Le Maroc et la France relancent leur coopération militaire
- Une industrie de l'armement en plein essor
- Que signifient les nouveaux accords entre la France et le Maroc ?
Le rapprochement entre le Maroc et la France, depuis la reconnaissance par Paris de la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental, s'est étendu au domaine militaire. Après avoir ordonné l'introduction de ce territoire sur les cartes des manuels scolaires français, coïncidant avec le 25e anniversaire du règne de Mohammed VI, les relations entre les deux parties se sont nettement améliorées.
Le Maroc est un allié de plus en plus clair et puissant de l'UE, et la France cherche à conclure un certain nombre d'accords militaires importants avec Rabat afin de relancer les opportunités de coopération militaire.
Au-delà des contrats signés en 2020 pour l'envoi de 36 véhicules militaires Sherpa à Paris, des sources de presse françaises affirment que la société Airbus a fait une offre pour 12 hélicoptères Caracal H225, l'avion militaire lourd multi-missions.
Les hélicoptères Caracal H225 ont une longue expérience du combat et ont participé à des dizaines de missions dans le monde entier. Ces véhicules militaires se distinguent par leur capacité à effectuer des missions de transport de combat, d'évacuation médicale et de recherche et sauvetage au combat. L'information précise que le contrat devrait être signé avant la fin de l'année par le président français Emmanuel Macron.
La reprise des relations découle d'un rapport antérieur du ministère français des Armées, qui indiquait que le Maroc était le troisième plus grand importateur d'équipements militaires de Paris en 2020, représentant la moitié des ventes d'armes françaises à l'Afrique. Si les relations à l'époque n'étaient pas aussi saines qu'aujourd'hui, le Maroc et la France sont conscients de l'importance d'être des partenaires militaires.
Outre le Caracal H225, les deux exécutifs négocient l'achat et la vente d'avions de chasse Rafale, de sous-marins Scorpène, les meilleurs sous-marins de l'armée française, et des nouveaux sous-marins Barracuda qui devraient être disponibles en 2026. Le Maroc devrait également recevoir 30 avions de chasse Mirage 9-2000 à partir de 2027, selon le rapport détaillé d'El Español.
Une industrie de l'armement en plein essor
Le Maroc investit plus que jamais dans l'industrie de l'armement. Mais le royaume marocain n'est pas le seul à avoir augmenté ses dépenses militaires. L'année dernière, les 31 membres de l'OTAN ont dépensé 1,34 billion de dollars, soit 55 % des dépenses militaires mondiales.
Les États-Unis, qui restent en tête du classement, ont augmenté leur budget de 2,3 % et atteindront 916 milliards de dollars en 2023, soit 68 % du total mondial. La croissance mondiale globale sera de 6,8 % en termes de dépenses réelles en 2022, atteignant 2,44 trillions de dollars, soit la plus forte augmentation annuelle depuis 2009.
Ainsi, en juin dernier, le Conseil des ministres présidé par le roi Mohammed VI du Maroc a approuvé quatre décrets liés au domaine militaire, dont le plus important est un projet de décret appelant à la création de deux zones d'accélération industrielle pour créer des parcs industriels comprenant des industries liées au développement d'équipements de défense et de sécurité, de systèmes d'armes et de munitions afin de réduire la dépendance à l'égard des achats d'armes à l'étranger.
Depuis un certain temps, la coopération militaire entre le Maroc et la France a diminué, Rabat ayant entamé un plan de diversification de ses sources d'approvisionnement en armes, devenant de plus en plus dépendant des États-Unis.
Alors que les importations en provenance de Washington ont culminé à 70 %, les importations en provenance de France ont représenté 14 %. Un récent rapport du journal français La Tribune montre que la marine française est en compétition pour des contrats de sous-marins dans 13 pays, dont le Maroc.
Que signifient les nouveaux accords entre la France et le Maroc ?
Les experts sont clairs : la montée en puissance du Maroc dans le monde, en particulier parmi les pays de l'OTAN et de l'UE, et le fait qu'il soit le partenaire le plus fiable entre le Sud et l'Occident sont des raisons suffisamment convaincantes pour que les accords entre la France et le Maroc, porte d'entrée de l'Afrique vers l'Europe, soient florissants.
C'est ce qu'explique Hicham Moataded, chercheur en affaires stratégiques, qui estime que « les accords potentiels reflètent l'importance de la coopération en matière de défense entre Rabat et Paris suite au récent rapprochement et à la fin du conflit politique entre les deux pays après que Paris a reconnu la souveraineté marocaine sur la région du Sahara occidental », notant que « la République française cherche à développer sa position dans les ventes d'armes au Maroc, à l'instar de nombreux producteurs et exportateurs d'armes, dans le cadre de l'ouverture du pays nord-africain à de nouveaux partenaires dans le cadre d'accords et de partenariats bilatéraux ».
De même, l'expert en recherche stratégique et sécuritaire Mohamed Al-Tayyar estime que « la coopération militaire entre les deux pays connaît un développement exceptionnel grâce à la position de soutien de la France au Sahara marocain et à la dynamique que connaît le royaume alaouite à tous les niveaux, y compris dans le domaine de l'industrialisation militaire, où il occupait déjà une position importante, ce qui constitue une incitation supplémentaire pour les entreprises françaises à développer les relations entre les deux pays et à signer des accords militaires ».
La France ayant officiellement rejoint la liste des plus de 100 pays qui soutiennent la souveraineté du Maroc sur le Sahara, aux côtés des Etats-Unis et de l'Espagne, les relations militaires et sécuritaires entre les deux pays devraient connaître un essor important dans les années à venir et un rapprochement politique pourrait conduire à un rééquilibrage.