L'arrivée de Brahim Ghali en Espagne a été l'élément déclencheur du refroidissement diplomatique entre les deux pays

Marruecos y España: de la vecindad a la tensión

AFP/FADEL SENNA - Parlement du Royaume du Maroc

Depuis l'arrivée de Brahim Ghali en Espagne, les relations entre les deux États ont connu une escalade notoire de la tension. Sous prétexte de demander une assistance hospitalière, le leader du Front Polisario, Brahim Ghali, serait entré en Espagne pour se rendre dans un hôpital situé dans la municipalité de Logroño. Ghali, accusé d'avoir commis des crimes présumés de génocide, de torture et de violations systématiques des droits de l'homme, aurait réussi à franchir les frontières avec de faux documents, selon divers médias.

Le gouvernement marocain a critiqué à plusieurs reprises l'attitude de l'Espagne qui n'a pas prévenu les autorités de son arrivée. De la même manière, depuis le Maroc, on reproche à la position de la justice espagnole de considérer insuffisants les processus juridiques qui sont menés à bien.

D'autre part, toutes les formations politiques marocaines au Parlement ont signé un communiqué se positionnant contre la disposition espagnole en référence à l'accueil du Ghali. En ce sens, ils ont qualifié l'attitude de l'Espagne d'"inacceptable et provocatrice". Cependant, le gouvernement central espagnol continue de répéter que l'admission du Ghali en Espagne est due exclusivement à des "raisons humanitaires". 

Cependant, ces réponses ne semblent pas convaincre le gouvernement alaouite. Dans ce sens, le président du parti du Regroupement National des Indépendants (RNI), Aziz Akhnouch, a publié une série de déclarations pour El Mundo dans lesquelles il s'est montré critique et préoccupé par les relations diplomatiques entre l'Espagne et le Maroc. Selon M. Akhnouch, "il s'agit d'une crise importante qui mérite d'être rappelée et mentionnée". Pour le dirigeant, "il s'agit d'une question délicate dans les relations entre le Maroc et l'Espagne qui nécessite un traitement sérieux, clair et ferme". 

De même, M. Akhnouch met en doute la raison "humanitaire" de l'accueil car pour lui "la justification qui a été donnée n'est pas à la hauteur des explications et semble simplement une tentative de couvrir une erreur très grave, qui porte préjudice aux relations bilatérales entre les deux pays". 

Dans cette ligne, le secrétaire général du parti de l'Istiqlal, Nizar Baraka, a déclaré que "notre relation bilatérale est marquée par l'excellence, ce qui doit nous rappeler chaque jour que nous avons des devoirs, des engagements et des droits légitimes les uns envers les autres". Dans ce contexte, M. Baraka a réaffirmé que "nous ne pouvons nous permettre d'hypothéquer l'avenir de nos deux pays, liés par des siècles d'histoire et des ambitions communes". 

D'autre part, Baraka a exprimé au leader du Parti Populaire, Pablo Casado ses sincères félicitations pour l'approche, l'intérêt et les engagements de la formation populaire en faveur de la reconstruction d'une relation bilatérale maroco-espagnole "fructueuse, constructive et solide dans ses fondements". M. Baraka a exprimé sa "grande satisfaction" puisque la formation bleue aurait "été en première ligne pour porter plainte auprès du gouvernement de son pays, après la réception sur le sol espagnol du chef des séparatistes du Polisario". 

La question est maintenant de savoir comment va se dérouler la diplomatie entre les deux gouvernements. Selon le dirigeant du RNI, "il n'y a aucun doute que l'avenir des relations entre les deux pays est lié à la rectification de la situation", dans cette ligne il a souligné que "le Maroc est un partenaire fort de l'Espagne dans les échanges économiques, la coopération en matière de sécurité et l'immigration entre autres".

En fonction de l'attitude que l'Espagne adoptera à partir de ce moment et en référence à cette question, la corde diplomatique pourrait soit entamer un processus de désescalade de la tension visant à revenir à la relation de bon voisinage qui s'est construite pendant des décennies, soit se tendre fortement jusqu'à la rupture. Comme l'a déclaré M. Akhnouch à El Mundo, "la confiance est la base du partenariat et de la coopération, et lorsque la confiance est perdue, il peut même y avoir une inversion des gains qui ont été établis au fil des décennies.

Selon la dernière déclaration publiée par la Cour nationale, Ghali comparaîtra le 1er juin. Cependant, l'état de santé affaibli du leader du Polisario pourrait conduire à un nouveau report de sa comparution devant le tribunal.