Macron atterrit en Algérie pour reconstruire les relations franco-algériennes
Le président français Emmanuel Macron a atterri en Algérie avec un objectif en tête : reconstruire les liens avec la nation nord-africaine, toujours déchirée par la turbulente domination coloniale qui s'est terminée il y a six décennies par une guerre d'indépendance (1954-1962). Macron n'a pas été en mesure de panser les plaies. Cette fois, le locataire de l'Élysée a une nouvelle occasion d'aplanir les divergences avec les dirigeants algériens dans un contexte marqué par la pénurie d'approvisionnement énergétique et la perte d'influence sur le continent après le retrait définitif des troupes françaises au Mali.
Le dirigeant français est arrivé à Alger en début d'après-midi, après 15h00 heure locale (14h00 GMT). Il a été accueilli par son homologue, Abdelmadjid Tebboune, sur le tarmac de l'aéroport Houari Boumédiène de la capitale, par un accueil solennel. C'était une occasion appropriée. Il s'agit de la première visite du chef d'État français depuis sa réélection en avril, la deuxième au cours de ses cinq premières années de mandat. En outre, cette visite coïncide avec le 60e anniversaire de l'indépendance de l'ancienne colonie française.
Macron a ainsi donné le coup d'envoi d'une visite atypique de trois jours visant à se tourner "vers l'avenir", alors que la première étape de la tournée devait être tournée vers le passé. Comme le prévoyait l'ordre du jour, les dirigeants se sont dirigés vers le monument des martyrs, qui commémore ceux qui sont tombés pendant la guerre d'indépendance. Plus de symboles. À cette occasion, les dirigeants tiendront une réunion en tête-à-tête en tête-à-tête, suivie d'un dîner au palais d'El Mouradia, la résidence présidentielle algérienne.
Mais le président français n'a pas voyagé seul, il est escorté par un entourage de 90 personnes, dont sept ministres, plusieurs chefs d'entreprise et diverses personnalités de la diaspora algérienne. Dans cette dernière catégorie figure la boxeuse Sarah Ourahmoune, médaillée olympique à Rio de Janeiro. Le noyau dur du cabinet fait également partie de ceux qui l'accompagnent : Bruno Le Maire, le ministre de l'Économie, Gérald Darmanin, le ministre de l'Intérieur. Et Catherine Colona, la chef de la diplomatie française.
Lors de son premier voyage dans le pays du Maghreb, un Macron nouvellement élu a rencontré l'endurci Abdelaziz Bouteflika. À cette époque, l'Algérie n'avait pas encore connu la révolution du Hirak, l'explosion populaire qui a mis le régime dans les cordes, et les projections pour l'avenir étaient prometteuses. Macron est le premier président né après l'indépendance de l'Algérie. Sur le papier, les questions historiques étaient réglées. Et ils l'étaient effectivement lorsque Macron a qualifié l'occupation coloniale de "crime contre l'humanité". Mais la situation est devenue de plus en plus tendue.
Des accusations croisées sur des questions liées à la mémoire historique, la controverse sur les visas et les rapatriements, et la lutte contre l'immigration irrégulière ont tendu les relations bilatérales. En octobre, les propos de Macron, qui a rendu l'élite politique algérienne responsable de sa propre crise, en minimisant l'héritage colonial, ont provoqué la rupture définitive. Alger retire son ambassadeur à Paris et coupe toute voie de dialogue. Ces derniers mois, cependant, les signes de détente ont été constants.
Les enjeux sont élevés. D'une part, réduire la dépendance du gaz vis-à-vis de la Russie et atténuer la crise d'approvisionnement énergétique qui menace l'Europe pour l'hiver prochain. L'Algérie pourrait être décisive. Le pays du Maghreb, premier exportateur de gaz en Afrique, s'efforce de combler une partie du déficit d'approvisionnement européen.
Il sera également crucial pour Macron de résoudre la perte d'influence de la France sur le continent africain. Le retrait définitif des troupes de Barkhane, qui ont quitté le Mali la semaine dernière, et l'arrivée subséquente d'autres acteurs tels que la Russie et la Chine menacent les intérêts de Paris. Améliorer ses relations avec l'Algérie reviendrait à renforcer son rôle languissant en Afrique du Nord.
Mais l'Elysée s'est efforcé de minimiser le contenu stratégique de cette visite. Macron a choisi d'orienter cette visite vers l'avenir, [en mettant l'accent sur] les start-ups, l'innovation, la jeunesse, les nouveaux secteurs", a indiqué la présidence française dans une note. Rien à voir avec les questions politiques ou énergétiques, ce qui est difficile à croire.