L'opposition turque à Erdogan se solidarise avec Osman Kavala
Le chef de l'opposition turque, Kemal Kilicdaroglu, du Parti Républicain du Peuple (CHP), mène un mouvement de solidarité pour le militant Osman Kavala, emprisonné cette semaine pour avoir été le cerveau des manifestations du parc Gezi en 2013.
Kemal Kilicdaroglu a été rejoint par une grande partie de la société turque dans sa répudiation de la répression du gouvernement Erdogan. Kavala a été condamné à la prison à vie pour avoir organisé et financé un coup d'État. Avec lui, sept autres personnes condamnées à 18 ans d'emprisonnement purgeront leur peine dans des prisons turques. Des ambassades et des organisations internationales ont pris position contre la condamnation d'Osman et de ses collègues en raison de l'absence de garanties de procès.
L'opposition turque s'est engagée à annuler la condamnation de Kavala et de ses collègues et à "rétablir l'État de droit" si elle remporte les prochaines élections nationales prévues en 2023. "Nous lutterons contre ceux qui soumettent le pouvoir judiciaire aux ordres des politiciens et prennent notre peuple en otage dans les prisons", a ajouté Kilicdaroglu dans une déclaration rapportée par Al-Arab.
Bien qu'il n'y ait toujours pas de sondages fiables, le Parti républicain du peuple apparaît comme le principal adversaire d'Erdogan aux élections de 2023, et son leader pourrait devenir le prochain président de la Turquie. Les tendances politiques du CHP sont légèrement plus à gauche que celles du parti de la justice et du développement (AKP) actuellement au pouvoir. Surtout lorsqu'il s'agit de questions sociales telles que la laïcité ou le rapprochement avec l'Europe. Ils disposent de 135 sièges à la Grande Assemblée nationale.
L'initiative du CHP a été rejointe par le Lyi Parti (Bon Parti), l'un des partis les plus proches des tendances pro-européennes. L'ensemble des partis d'opposition dispose de 240 sièges répartis entre 11 partis différents, contre 286 sièges pour l'AKP, qui gouverne avec le soutien de groupes d'extrême droite.
L'opposition turque s'accorde sur le manque d'indépendance et l'instrumentalisation du pouvoir judiciaire par le gouvernement. Ils soulignent notamment le tournant autoritaire du gouvernement Erdogan depuis 2013, et l'accentuation de cette tendance depuis 2016, suite au coup d'État militaire contre Erdogan.
L'instrumentalisation du pouvoir judiciaire par Erdogan avait déjà été dénoncée par des journalistes turcs en exil dans le portail spécialisé Nordic Monitor. En janvier 2022, le journaliste turc Levent Kenez a publié des informations sur la manière dont la juge turc Saadet Yüksel s'oppose toujours à la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH).
Yüksel, qui siège sur le banc européen, est connu pour s'être toujours opposé à l'admission de plaintes à connotation politique et liées au président turc Erdogan, conclusions auxquelles le quotidien français Le Monde est également parvenu après une enquête journalistique sur le juge.