C'est Gabriel Attal

Macron nomme le plus jeune premier ministre de France pour relancer son mandat

Le ministre français de l'Éducation et de la Jeunesse, Gabriel Attal, quitte le palais présidentiel de l'Élysée après la réunion hebdomadaire du cabinet, le 20 décembre 2023 - PHOTO/Ludovic MARIN/AFP

Le président français Emmanuel Macron a nommé mardi le jeune et populaire ministre de l'Education Gabriel Attal au poste de Premier ministre, dans le but de relancer son mandat au cours d'une année cruciale marquée par les élections européennes et les Jeux olympiques.

  1. "Bon élève"
  2. Une élection "offensive”

M. Attal, qui est devenu à 34 ans le plus jeune Premier ministre de France et le premier Premier ministre ouvertement gay, devra relever le défi d'enrayer la montée de l'extrême droite en France et de l'empêcher d'accéder au pouvoir en 2027.

Pour cela, le futur locataire de Matignon devra pousser au réarmement "industriel, économique, européen" mais aussi "civique", que le président centriste de 46 ans a promis le 31 décembre pour donner un coup d'accélérateur à son second mandat.

"Je sais pouvoir compter sur votre énergie et votre engagement pour mettre en œuvre le projet de réarmement et de régénération que j'ai annoncé", a écrit M. Macron sur le réseau social X dans un message à son nouveau chef de gouvernement.

La personnalité la plus populaire du gouvernement succède à Élisabeth Borne, 62 ans, qui avait démissionné la veille après que M. Macron eut indiqué qu'elle souhaitait nommer un nouveau premier ministre, comme il l'avait écrit dans sa lettre de démission.

Ses 20 mois à la tête d'un gouvernement sans majorité absolue au parlement ont été marqués par des tensions politiques, comme lors de la réforme des retraites imposée par décret, et par un épisode de troubles urbains à la mi-2023.

Cependant, l'approbation en décembre d'une réforme de l'immigration, que le gouvernement a durcie pour obtenir le soutien de la droite, a divisé et paralysé le parti au pouvoir, d'autant plus que l'extrême droite a célébré la "victoire idéologique" de la loi.

Emmanuel Macron - REUTERS/ CHRISTOPHE SIMON

"Bon élève"

Avec une image de "bon élève", Gabriel Attal, dont la carrière politique a commencé au Parti socialiste avant de rejoindre les rangs de Macron en 2016, incarne lui aussi la droitisation de la politique du président centriste.

Durant ses six mois à la tête du ministère clé de l'éducation, il a défendu une école des "droits et des devoirs", a interdit l'abaya - un vêtement porté par les femmes musulmanes - et s'est dit ouvert à l'expérimentation d'uniformes.

Fils d'un producteur de cinéma et ancien élève de l'École alsacienne de Paris, il a également annoncé le retour des redoublants ou l'introduction de groupes de niveau pour les cours de français et de mathématiques dans les écoles secondaires.

Son ascension politique fulgurante -- de secrétaire d'État en 2018 à Premier ministre, en passant par porte-parole du gouvernement, responsable des comptes publics et de l'éducation -- rappelle celle de Macron, devenu président en 2017 à l'âge de 39 ans.

"Sa jeunesse, sa popularité dans l'opinion publique et sa capacité réelle ou supposée à mener la campagne du gouvernement pour les élections européennes" ont été les facteurs déterminants de sa nomination, a indiqué une source proche du gouvernement.

Une élection "offensive”

Avec 19 % des voix, selon un sondage OpinionWay réalisé à la mi-décembre, l'alliance au pouvoir a la lourde tâche de rattraper le parti d'extrême droite de Marine Le Pen (27 %) lors des élections européennes de juin.

La nomination de M. Attal est un choix "offensif" avant ces élections, mais pourrait "ne pas aider" à maintenir l'unité fragile du parti au pouvoir, selon l'expert Benjamin Morel.

L'alliance centriste de M. Macron a perdu sa majorité absolue lors des élections législatives de 2022 et a dû depuis compter sur le soutien de l'opposition de droite pour faire passer ses réformes clés, ce qui a mis à rude épreuve l'aile gauche du parti au pouvoir.

"Cela ne résoudra pas le problème de la majorité, ni le problème principal de ce qui est le cours principal" du second mandat de l'actuel chef de l'État, qui se termine en 2027, a averti le politologue Bruno Cautrès.

La nomination de M. Attal renforce son désir éventuel de se présenter à la succession de M. Macron en 2027, comme le souhaitent également d'autres personnalités du pouvoir telles que les ministres Bruno Le Maire et Gérald Darmanin, ainsi que l'ancien premier ministre Edouard Philippe, selon les observateurs.

Les alliés centristes et de centre-droit de Macron ont déjà exprimé leurs doutes quant au choix du jeune politicien. L'équilibre final et l'orientation future du gouvernement seront connus dans les prochains jours, lorsque sa composition sera connue.