Manifestation à Khartoum sur la précarité de la situation économique
Une multitude de Soudanais sont descendus dans les rues de la capitale du pays, Khartoum, pour protester contre les difficultés économiques que traverse ce pays de 40 millions d'habitants, étouffé par le coût élevé de la vie.
"On ne trouve pas de pain à l'école pour le petit déjeuner", s'est plaint Hani Mohamed, un lycéen qui participait à la manifestation en portant son uniforme scolaire, auprès d'un correspondant de l'AFP.
Depuis le coup d'État qui a renversé le dictateur Omar al-Bashir en avril 2019 après des mois de manifestations, l'économie soudanaise a plongé dans une crise grave, héritée de l'ancien régime et menaçant la paix sociale et le fragile processus de transition démocratique, piloté par une junte civilo-militaire.
Plusieurs routes principales dans l'est de la capitale et à Ummdurman, une ville à l'est du Nil, ont été bloquées par des manifestants qui ont utilisé des pierres, des troncs d'arbres, des restes de vieilles voitures et des pneus brûlés, a rapporté l'AFP. La police, pendant ce temps, a utilisé des gaz lacrymogènes pour disperser les manifestants, a déclaré le correspondant de l'agence de presse.
La situation économique est dramatique, la dette a atteint 49,3 milliards d'euros et l'inflation a atteint 269 % en décembre dernier. La pandémie de COVID-19 n'a fait qu'empirer les choses.
Les pénuries sont la norme, quel que soit le type de produit, et le rationnement est la routine quotidienne des Soudanais, qui doivent faire la queue pendant des heures devant les stations-service, les boulangeries et les pharmacies pour couvrir leurs besoins de base. Les coupures de courant sont également fréquentes.
Le gouvernement de transition a approuvé la semaine dernière le premier budget du pays depuis son retrait de la liste noire américaine des pays soutenant le terrorisme dont il faisait partie depuis 1993, et ils espèrent qu'il apportera une amélioration de la situation économique. L'ancien secrétaire d'État américain Mike Pompeo a signé l'annulation le 14 décembre. La liste noire empêchait les pays étrangers et les institutions internationales de faire du commerce et d'investir au Soudan sous peine de sanctions.
Le régime de Bashir a été accusé de soutenir des personnalités telles que le fondateur d'Al-Qaïda, Oussama ben Laden, qui a résidé au Soudan pendant cinq ans. La justice américaine considère depuis des années le Soudan comme complice des attaques de l'organisation terroriste contre les ambassades américaines au Kenya et en Tanzanie (1998), et de l'attentat à la bombe du destroyer USS Cole dans les eaux du golfe d'Aden en 2000.
Lorsque l'administration Trump a promis aux nouvelles autorités de Khartoum qu'elles retireraient le pays de la liste noire, elles se sont engagées à verser 335 millions de dollars d'indemnisation aux familles des victimes du terrorisme.
Cette annonce a été suivie par la normalisation des relations entre le Soudan et Israël, une chose pour laquelle les États-Unis faisaient pression sur Khartoum depuis des mois, et qui était liée à la sortie de la liste noire.
Quant à l'accès aux financements et aux investissements internationaux, Khartoum a signé début janvier un protocole d'accord avec Washington pour le remboursement de la dette auprès de la Banque mondiale, actuellement présidée par l'Américain David Malpass.