L'Union européenne met en scène son rapprochement avec la Turquie avec une réunion à Ankara 

L'Union européenne se rapproche de la Turquie en tenant une réunion à Ankara 

PHOTO/ Oficina de Prensa Presidencial/Handout via REUTERS - Le président turc Tayyip Erdogan rencontre le président du Conseil européen Charles Michel et la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen... à Ankara, en Turquie, le 6 avril.

Ce mardi, le président du Conseil européen, Charles Michel, et la présidente de la Commission européenne, Ursula Von der Leyen, ont rencontré à Ankara le président turc Recep Tayyip Erdogan. Ce sommet s'inscrit dans le cadre du processus de rapprochement avec la Turquie, un plan approuvé par Bruxelles qui a été promu en raison de la détérioration des relations entre Ankara et l'UE. Parmi les objectifs de ce rapprochement figurent le renouvellement de l'accord migratoire et la stabilité en Méditerranée après la crise gazière qui a touché la Grèce. En raison de ce conflit, Bruxelles a sanctionné la compagnie pétrolière d'État concernée, ce qui a aggravé les relations avec la Turquie. 

Lors de la réunion, les représentants européens, Von der Leyen et Michel ont souligné que toute démarche visant à améliorer les relations entre Ankara et Bruxelles dépend de l'engagement de la Turquie à respecter les droits de l'homme. Ils ont également précisé qu'un "environnement stable et sûr" pour Chypre et la Grèce était nécessaire dans le processus de rapprochement. "Ces derniers mois, nous avons assisté à une désescalade, ce qui est positif. Ainsi que le début des discussions exploratoires avec la Grèce. Nous espérons que cette désescalade se poursuivra et s'amplifiera", a déclaré Michael à la fin de la réunion. "Nous avons proposé un agenda positif, il appartient maintenant à la Turquie de saisir cette opportunité", a-t-il ajouté.

Les représentants de l'Union européenne ont proposé à Erdogan des améliorations dans le domaine économique avec une modernisation de l'Union douanière, un point demandé par l'UE lors de l'approbation du rapprochement. Ils ont également promis des améliorations dans les programmes d'échange d'étudiants et dans la mobilité des citoyens turcs, qui pourront se rendre dans l'Union européenne sans avoir besoin d'un visa.  

En ce qui concerne la crise des réfugiés à laquelle la Turquie est confrontée et qui touche également l'Union européenne, une aide a été proposée pour intégrer les Syriens déplacés. L'accord actuel sur les migrations prévoit 6 milliards d'euros pour l'entretien de milliers de réfugiés syriens en Turquie, en échange de la fermeture par le gouvernement turc de la route migratoire avec la Grèce. Mme Von der Leyen a également annoncé que la Commission européenne présentera une nouvelle proposition visant à soutenir financièrement la Turquie, le Liban et la Jordanie face à la crise des réfugiés. Cette mesure sera axée sur "la création des conditions permettant aux réfugiés de gagner leur vie par leurs propres moyens", a déclaré Mme Von der Leyen.

La présidente de la Commission européenne a profité de cette réunion pour manifester son rejet de la récente décision du gouvernement turc d'abandonner la Convention d'Istanbul contre la violence envers les femmes. "Nous demandons instamment à la Turquie de revenir sur sa décision car il s'agit du premier instrument international contraignant pour lutter contre la violence à l'égard des femmes", a déclaré Mme Von der Leyen. Elle a également souligné la nécessité de s'allier "dans la lutte mondiale contre la violence envers les femmes et les enfants".

L'homme politique belge a également occupé le devant de la scène lors de la réunion, après avoir été relégué au second plan. En arrivant dans la salle où se tenait la réunion, Mme Von der Leyen a été surprise de constater qu'il n'y avait que deux chaises au milieu, déjà occupées par Michel et Erdogan. Le président devait s'asseoir sur un canapé sur un côté de la pièce, loin des chaises principales. Ce geste a été largement critiqué par les politiciens européens. "D'abord ils se retirent de la Convention d'Istanbul et maintenant ils laissent le président de la Commission européenne en visite officielle sans siège. Honteux", a tweeté Iratxe García, leader des sociaux-démocrates au Parlement européen. Le Parti populaire européen a également commenté l'affaire sur son compte Twitter : "Quelqu'un devrait avoir honte de l'absence d'un siège approprié pour Von der Leyen". Le ministre turc des Affaires étrangères, Mevlut Cavusoglu, a pris la défense de la Turquie, affirmant que son pays avait fait l'objet de critiques "extrêmement injustes" de la part des "plus hauts niveaux de l'Union européenne".