L'Iran risque d'être expulsé de la Commission des femmes de l'ONU
La répression des forces de sécurité iraniennes à l'encontre de la population continue d'avoir des conséquences pour Téhéran au niveau international. À l'enquête indépendante approuvée le mois dernier par le Conseil des droits de l'homme des Nations unies sur les violences policières en Iran s'ajoute désormais l'expulsion possible de l'Iran de la Commission des Nations unies sur les femmes (CSW). La décision, qui sera prise par les 54 États membres qui composent le Comité économique et social de l'organisation, a été proposée par les États-Unis.
Washington a proposé de laisser Téhéran en dehors de la Commission car il considère que ses politiques sont "manifestement contraires aux droits humains des femmes et des filles et au mandat de la Commission". La vice-présidente américaine Kamala Harris estime que le régime iranien est "inapte" à faire partie de la commission car, selon elle, la violation des droits des femmes est une caractéristique constante du pays. Même l'annonce de la réforme de la loi sur le voile ne constitue pas une garantie pour la communauté internationale que le pays dirigé par Ebrahim Raisi sera écarté de la commission.
La résolution rédigée par les Américains demande "le retrait immédiat de la République islamique d'Iran de la Commission de la condition de la femme pour le reste de son mandat 2022-2026". Toutefois, avant que son expulsion ne soit certifiée, l'Iran, ainsi que 17 autres pays, ont envoyé une lettre au Conseil économique et social des Nations unies (ECOSOC) pour mettre en garde contre le précédent que constituerait l'expulsion de l'Iran, dont le mandat s'étend de cette année à 2026.
Téhéran estime que ce vote "créera sans aucun doute un précédent indésirable qui empêchera finalement d'autres Etats membres ayant des cultures, des coutumes et des traditions différentes... de contribuer aux activités de ces commissions". La même lettre appelle les membres à voter contre la proposition américaine afin d'empêcher le début d'une "nouvelle tendance à expulser des États souverains et légitimement élus de tout organe du système international, si jamais ils sont perçus comme gênants et qu'une majorité circonstancielle peut être obtenue pour imposer de telles manœuvres".
Les premiers mouvements suggèrent que la volonté des États-Unis se concrétisera, car seuls cinq des pays signataires sont membres de l'ECOSOC. En outre, l'Australie, le Canada, le Royaume-Uni, le Guatemala et la Nouvelle-Zélande ont déjà annoncé qu'ils soutiendraient la proposition de Washington. Toutefois, les Iraniens dénoncent les "offres politiques" des Américains visant à obtenir les votes nécessaires pour expulser l'Iran de la Commission des femmes de l'ONU, ce qui, selon eux, est illégal et remettrait en question les droits de vote des États membres de l'ONU.
Téhéran a trouvé un allié inattendu en Europe, en la personne des Pays-Bas. Le ministre néerlandais des Affaires étrangères, Wopke Hoekstra, a déclaré qu'ils considèrent la Commission comme un lieu où tous les pays devraient travailler ensemble pour s'améliorer et trouver un consensus. En outre, il a fait une référence particulière aux pays dont les politiques sont moins alignées sur les autres, car il considère la CSW comme un espace permettant de pousser au changement dans ces États. Toutefois, l'Iran ne sera pas présent si, comme tout porte à le croire, Téhéran se retire de la Commission des Nations unies sur les femmes.