latine en juin, cette visite fait partie d'une série de tournées que l'Iran a entreprises pour élargir ses liens et rechercher un soutien politique et économique.