Maroc et Ghana : un modèle d'unité et de progrès sur le continent africain
- Renforcement de la coopération commerciale et culturelle
- L'impact de l'OCP sur la sécurité alimentaire du Ghana
- Renforcement des capacités humaines grâce à des bourses d'études
Les relations entre le Maroc et le Ghana offrent un exemple clair de la manière dont les pays africains peuvent forger des partenariats plus solides et plus efficaces, en laissant derrière eux les barrières héritées du colonialisme, telles que les frontières artificielles, les économies axées sur les produits de base et les divisions linguistiques.
Le partenariat entre les deux pays trouve ses racines dans la période qui a immédiatement suivi l'indépendance, lorsque le Maroc et le Ghana ont joué un rôle crucial en tant que membres du groupe de Casablanca lors de la fondation de l'Organisation de l'unité africaine (OUA), aujourd'hui connue sous le nom d'Union africaine, dans les années 1960.
Malgré cette base solide, les relations ont subi un revers en 1979 lorsque le Ghana a décidé de reconnaître la « République sahraouie » autoproclamée par le Front Polisario. Cependant, en 2001, à la suite d'une visite officielle du président ghanéen de l'époque, John Kufuor, à Rabat, les deux pays ont convenu de revitaliser leurs liens diplomatiques et de travailler sur des domaines d'intérêt commun, marquant ainsi le début d'une nouvelle phase dans leurs relations.
Ces retrouvailles diplomatiques ont conduit le Ghana à revenir sur sa reconnaissance du Polisario. Bien qu'en 2011, le Ghana ait à nouveau reconnu l'entité séparatiste sous un nouveau gouvernement, cette fois-ci il n'y a pas eu de refroidissement des relations avec le Maroc. Au contraire, les années suivantes ont vu se multiplier les échanges diplomatiques, ouvrant la voie à l'actuel partenariat stratégique entre Accra et Rabat.
Renforcement de la coopération commerciale et culturelle
Le commerce bilatéral, les investissements directs étrangers (IDE) et les programmes de formation par le biais de bourses du gouvernement marocain, gérées par l'Agence marocaine de coopération internationale (AMCI), sont des piliers essentiels du rapprochement entre le Maroc et le Ghana.
Au cours des dernières décennies, les deux pays ont vu leurs échanges commerciaux et économiques croître régulièrement. Conscients du potentiel d'approfondissement dans ces domaines, le Maroc et le Ghana ont mis en œuvre des mesures visant à renforcer leurs relations économiques. En janvier 2023, ils ont établi une convention de non double imposition, visant à éviter la double imposition sur les actifs commerciaux et fiscaux et à lutter contre l'évasion fiscale. Selon Morocco World News, cet accord vise à faciliter le commerce bilatéral en apportant une plus grande clarté sur les implications fiscales des transactions entre les deux pays.
Le Ghana s'est imposé comme l'un des principaux partenaires commerciaux du Maroc au sein de la CEDEAO. Les exportations marocaines vers le Ghana ont connu une croissance annuelle moyenne de 14 % au cours des 20 dernières années, passant d'environ 5 millions de dollars en 1995 à 133 millions de dollars en 2021. Le Maroc exporte principalement du sucre brut, du poisson transformé et congelé, tandis qu'il importe du Ghana des fruits tropicaux, de la poudre de cacao et du son.
Les investissements marocains au Ghana ont également augmenté de manière significative au cours de la dernière décennie. Des entreprises marocaines telles que la banque BMCE, le cimentier CIMAF, le groupe immobilier Addoha et le géant des engrais OCP sont déjà établies au Ghana, ce qui témoigne de l'expansion des investissements marocains dans le pays. En 2023, la société marocaine de distribution de meubles KITEA a ouvert ses portes à Accra, consolidant ainsi cette tendance.
L'impact de l'OCP sur la sécurité alimentaire du Ghana
OCP, la société marocaine de fertilisants, a signé d'importants accords avec le ministère ghanéen de l'alimentation et de l'agriculture afin d'améliorer la chaîne de valeur des fertilisants dans le pays en proposant des produits à des prix abordables aux agriculteurs. Dans le cadre de cette collaboration, OCP a accepté de construire une usine d'engrais de 1,3 milliard de dollars à Takoradi, dans l'ouest du Ghana.
Ce projet s'inscrit dans le cadre des efforts déployés par le Ghana pour moderniser son secteur agricole et parvenir à la sécurité alimentaire. Une fois opérationnelle, l'usine devrait produire un million de tonnes d'engrais par an, ce qui permettra au Ghana d'économiser 400 millions de dollars d'importations d'engrais chaque année.
Renforcement des capacités humaines grâce à des bourses d'études
Sous la direction du roi Mohammed VI, le Maroc a donné la priorité au renforcement des capacités humaines par le biais de programmes de bourses permettant à des étudiants ghanéens de se former dans des établissements marocains. Depuis 2002, plus de 500 jeunes Ghanéens ont reçu une formation dans des domaines tels que la médecine, les soins infirmiers, la dentisterie, l'économie et l'ingénierie dans des universités marocaines. En raison de l'impact positif de ce programme sur le développement des ressources humaines au Ghana, le nombre de places disponibles pour les étudiants ghanéens a été doublé en 2019, passant de 45 à 90.
Les jeunes qui ont participé à ce programme sont retournés au Ghana et dans d'autres régions d'Afrique, où ils ont excellé en tant que professionnels et experts dans leurs domaines. Ceci souligne l'approche du Maroc de ne pas conditionner ses relations diplomatiques uniquement au conflit du Sahara, mais de les intégrer dans un cadre plus large de coopération économique et commerciale.
La décision du Maroc de renforcer ses relations avec le Ghana anglophone, au-delà de ses alliés francophones traditionnels dans la région de la CEDEAO, démontre son intention d'étendre son influence diplomatique sur le continent africain. Cet effort s'inscrit dans l'objectif plus large du royaume de promouvoir la coopération sud-sud avec ses voisins africains. L'ambition du Maroc de consolider ses relations avec le Ghana devrait continuer à se développer à l'avenir et devenir un modèle pour l'ensemble de l'Afrique.