Le Maroc fait face à une vaste réforme du Code de la famille sous l'impulsion de Mohammed VI

Mohamed Vi
Le Roi a présidé une importante séance de travail sur la révision du Code de la famille, une démarche qui s'inscrit dans la volonté royale d'adapter le cadre juridique marocain à l'évolution de la société, tout en restant fidèle aux principes religieux et aux valeurs universelles de justice, d'égalité et de solidarité
  1. "Ijtihad constructif"
  2. Principales nouveautés sur la réforme du code de la famille
  3. Conseil supérieur des oulémas

Ce projet de réforme, vingt ans après l'adoption du Code initial, vise à renforcer la famille marocaine en tant que cellule de base de la société et à répondre aux défis actuels auxquels elle est confrontée, qu'ils soient sociaux, économiques ou juridiques.

Lors de cette session, Mohammed VI a souligné l'importance d'un cadre législatif clair et cohérent, capable d'éliminer toute ambiguïté juridique et d'assurer la protection de toutes les parties prenantes au sein de la famille. 

La révision du Code, bien que basée sur des propositions d'amendements déjà soumises, nécessite une analyse minutieuse des valeurs religieuses et sociales, ainsi que de l'intérêt supérieur de la famille, dont les enjeux dépassent largement la sphère juridique.

Ce processus a été marqué par une consultation exemplaire, impliquant non seulement les autorités religieuses, représentées par le Haut Conseil des oulémas, mais aussi les autorités gouvernementales et les acteurs de la société civile, garantissant ainsi une approche inclusive et informée.

"Ijtihad constructif"

L'initiative royale met l'accent sur le principe de l'« Ijtihad constructif », une approche qui permet à la loi de s'adapter aux évolutions de la société sans s'écarter des principes fondamentaux de la charia. Ce recours à une réflexion approfondie sur les transformations de la famille marocaine témoigne de la modernité et du pragmatisme dont fait preuve le Royaume. 

Ainsi, la réforme du Code de la famille incarne l'harmonisation des normes islamiques avec les valeurs modernes, en veillant à ce que la réforme reste fidèle aux traditions et ouverte aux réalités contemporaines.

Mohammed VI

Enfin, le Roi a souligné l'importance d'une communication transparente de ces réformes, afin que chaque citoyen ait une meilleure compréhension de ses droits et obligations, tout en facilitant l'accès à la justice familiale. 

L'impulsion donnée par Mohammed VI ne représente donc pas seulement une révision législative, mais un véritable projet de société, où la famille est confortée dans son rôle central et où la justice et l'égalité prévalent dans le respect des principes fondamentaux.

Principales nouveautés sur la réforme du code de la famille

  • Seul l'acte de mariage peut certifier le mariage, sauf exceptions ;
  • Octroi de la tutelle légale des enfants à la mère chargée de la garde ;
  • Les Marocains résidant à l'étranger peuvent se marier sans la présence de deux témoins musulmans ;
  • L'âge minimum légal pour le mariage est de 18 ans et peut être abaissé à 17 ans dans certains cas. Il sera impossible de se marier avant l'âge de 17 ans.
  • Si la femme a posé la condition de la monogamie à son mari, la polygamie est illégale. A de rares exceptions près.
  • Héritage des filles : le père a le droit de donner de son vivant à ses filles, même si elles sont mineures.
  • La garde maternelle reste valable même après le remariage de la mère.
  • En cas de différence de religion entre les deux époux, chacun d'eux peut faire une donation ou un testament.
  • Prise en compte du travail de l'épouse au foyer comme contribution à la valorisation des biens acquis pendant le mariage ;
  • Exclusion du domicile conjugal de l'héritage afin de le préserver (la femme conserve le domicile en cas de décès du mari, jusqu'à sa mort).
  • Mohammed VI

Conseil supérieur des oulémas

Principales réformes validées par le Conseil supérieur des oulémas dans le cadre de la révision du code de la famille : Al Moudawana :

1.-Questions relatives aux textes formels qui n'autorisent pas l'Ijtihad 

  • Utilisation des connaissances génétiques pour établir la filiation paternelle ;
  • Abrogation de la règle du Taâsib (succession masculine seulement dans certains cas) ;
  • Succession entre un musulman et un non-musulman.

2.- Propositions conformes à la charia avec l'approbation du Haut Conseil des Oulémas

  • Mariage à l'étranger : possibilité pour les Marocains résidant à l'étranger de signer un acte de mariage sans témoins musulmans, en cas d'impossibilité.
  • Tutelle légale des enfants : octroi de la tutelle légale à la mère responsable de la garde des enfants.
  • Contribution de l'épouse : reconnaissance du travail de l'épouse au sein du ménage en tant que contribution à la mise en valeur des biens acquis pendant le mariage ;
  • Nafaqa (pension alimentaire) : obligation de verser une pension alimentaire dès l'établissement de l'acte de mariage ;
  • Exclusion du domicile conjugal : exclusion du domicile conjugal de la succession ;
  • Biens de la communauté : priorité des droits des époux sur les biens de la communauté par rapport aux autres dettes ;
  • Garde des enfants : maintien de la garde de la mère divorcée, même en cas de remariage.
Mohammed VI