Des sources gouvernementales dans ce pays africain lient le régime des ayatollahs à l'organisation terroriste somalienne, qui a été impliquée dans des attaques contre l'armée américaine

L'Iran s'allie à Al-Shabaab en Somalie pour distribuer des armes aux rebelles houthis

AP/HANI MOHAMMED - Des miliciens houthis tiennent leurs armes lors d'un rassemblement tribal à Sana'a, au Yémen

La République islamique d'Iran a établi des liens avec le groupe djihadiste Al-Shabaab en Somalie pour attaquer les États-Unis et d'autres forces internationales dans ce pays africain et dans la région et pour fournir des armes aux rebelles houthis au Yémen, selon des articles de politique internationale citant le gouvernement somalien et des responsables de la sécurité. 

Selon des informations, reprises par les médias d'Al-Arabiya, le pays persan dispose d'un réseau déployé en Somalie visant à offrir un soutien aux « organisations extrémistes violentes » pour contrer l'influence des Etats-Unis et des Etats rivaux du Golfe (cas de l'Arabie Saoudite ou des Emirats). 

L'Iran, qui a établi son réseau électrique en Somalie grâce à des incitations financières, utilise le pays sur le continent africain pour acheminer des armes à la milice houthi présente au Yémen et pour transporter des armes vers d'autres pays d'Afrique comme le Kenya, la Tanzanie, le Sud-Soudan, le Mozambique et la République centrafricaine, selon les données fournies par Al-Arabiya à partir des informations révélées.  

L'Iran continue à utiliser la même tactique d'ingérence dans les affaires intérieures d'autres nations. Elle utilise l'action de ses forces Quds, une division internationale des Gardiens de la Révolution islamique (le corps d'élite de l'armée iranienne), pour opérer dans d'autres territoires, principalement par le biais d'alliances avec des groupes de la même confession chiite présents dans ces pays. On peut citer comme exemples les cas du Hezbollah au Liban, du Hamas en Palestine, de la milice d'origine afghane Liwa Fatemiyoun en Syrie, des Forces de mobilisation populaire en Irak, ou des combattants houthis eux-mêmes dans le cadre de la guerre civile au Moyen-Orient. 

Dans cette optique, les forces de Quds ont établi des liens avec « des groupes extrémistes et des réseaux criminels », selon des sources du gouvernement somalien. Cette branche internationale des gardiens de la révolution iraniens utilise ces liens pour faire entrer clandestinement du pétrole iranien en Somalie et le vendre ensuite à bas prix en Afrique pour éviter les sanctions américaines, selon les données fournies par la police somalienne et les responsables du ministère des finances, publiées par Al-Arabiya. Une partie de ces bénéfices est destinée à soutenir les alliés au Yémen et en Somalie. Les sanctions économiques imposées par les États-Unis à la suite de leur sortie en 2018 du pacte nucléaire scellé avec l'État iranien en 2015 (JCPOA, par son acronyme en anglais) continuent de peser sur l'Iran en raison du non-respect de ses termes par les Perses.

Les liens de l'Iran avec les rebelles houthis opérant au Yémen ont longtemps été dénoncés comme sapant le gouvernement internationalement reconnu d'Abd Rabbuh Mansur al-Hadi, qui est soutenu par la coalition militaire arabe dirigée par l'Arabie Saoudite voisine, grand rival de l'Iran au Moyen-Orient et principal représentant de la branche sunnite de l'Islam, par opposition à la branche chiite parrainée par le régime des Ayatollahs. En effet, les Houthis ont été pointés du doigt pour plusieurs attaques contre le pétrole et les infrastructures aéroportuaires dans le royaume saoudien.  

L'Iran aurait fourni un soutien financier et matériel à Al-Shabaab et « aurait payé des récompenses à des militants pour attaquer les forces américaines en Somalie et dans la région », selon les indications d'Al-Arabiya, tirées d'informations reçues d'un officier militaire impliqué dans les opérations contre Al-Shabaab dans le sud-centre de la Somalie.

Selon des sources du ministère somalien de la défense, l'argent et les armes iraniennes auraient pu être utilisés lors des attaques de la formation terroriste somalienne en 2019-2020 sur les bases militaires américaines en territoire africain, ainsi que sur le convoi militaire de l'Union européenne à Mogadiscio. 

Les forces de sécurité impliquées dans les opérations contre Al-Shabaab dans le centre-sud de la Somalie ont découvert des armes, ainsi que des équipements de fabrication de bombes et de produits chimiques en provenance d'Iran, a-t-il déclaré. Les responsables affirment que les attaques d'Al-Shabaab depuis 2017 sont devenues plus meurtrières et attribuent les capacités accrues du groupe à des armes d'origine étrangère, principalement d'Iran et du Yémen, selon les rapports de politique internationale publiés par Al-Arabiya.  

Le 5 janvier, deux jours après que l'ancien chef des forces de Quds, Qassem Soleimani, ait été tué lors d'une frappe aérienne américaine près de l'aéroport de Bagdad en Irak, Al-Shabaab a lancé une attaque sur une base militaire utilisée par les forces armées américaines et kenyanes sur la côte de Lamu qui a tué un soldat américain et deux entrepreneurs. 

Al-Shabaab n'a pas reconnu que l'offensive était liée à la mort de Soleimani, mais la coïncidence pourrait indiquer que les deux événements pourraient être liés.

Pour sa part, l'exécutif américain utilise les sanctions pour cibler des individus ou des groupes en Somalie et dans la région adjacente qui servent les intérêts iraniens sur le territoire somalien afin de réduire l'accès d'Al-Shabaab aux ressources économiques et matérielles.