L'opération européenne contre l'embargo sur les armes en Libye stagne
Il y a quatre jours, un cessez-le-feu humanitaire est entré en vigueur en Libye à la demande des Nations unies pour empêcher la propagation du coronavirus dans le pays. Le cessez-le-feu, comme celui du 12 janvier, inclut l'embargo sur les armes, qui a été approuvé en 2011 lorsque la guerre civile a éclaté après la chute de Mouammar Al-Kadhafi.
Au cours de ces 96 heures, des violations de cette clause ont déjà été enregistrées. Ce lundi, au lendemain de la mise en œuvre de la cessation des hostilités, une nouvelle livraison d'armes turques aux milices fidèles à Fayez Sarraj, le Premier ministre qui dirige l'autre partie, le gouvernement d'unité nationale (GNA, par son acronyme en anglais), a été enregistrée.
Le même jour, Al-Ain a documenté, en citant le chef du service de surveillance de la LNA, Gate Asbaaq, l'arrivée d'un avion en provenance de Turquie à l'aéroport de Maitiga, avec à son bord quelque 70 mercenaires syriens financés par Ankara et des conseillers militaires de la nation eurasienne.
Entre-temps, l'Union européenne, qui s'est engagée à faire respecter ce qui a été convenu il y a neuf ans, est entrée dans une crise d'inaction alarmante. Bruxelles a succombé à la COVID-19 : toute sa politique étrangère est paralysée. Rappelons à ce propos que le 17 février, le Conseil des ministres de la Communauté a décidé de créer une mission navale pour « bloquer l'entrée des armes » en Libye, avec des composantes aériennes, navales et même terrestres, sous le nom d'opération Irene. L'opération Sophia, qui opérait alors dans les eaux de la Méditerranée pour lutter contre l'immigration clandestine, a été reléguée au second plan.
Un mois plus tard, rien ne s'est concrétisé et, comme nous l'avons vu, les puissances extérieures en profitent pour continuer à jouer leur jeu dans la nation nord-africaine. Le Haut représentant de l'UE pour la politique étrangère et la coopération, l'ancien ministre espagnol Josep Borrell, a reconnu lundi que « les détails de la nouvelle mission sont toujours en cours de discussion », y compris, par exemple, ce qu'il faut faire avec les migrants qui pourraient être détenus pendant leur travail, comme l'a révélé le Daily Sabah. « Il y a des problèmes où il n'y a pas d'accord entre les Etats membres ... principalement sur les procédures de débarquement au cas où les navires de cette nouvelle mission navale auraient à faire face à des migrants qui ont été sauvés de la mer », a admis le fonctionnaire européen après une réunion avec les ministres des affaires étrangères par vidéoconférence.
L'un des pays qui retardent le lancement de l'opération Irene est l'Italie. Le chef de la diplomatie, Luigi di Maio, a déclaré que le gouvernement de Rome concentrait désormais "toutes ses énergies" sur la lutte contre le coronavirus, qui a été particulièrement meurtrier dans sa nation, ce dont on peut déduire que les négociations sur le reste des questions qui les concernent seront reportées sine die. Le gouvernement italien a déjà refusé d'utiliser ses ports pour débarquer les migrants.
Même avec ce scénario, M. Borrell est convaincu que la nouvelle mission pourra être lancée d'ici la fin mars, comme prévu initialement.
À ce panorama complexe, qui l'est encore plus en raison de l'impact de la crise du coronavirus - la Libye a enregistré son premier cas ce mercredi - s'ajoutent les combats intenses entre les deux factions rivales, l'Armée de libération nationale libyenne (LNA, par son acronyme en anglais), commandée par le maréchal Khalifa Haftar, et le gouvernement d'unité nationale (GNA, par son acronyme en anglais), dirigé par le Premier ministre Fayez Sarraj.
La division Information de la LNA a annoncé mardi qu'elle avait abattu un drone turc qui se dirigeait vers une base aérienne stratégique à Jafra, au centre du pays. Selon la déclaration publiée, le drone était chargé de missiles et destiné à « bombarder des unités militaires ». Le drone a été abattu dans une zone désertique, à environ 100 kilomètres au sud du champ pétrolier de Zanzin, selon Al-Ain.
En réponse, la LNA a lancé une contre-offensive contre la base aérienne de Maitiga (Mitiga/Maitika) mercredi, selon son compte Twitter officiel.
L'armée Haftar a également rapporté mardi l'enlèvement de cinquantaine de civils dans la capitale, Tripoli, pour des raisons non précisées. Selon la LNA, les responsables sont des unités loyales à Sarraj, qui mènent régulièrement des « attaques inhumaines » contre des groupes de population qui manifestent leur soutien à la faction rivale.