Selon le dernier rapport semestriel, une analyse photographique a permis d'identifier des armes antichars produites par l'Iran en Libye

L'ONU trouve des armes iraniennes dans le conflit libyen

AFP/DIMITAR DILKOFF - Une fusée lancée depuis un système de défense aérienne Pantsir-S sur la base militaire d'Ashuluk, dans le sud de la Russie, lors des exercices militaires "Caucase-2020" rassemblant des troupes de Chine, d'Iran, du Pakistan et du Myanmar

"Selon l'analyse des photographies obtenues sur le terrain par le Secrétariat, on peut affirmer que l'un des quatre missiles guidés antichars présente des caractéristiques conformes au Dehlavieh iranien", c'est dire la force du rapport présenté par le Secrétaire général des Nations unies, le Portugais António Guterres. Cependant, le rapport ajoute également qu'"il ne peut être confirmé que le transfert de ce matériel viole la résolution 2231 de 2015", en référence au blocus sur l'achat et la vente d'armes qui pesait sur l'Iran, et qui a été levé en octobre. 

Les photographies qui prouveraient la présence d'armes iraniennes avant la levée des sanctions auraient été fournies par Israël en mai, en même temps que l'allégation de non-respect des sanctions imposées à l'Iran. La réponse de Téhéran n'a pas tardé à venir. Dans une lettre envoyée à António Guterres, l'Iran a catégoriquement rejeté les accusations d'Israël, les qualifiant d'injustifiées.  

Le fait que le rapport ne puisse pas démontrer comment les armes ont atteint la Libye signifie qu'on ne peut pas dire que les sanctions alors en vigueur contre l'Iran ont été violées. Il est important de rappeler que la Libye est également soumise à un embargo sur les armes depuis 2011, qui a été violé de manière flagrante ces dernières années, des pays comme la Turquie envoyant non seulement des équipements militaires mais aussi des combattants.

Ces rapports sont soumis deux fois par an, car le secrétaire général des Nations unies doit faire rapport deux fois par an au Conseil de sécurité sur l'élaboration de l'accord nucléaire de 2015 avec l'Iran. Un accord que, depuis Téhéran, ils ont indiqué à plusieurs reprises cette année qu'ils allaient violer, compte tenu des attentats subis, parmi lesquels on peut citer la mort de Qassem Soleimani et du père du programme nucléaire iranien, Mohsen Fajrizadeh. 

Selon Israël, les photos ont circulé sur les réseaux sociaux en novembre de l'année dernière et appartenaient à des groupes armés liés au Gouvernement d'accord national (GNA, par son acronyme en anglais). Ce n'est pas la première fois que des photos et des vidéos apparues sur les réseaux sociaux témoignent de ce type d'ingérence dans certains conflits. Cette exposition publique a confirmé la présence de mercenaires syriens envoyés par la Turquie, en plus de la présence de matériel d'origine turque dans le conflit libyen.  

En février de cette année, la marine américaine, en particulier l'USS Normandy, a intercepté dans le Golfe un navire transportant du matériel militaire. Parmi les armes, ils ont saisi précisément 150 missiles Dehlavieh, comme ceux vus en Libye. Dans ce cas, la destination de ce matériel serait, selon Washington, les rebelles hutus du Yémen, qui sont soutenus militairement par l'Iran. Ce missile antichar, qui aurait des caractéristiques similaires à celles du missile russe Kornet, a été testé pour la première fois par l'Iran lors de manœuvres militaires en 2015.