L'opposition malienne rejette les propositions de la CEDEAO pour sortir de la crise
L'opposition malienne, regroupée au sein du mouvement M5-RFP, a rejeté catégoriquement les propositions faites par le sommet extraordinaire de la Communauté des Etats de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) qui s'est tenu précisément pour aider à sortir de la crise profonde dans laquelle le Mali est plongé.
Les propositions faites par la CEDEAO « ne correspondent en rien aux espoirs et aux aspirations du peuple malien, et de plus elles violent les lois et la Constitution du Mali que le mouvement respecte », selon un communiqué du M5-RFP publié dans les dernières heures.
Ces propositions comprenaient la formation d'un gouvernement d'union nationale, la démission de 31 parlementaires élus en avril dans des circonstances douteuses, le remaniement de la Cour constitutionnelle et la formation d'une commission d'enquête sur les derniers événements violents, mais ne remettaient pas en cause la figure du président Ibrahim Boubacar Keita.
Le mouvement d'opposition « exige plus que jamais la démission d'Ibrahim Boubacar Keita et de son régime », selon le communiqué, réitérant sa « détermination à poursuivre le combat pour sauver le Mali de sa disparition en tant qu'Etat, nation, démocratie et république laïque ».
Mais au-delà de cette déclaration, certaines fissures peuvent être observées au sein du mouvement d'opposition, comme le retrait de ses rangs du leader religieux charismatique Mahmoud Dicko, qui a déclaré qu'il se retirait de toute activité de protestation et qu'il souhaitait « ne pas être tenu responsable des troubles qui pourraient survenir » à l'avenir.
Du côté du gouvernement, il n'y a pas encore eu d'acceptation formelle des propositions de la CEDEAO, mais hier soir, le président a nommé de manière inattendue six ministres - cinq nouveaux et un réélu - de ce qui semble être le noyau d'un futur gouvernement d'union nationale.
Cette nomination, communiquée par décret et sans autres explications, signifie que dans ce futur cabinet, Ibrahim Boubacar Keita réservera les ministères les plus importants : Défense, Sécurité (Intérieur), Affaires étrangères, Justice, Finances et Administration territoriale, de sorte que l'opposition et la société civile n'auront que des portefeuilles de seconde zone.