El OIET elogia la colaboración entre Madrid y Rabat en la lucha antiterrorista
Un rapport de l'"Annuaire du terrorisme djihadiste 2021", produit par l'Observatoire international des études sur le terrorisme (OIET) récemment publié, a félicité l'Espagne et le Maroc pour leur étroite collaboration dans la lutte contre le terrorisme djihadiste, évaluant très positivement leurs "grands efforts".
L'OIET a fait l'éloge de cette relation de coopération malgré - ou plus encore - les tensions accrues entre les deux pays en mai de l'année dernière, lorsque l'entrée du leader du Front Polisario, Brahim Gali, sur le sol espagnol, ainsi que la crise migratoire à Ceuta que Rabat a utilisée comme réponse, ont fait monter la tension presque à son comble. Malgré la "méfiance encore latente qui empêche le plein développement de nombreuses actions encore nécessaires" entre le Maroc et l'Espagne, la situation n'a pas conduit à la cessation de la collaboration dans la lutte contre le terrorisme.
"La coopération bilatérale antiterroriste entre l'Espagne et le Maroc est un succès en soi grâce au dépassement des difficultés antérieures et à la mise en œuvre extensive des mesures et des accords en la matière", indique le rapport. Toutefois, elle a souligné que l'action commune n'est toujours pas "définie ou développée de manière égale sur les fronts de la justice, de la police et du renseignement", où il y a encore beaucoup de chemin à parcourir.
L'article, signé par Daniel Pérez, chercheur à l'OIET, souligne qu'une plus grande implication de la société civile, ainsi que d'autres institutions publiques, reste nécessaire pour freiner plus efficacement la menace du terrorisme et de la radicalisation violente.
Dans l'évolution de ce type de relations de collaboration, Madrid et Rabat sont passés du simple partage de données sur des cellules ou des individus pouvant être liés au terrorisme djihadiste à la mise en place d'équipes d'action communes et de patrouilles conjointes d'unités espagnoles et marocaines. Ces initiatives ont été développées malgré l'absence de cadres juridiques communs entre les deux pays, un obstacle qui n'existe pas lorsque la collaboration se déroule uniquement entre pays européens.
Selon l'Observatoire international d'études sur le terrorisme, le "changement de paradigme" dans la lutte contre le terrorisme s'est forgé lors du "début de la fin de l'ETA" - "Pays basque et liberté", une organisation terroriste indépendantiste basque qui a opéré en Espagne de 1958 jusqu'à sa dissolution officielle en 2018 - et des attentats perpétrés à Casablanca (Maroc) en 2003. Ces deux questions ont suscité une "profonde réflexion sur les échecs dans le domaine de la prévention, tant dans les sphères judiciaire, policière et du renseignement, que dans la lutte contre la radicalisation", comme le rapporte l'agence de presse Europa Press à propos du rapport.
En 2001, l'opération Dátil contre les personnes soupçonnées d'être liées à Al-Qaïda - dirigé à l'époque par Oussama Ben Laden - était déjà en cours, mais, selon le rapport de l'OIET, avant le 11-M, seuls 140 membres du corps de la police nationale travaillaient sur le terrorisme djihadiste et islamiste. Cette réalité a évolué en moins d'une décennie au point que "plus de 3 000 membres sont désormais chargés de lutter contre le terrorisme religieux à caractère djihadiste".
En ce sens, l'importance de la coopération entre les deux pays a été démontrée par l'assistance fournie par la Direction générale de la surveillance du territoire et le Bureau central des enquêtes judiciaires du Maroc aux autorités espagnoles. Et, comme l'ont conclu les enquêteurs, la collaboration entre les organes judiciaires de Madrid et de Rabat a été démontrée lors de réunions bilatérales entre le bureau du procureur général espagnol et le bureau du procureur général marocain, en plus de celles tenues entre le Conseil général du pouvoir judiciaire et la Cour suprême marocaine.