L'Iran envoie 1,4 million de barils de brut en Syrie
Deux pétroliers chargés de 1,4 million de barils de pétrole brut sont arrivés vendredi au port syrien de Baniyas en provenance d'Iran, selon la société de suivi des navires Tanker Trackers. Cette cargaison porte à cinq millions les stocks de pétrole brut envoyés par Téhéran à Damas en réponse à la crise énergétique croissante qui a pris naissance à la mi-mars.
"Dans environ 24 heures, deux des trois premiers pétroliers arriveront à Baniyas, en Syrie, avec environ 1,4 million de barils de brut iranien", a rapporté Tanker Trackers jeudi. La flotte se compose du navigateur IRINS Makran et du destroyer IRIS Sahand, selon le coordinateur adjoint de l'armée de la République islamique et ancien commandant de la marine perse, Habibollah Sayyari.
En outre, 300 000 autres barils de pétrole brut se trouvent dans le canal de Suez et attendent d'être expédiés après réception d'une preuve de paiement. Les navires ont renforcé leurs mesures de sécurité et s'arrêtent à un navire militaire présumé clandestin dirigé par les Gardiens de la révolution islamique avant d'entrer dans le canal de Suez, selon la Lloyd's List.
Après le retrait unilatéral des États-Unis de l'accord nucléaire en 2018, Washington a imposé une batterie de sanctions à Téhéran. Cette décision était assortie de menaces de sanctions à l'encontre des pays qui maintenaient leurs relations commerciales avec l'Iran, ce qui a amené de nombreux clients de la République islamique, comme l'Inde, la Corée du Sud, le Japon, l'Italie, la Grèce ou Taïwan, à réduire leurs importations.
C'est pourquoi la production pétrolière iranienne a fortement diminué au cours des trois dernières années. La production de pétrole brut perse est actuellement d'environ 2,5 millions de barils par jour, bien que le pays ait récemment indiqué qu'il espérait augmenter sa production à plus de 6 millions de barils par jour.
Toutefois, l'Iran pourrait rétablir la plupart de ses capacités d'exportation de pétrole en l'espace d'un mois si les États-Unis reviennent enfin au Plan d'action global conjoint, selon le directeur adjoint de la production de la Compagnie nationale iranienne du pétrole, Farrokh Alikhani.
"Nous avons calculé que le temps nécessaire à une reprise complète est de trois mois, sur la base des plans et des dispositions prises, et notre prévision est que nous réactiverions la plupart des capacités comme prévu dans un délai d'un mois", a reconnu Alikhani. Le régime de Téhéran reprendrait donc pleinement sa politique d'exportation.
Quoi qu'il en soit, la détente dans l'arène syrienne a déclenché une compétition entre l'Iran et la Russie pour l'influence et le butin de guerre. Les deux États construisent des centrales électriques dans le pays et se disputent des contrats d'extraction de pétrole, d'exploitation de phosphates et de construction de ports pour plusieurs millions de dollars, selon Jihad Yazigi, rédacteur en chef du Syria Report, un bulletin d'information économique de premier plan.
"Les Iraniens ont estimé qu'ils n'ont pas obtenu une part équitable des actifs syriens par rapport à leur engagement, leur engagement militaire mais aussi leur engagement économique", a reconnu Yazigi, au Washington Post. "Les Iraniens ont fourni un soutien économique beaucoup plus important. Mais les avantages économiques vont aux Russes plus qu'aux Iraniens."
L'Iran soutient le régime d'Al-Assad depuis le début de la guerre en Syrie par l'intermédiaire des forces de son corps d'élite des gardiens de la révolution, la Force Quds, ainsi que des miliciens irakiens et libanais soutenus par l'Iran et des milliers de combattants musulmans chiites afghans. Pour soutenir les finances assiégées de la Syrie, l'Iran lui a également accordé trois lignes de crédit d'une valeur d'au moins 5,6 milliards de dollars, selon le Syria Report.
Ces dernières expéditions interviennent alors qu'une flotte navale iranienne aurait fait une incursion dans l'Atlantique, selon les médias iraniens. Le navire aurait transporté des vedettes rapides d'attaque destinées à être vendues au Venezuela, selon Politico.
La flotte a quitté le port de Bandar Abbas, dans le Golfe, le mois dernier et est arrivée dans l'Atlantique jeudi, après avoir parcouru 6 000 miles nautiques et traversé le cap de Bonne-Espérance. Ce serait la première fois que la marine iranienne s'aventure aussi loin dans l'Atlantique.
Les deux navires sont provisoirement dirigés pour aider le Venezuela à essayer d'obtenir un allègement des sanctions américaines qui ont été imposées par l'administration Trump, selon le rapport de Politico.