Les candidats à la présidence répètent le scénario des dernières élections, ce qui n'est arrivé qu'en 1981

Macron affrontera à nouveau Le Pen au second tour de l'élection présidentielle française

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Le président de la République, Emmanuel Macron, se qualifie pour le second tour des élections avec 27,6 % des voix, suivi de Marine Le Pen avec 23 %. Les deux candidats à la présidence de la République se sont déjà affrontés au second tour lors des élections de 2017. Dans l'histoire de la Cinquième République, deux candidats ne se sont pas affrontés au second tour depuis 1981, date à laquelle Mitterrand et Giscard d'Estaing s'étaient affrontés, avec une victoire de Mitterrand. 

Le premier tour s'est caractérisé par une participation plus faible qu'en 2017, avec 4 points de moins : 77% contre 74%. La baisse de la participation a été plus accentuée, comme d'habitude, dans les territoires français d'outre-mer. Les départements où le taux de participation est le plus élevé ont principalement été les fiefs de la droite.

Derrière Macon et Le Pen, le leader de la France insoumise, Jean-Luc Mélenchon, est arrivé avec 22,2% des voix, très proche de Le Pen, qui a tenté pendant la campagne de gagner le soutien du leader de gauche pour le second tour, promettant un gouvernement de coalition avec lui. Il a battu des records dans le sud, notamment à Nïmes et Montpellier.

 En 2017, Mélenchon a obtenu 19% du total des voix, à seulement 600 000 voix derrière la candidate bretonne, Marine Le Pen. Selon l'analyste politique spécialiste de la France Insoumise, Manuel Cervera-Marzal, sur la chaîne Mediapart, "Pour Mélenchon, cette campagne a été pratiquement identique à la précédente. Cela me donne un sentiment de retour en arrière. Une équipe qui n'a pas changé, un logo et une identité identiques", a commenté l'analyste sur le plateau. Seuls ses résultats ont évolué, favorablement, lui donnant la position que les sondages lui prédisaient, comme première force de gauche et loin devant les droitiers qui le poursuivent. 

Ces droitiers sont la personnalité télévisuelle d'extrême droite et le polémiste viral Eric Zemmour, qui a progressivement vu ses sondages se dégonfler au détriment de Marine Le Pen au fil de la campagne. Avec 7,2%, cette personnalité médiatique, connue pour ses apparitions dans des émissions de débat et penchant très à droite, aurait aidé Marine Le Pen à se positionner plus au centre et à gagner plus de voix grâce à un message plus modéré, selon l'analyse faite par Uxía Carral, professeure à l'université Carlos III de Madrid et experte en communication politique européenne.   

Vient ensuite Valérie Pécresse, qui avec 4,8% poursuit la tendance à la baisse des Républicains, le parti héritier de l'Union du mouvement populaire (UMP), qui a gouverné le pays sous Chirac et Sarkozy. 

Le candidat des Verts, Yannick Jadot, qui a renoncé à faire campagne avec le parti socialiste d'Anne Hidalgo, a également atteint le seuil des 5 %. Le mouvement écologiste, très populaire en France auprès des jeunes de moins de 30 ans, n'a pas réussi à traduire ce succès en votes. L'une des explications possibles est le faible taux de participation des jeunes, ce qui apparaîtra clairement dans les prochains jours. 

Jean Lassalle, le leader de Résistons, est l'un des partis qui a gagné le plus de voix par rapport à 2017. Son cas est particulier en raison de la difficulté à lui donner une place dans le spectre politique. C'est un leader rural, très proche du monde de la France oubliée, qui séduit les électeurs plus âgés et ouvriers des provinces des pyrénnés. Selon Carral, Lassalle a retiré de nombreuses voix au Parti socialiste français moribond, dans la même zone rurale où il triomphe. 

Selon les prévisions du second tour proposées par Ipsos-Sopra Steria, le résultat le plus probable est une victoire de Macron avec 54% contre 46% pour Le Pen, une victoire de La République en Marche beaucoup plus serrée qu'en 2017. Les conditions de la victoire ont été approuvées ce soir, 10 avril, et le cordon sanitaire contre Le Pen devrait être de nouveau en place. 

Rien n'est joué. Les quinze jours qui viennent seront décisifs pour notre pays et pour l'Europe. #NousTous pic.twitter.com/hjqH2bFl2y

"Macron s'est présenté comme le moindre mal, face à Le Pen, lors de sa première élection. La stratégie est maintenant différente. La communication de Macron s'efforce de se présenter comme le principal garant de la sécurité de la France. Il est clair que la guerre a joué en sa faveur", commente Carral. Selon Carral, la présidence française de l'Union européenne, la sortie du Royaume-Uni, qui fait de la France la première puissance militaire européenne, et le rôle de premier plan sur la scène internationale paient pour Macron dans ces élections. 

"Toutefois, les conséquences de cette guerre se feront sentir dans les mois et les années à venir", ajoute Carral. "La hausse des prix et les difficultés que va entraîner le conflit en Ukraine vont jouer en faveur de Le Pen, et l'opposition sera rude. 

Au cours des deux prochaines semaines, les deux candidats du second tour auront des journées de campagne bien remplies. Macron, plongé dans sa gestion de la crise ukrainienne, a à peine fait campagne pour le premier tour, un domaine dans lequel Le Pen a gagné du terrain sur lui. "Macron a à peine mis le pied dans la rue. Il est revenu à l'image élitiste, technocratique, éloignée du peuple. Il va travailler dur au cours des deux prochaines semaines pour renverser cette image", ajoute l'analyste en communication politique européenne. "S'il ne parlait jamais de Le Pen avant, maintenant il a commencé à la critiquer en public. 

Les candidats qui ne sont pas passés étaient en train de débattre de l'opportunité d'apporter leur soutien à Le Pen et Macron au moment de mettre sous presse. Certains, comme Zemmour, ont indiqué qu'ils soutiendraient Le Pen, Pécresse est encore en train de débattre de certaines dissidences dans son parti, Mélenchon a indiqué tard dans la nuit qu'il a finalement soumis la question à des consultations parmi la base du parti. L'écologiste Jadot a appelé à soutenir Macron, tout comme Jean Lassalle.