Les manifestants de Gaza défient le pouvoir du Hamas

Des Palestiniens manifestent pour demander la fin de la guerre, en scandant des slogans contre le Hamas, à Beit Lahiya, le 26 mars 2025 - PHOTO/REUTERS
La distribution de l'aide humanitaire est devenue le point central de cette lutte
  1. « Dehors, dehors Hamas, dehors »
  2. La faim et l'aide humanitaire
  3. Israël et la rupture du cessez-le-feu

La tension monte dans les rues de la bande de Gaza en raison du mécontentement croissant de la population, qui menace de se transformer en un conflit interne auquel le Hamas, qui gouverne l'enclave depuis 2007, ne s'attendait pas. 

La lassitude est totale. Au cours de la semaine dernière, les manifestations ont gagné du terrain, ce que les analystes considèrent comme « le reflet de la frustration généralisée contre le mouvement islamiste », non seulement en raison de la gestion du conflit, mais aussi de la mainmise sur l'aide étrangère, que les habitants de Gaza estiment mal distribuée. 

Les clans et tribus historiquement influents dans la bande de Gaza sont à la tête des manifestations. Ils ont publiquement déclaré leur opposition à l'organisation terroriste Hamas, qu'ils considèrent comme responsable de tous les maux récents des Gazaouis

Des Palestiniens manifestent pour demander la fin de la guerre, en scandant des slogans contre le Hamas, à Beit Lahiya, dans le nord de la bande de Gaza, le 26 mars 2025 - PHOTO/REUTERS

« Dehors, dehors Hamas, dehors »

Bien que ces groupes n'aient pas été à l'origine des manifestations. Le malaise a commencé quelques jours plus tôt avec des marches spontanées à Beit Lahia, Shujaiya, Jabalia et Deir al-Balah où les habitants et d'autres Gazaouis d'autres régions du territoire ont scandé « Dehors, dehors le Hamas, dehors » et « Le peuple veut renverser le Hamas ». 

Ces manifestations marquent un tournant à Gaza, car il ne s'agit pas de mouvements isolés, mais de protestations généralisées, qui surgissent après les décombres et les plus de 50 000 personnes tuées, jusqu'à présent, depuis le début du conflit, selon le ministère de la Santé de Gaza. Face à cela, le Hamas a répondu, conscient que l'influence des clans dans la société gazaouie est très puissante, qu'il s'agit de mouvements pro-israéliens qui cherchent à déstabiliser le territoire. 

Des Palestiniens scandent des slogans contre le Hamas, à Beit Lahiya, dans le nord de la bande de Gaza, le 26 mars 2025 - PHOTO/REUTERS

Cependant, cette stratégie est très peu convaincante car Israël n'a pas besoin de ces prétextes pour combattre le Hamas, avec lequel il se bat depuis les attentats du 7 octobre 2023. 

La frustration est totale. Les experts et analystes israéliens soulignent que ces accusations du Hamas contre les manifestants sont un symbole de faiblesse au sein de l'enclave palestinienne et une simple tentative de maintenir le pouvoir et le contrôle de Gaza. 

En outre, les témoignages de manifestants, tels que le chirurgien Mahmoud Haj Ahmed et l'avocat Mohammed Atallah, reflètent les aspirations de la population de Gaza à mettre fin au conflit et à permettre à de nouvelles voix de se faire entendre afin que Gaza puisse être reconstruite dans tous les domaines et qu'un État dont les valeurs s'opposent au chaos et à la répression puisse être construit. 

Des Palestiniens manifestent pour demander la fin de la guerre, en scandant des slogans contre le Hamas, à Beit Lahiya, dans le nord de la bande de Gaza, le 26 mars 2025 - PHOTO/REUTERS

La faim et l'aide humanitaire

L'épuisement a atteint son paroxysme. La mauvaise distribution de la nourriture et de l'aide humanitaire provenant d'organisations externes et d'autres pays a atteint un point critique dans la lassitude de la population de Gaza. 

Depuis que l'entrée de cette aide a été autorisée, le Hamas a cherché à centraliser et à renforcer son pouvoir de cohésion avec une répartition qui, semble-t-il, n'était pas équitable. 

Dans ce contexte, et alors que les dirigeants du Hamas sont constamment assassinés les uns après les autres, les chefs des clans et des tribus ont réparti l'aide entre les Gazaouis parallèlement et indépendamment du Hamas. La première conséquence est que de nombreuses organisations internationales refusent de travailler avec le Hamas pour l'envoi d'aide humanitaire, ce qui affaiblit encore plus la situation de l'organisation à Gaza. 

Les dirigeants du Hamas, comme Bassem Naim, insistent sur le fait que ces actes sont le fait d'agents extérieurs qui cherchent à affaiblir l'organisation à un moment où le conflit semble toucher à sa fin. 

Cependant, ce discours n'est pas accepté par la population de Gaza qui ne voit que le Hamas incapable de parvenir à des accords alors que de plus en plus de personnes souffrent de la faim et meurent par manque de médicaments, de centres médicaux et d'électricité. 

Des Palestiniens manifestent pour demander la fin de la guerre, en scandant des slogans contre le Hamas, à Beit Lahiya, dans le nord de la bande de Gaza, le 26 mars 2025 - PHOTO/ REUTERS

Israël et la rupture du cessez-le-feu

En bon stratège, Israël a profité du moment de faiblesse du Hamas pour intensifier son incursion militaire à Gaza, sous prétexte de la disparition de la police du Hamas après la fin du cessez-le-feu annoncée par le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, en mars 2025.

De leur côté, des factions rivales du Hamas, comme le Fatah, ont répondu à l'appel de la population de Gaza, se joignant à eux et cherchant à tirer profit de cette crise pour renforcer leur pouvoir dans la bande de Gaza. Cependant, selon des experts tels que Mohamed Abu Saqr, Israël cherche à faire pression sur le Hamas jusqu'à l'étouffer afin qu'il fasse le plus de concessions possibles, notamment en ce qui concerne la libération des 59 otages (dont Israël pense que 21 sont encore en vie), le désarmement du Hamas et l'exil de tous ses dirigeants. 

Bien que le Hamas ne se rendra pas tant qu'Israël n'aura pas rempli les conditions d'un cessez-le-feu permanent et du retrait des troupes israéliennes du territoire palestinien.