Maroc-Chine : vers une nouvelle ère de relations fructueuses
- La Chine et le Sahara occidental : de la neutralité au soutien programmé au Maroc
- Le Maroc, porte d'entrée de la Chine vers l'UE et les États-Unis
- Une nouvelle ère d'investissement pour une coopération Sud-Sud réussie
- Relier Casablanca à Shanghai : une dynamique prometteuse
- Partenariat innovant 2025-2027 pour lutter contre la pénurie d'eau
Depuis l'établissement de leurs relations diplomatiques en 1958, le Maroc et la Chine ont développé des relations bilatérales fortes basées sur le respect mutuel, la solidarité et la confiance afin de consolider leurs partenariats commerciaux, économiques et culturels.
L'accumulation des succès diplomatiques a été couronnée en mai 2016 par la visite du roi Mohammed VI en Chine, dont le fruit a été la signature par les deux pays de la déclaration de partenariat stratégique visant à renforcer les relations entre le Royaume d'Alaoui et la République populaire de Chine dans les différents domaines d'intérêts communs.
Aujourd'hui, la Chine est considérée comme le troisième partenaire commercial du Maroc dans le monde et le premier en Asie, ce qui justifie l'intérêt croissant des entreprises chinoises pour le marché marocain, notamment dans les secteurs de l'automobile, des énergies renouvelables, du textile et de l'agroalimentaire.
La Chine et le Sahara occidental : de la neutralité au soutien programmé au Maroc
Au niveau politique, la relation entre le Maroc et la Chine est qualifiée de pragmatique et ambitieuse, selon les analystes politiques des deux côtés, soulignant la complémentarité qui unit les deux pays sur la question du développement, dans un cadre multilatéral basé sur le respect de l'intégrité territoriale et loin de toute ingérence dans la politique intérieure.
Dans le cas du conflit du Sahara occidental, la Chine, qui est membre permanent du Conseil de sécurité de l'ONU, n'est jamais sortie de la zone de neutralité. Certes, la Chine n'a pas reconnu officiellement le plan d'autonomie sous souveraineté marocaine, mais Pékin n'a pas manqué d'exprimer sa sympathie à Rabat sur la question territoriale. Pour preuve, lors du sommet du Forum sur la coopération sino-africaine, le Front Polisario et la soi-disant République arabe sahraouie démocratique n'ont pas été invités.
Compte tenu de la décision historique des États-Unis en faveur du plan d'autonomie du Maroc, la Chine devrait suivre les traces de Washington au cours des deux prochaines années. La position envisagée par la Chine sera concrétisée sur le terrain par l'ouverture d'un consulat dans la ville de Laayoune, ce qui constituera un soutien diplomatique important à l'intégrité territoriale du Royaume du Maroc.
Cette démarche s'inscrira dans la tendance internationale à reconnaître l'efficacité de l'initiative marocaine pour une solution définitive au conflit du Sahara occidental, créant ainsi de nouveaux horizons de coopération et un avenir prometteur pour la région sous la direction du souverain alaouite.
Le Maroc, porte d'entrée de la Chine vers l'UE et les États-Unis
Le Maroc est le pays d'Afrique du nord qui jouit d'une position géographique lui permettant d'être un acteur clé dans les relations intercontinentales. C'est pourquoi les échanges commerciaux entre Rabat et Pékin se sont intensifiés ces dernières années, la Chine voyant dans le Maroc une opportunité de contourner les mesures visant à exclure ses produits des marchés américain et européen. Ainsi, la triangulation Maroc-UE-USA est stratégique à la fois pour le Maroc et pour la Chine.
En ce sens, bien que la politique étrangère du Maroc s'appuie sur ses partenaires traditionnels, à savoir la France, l'Espagne et les États-Unis, ainsi que sur le récent partenariat avec Israël, elle ne perd pas de vue l'importance de diversifier ses alliances, en construisant des relations bilatérales fructueuses non seulement avec la Chine, mais aussi avec la Russie.
Parmi les raisons qui poussent les entreprises chinoises à se concentrer sur le Maroc, les accords de libre-échange avec les États-Unis et l'Union européenne se distinguent. L'objectif premier de ces entreprises est d'accéder aux marchés américain et européen et de profiter de la Loi sur la réduction de l'inflation, un plan de réforme écologique approuvé par le Sénat américain en 2022, qui prévoit des crédits d'impôt pour les batteries fabriquées avec des composants provenant de pays avec lesquels les États-Unis ont conclu un accord de libre-échange, comme le Maroc.
En moins de quinze ans, le Maroc est devenu le premier producteur automobile d'Afrique, créant un écosystème automobile très favorable et des infrastructures de qualité comme le port de Tanger Med, à moins d'une heure de l'Espagne et à cinq jours des côtes américaines.
Cette connectivité se renforce avec la côte atlantique grâce au port de Dakhla, d'une part. D'autre part, elle met en évidence le rôle des îles Canaries comme « pont de coopération » entre la Chine, le Maroc et l'Europe. Une vision qui s'est consolidée avec la visite du président Xi Jinping à Rabat le 21 novembre dernier.
Une nouvelle ère d'investissement pour une coopération Sud-Sud réussie
La Chine est devenue l'un des pays les plus actifs en matière d'investissements étrangers sur le continent africain et grâce à sa position de porte d'entrée en Afrique et son accès au marché européen, le Maroc est devenu un partenaire clé de l'Initiative de la Ceinture et la Route (ICR) en devenant le premier pays d'Afrique du nord à signer un plan pour sa mise en œuvre en 2022.
Les échanges commerciaux entre le pays du Maghreb et la république asiatique ont atteint 8 milliards de dollars d'ici 2023. Cela fait du géant asiatique, selon le China Daily, le premier partenaire commercial du Maroc en Asie et son troisième partenaire mondial, avec des investissements dans les infrastructures, l'énergie, la santé, l'éducation et le tourisme.
Parallèlement, en août 2023, le magazine britannique The Economist a classé le Royaume du Maroc parmi les cinq premiers pays ciblés par les investissements chinois greenfield à travers des investissements directs et de nouvelles installations. En effet, la CNGR, en partenariat avec le fonds Al Mada, et le géant Gotion pourrait injecter près de 4 milliards de dollars au Maroc.
La coopération croissante entre les deux pays porte des fruits tangibles sous la forme d'une vague d'investissements chinois :
- Tanger Tech Mohammed VI City comme exemple emblématique de la coopération sino-marocaine. La ville intelligente qui accueillera entre autres des entreprises chinoises pour des projets à haute valeur technologique, dans les secteurs de l'automobile, de l'électronique et de la robotique.
- La participation chinoise à la construction du complexe solaire Noor à Ouarzazate.
- Le contrat de travaux de génie civil entre l'Office national des chemins de fer marocain et le groupe chinois Overseas Engineering pour l'extension de la ligne de train à grande vitesse entre Kénitra, Marrakech et Agadir.
- La société chinoise Zhenhua Heavy Industry participera au développement du port de Safi.
- La société d'ingénierie China Electronics Corporation a annoncé la construction en 2025 de la première usine de sulfate de cobalt au Maroc, avec une capacité de production annuelle estimée à 5800 tonnes. Il s'agit d'un des projets phares de Managem dont la production sera livrée à Renault, au groupe allemand BMW et à la société de négoce anglo-saxonne Glencore.
- L'inauguration, en 2025 à Tiznit, d'une usine de cuivre indispensable aux moteurs électriques et aux stations de recharge.
- L'inauguration de Citic Dicastal à Kenitra, une entreprise spécialisée dans la fabrication de roues en aluminium, comme l'un des plus importants projets d'investissement chinois au Maroc.
- L'ouverture d'autres groupes chinois tels que BTR Schenzhen ou Gotion High-Tech à Rabat.
Dans le cadre de sa politique étrangère, le Maroc s'est engagé à renforcer la coopération Sud-Sud avec les pays africains, arabes, latino-américains et asiatiques, compte tenu de sa position stratégique en tant que porte d'entrée de l'Afrique de l'ouest et de l'Afrique centrale.
Dans ce contexte, Rabat et Pékin partagent une aspiration commune à « un monde plus juste et plus solidaire ; prônant la paix et la sécurité comme l'une des priorités pour le développement du continent africain ».
Relier Casablanca à Shanghai : une dynamique prometteuse
Depuis que le Maroc a supprimé, en 2016, l'obligation de visa pour les citoyens chinois visitant le Royaume, le nombre de touristes chinois est passé de 118 000 en 2017 à 200 000 en 2019.
En janvier 2025, une autre mesure a été mise en place pour encourager les Chinois à visiter le pays d'Afrique dunord. China Eastern Airlines et le transporteur marocain Royal Air Maroc ont lancé deux nouvelles lignes aériennes reliant les villes de Shanghai et de Beijing depuis Casablanca avec une fréquence de trois jours par semaine.
La nouvelle ligne Casablanca-Shanghai représente désormais un élan prometteur qui consolide l'attractivité du Maroc et accroît la curiosité des Chinois, dont le nombre ne cesse de croître.
Sachant que 80 % des voyageurs empruntant le vol Shanghai-Marseille-Casablanca atterrissent au Maroc et sont des touristes chinois désireux de visiter le pays, la suppression de l'escale à Marseille et la réduction du temps de vol seront la prochaine étape pour atteindre plus de 100 000 touristes chinois en 2025 par le seul vol direct, sans compter les 200 000 visiteurs arrivant dans le Royaume par les vols indirects.
Partenariat innovant 2025-2027 pour lutter contre la pénurie d'eau
Pour faire face à la crise de la pénurie d'eau et promouvoir le développement durable, les deux pays se sont engagés à trouver des solutions innovantes pour une gestion efficace des ressources en eau en améliorant les infrastructures et les pratiques de conservation de l'eau au Maroc.
La Chine, connue pour ses systèmes avancés de gestion de l'eau, apportera son expertise et son soutien au Maroc. La collaboration facilitera également l'échange de bonnes pratiques et le développement de politiques de l'eau durables.... vise à améliorer sa sécurité hydrique, à accroître la productivité agricole et à promouvoir un développement urbain durable.
Le partenariat se concentrera sur plusieurs domaines clés :
- Le développement d'installations de traitement de l'eau de pointe, garantissant l'approvisionnement des communautés en eau propre et sûre.
- Minimiser les pertes et maximiser l'efficacité de la distribution de l'eau.
- Adopter des technologies et des pratiques permettant d'économiser l'eau, en particulier dans le secteur agricole, qui est un gros consommateur d'eau.
- Améliorer l'accès à l'eau et la sécurité pour des millions de personnes
Grâce à une combinaison d'avancées technologiques et de partage des connaissances, le Maroc et la Chine sont en mesure d'avoir un impact significatif sur la sécurité et la durabilité de l'eau.