Les autorités marocaines lancent de vastes réformes sociales, en donnant la priorité au secteur de la santé

Le Maroc à l'avant-garde des réformes sociales

PHOTO/ARCHIVE - Les professionnels de la santé au Maroc

Le gouvernement marocain s'est engagé dans une approche multidimensionnelle de la réforme sociale qui englobe tous les secteurs de la société, avec une attention particulière pour la classe ouvrière. Reconnaissant le rôle vital du secteur de la santé dans le maintien du niveau de vie, l'exécutif a lancé en avril 2021 un projet visant à étendre les programmes de protection sociale ciblant spécifiquement les travailleurs des secteurs économiques informels.

Ce projet ambitieux est considéré comme la plus grande initiative de réforme sociale de l'histoire du Maroc. La phase initiale s'est concentrée sur l'inclusion des commerçants, des agriculteurs, des artisans et des prestataires de services indépendants, avant d'être élargie à d'autres groupes. À terme, le projet vise à garantir l'accès de tous les citoyens marocains aux programmes de protection sociale.

Un tournant important dans la politique de soutien social du gouvernement s'est produit le 29 juillet 2018, lorsque le roi Mohammed VI a annoncé la création d'un "Registre social unifié" lors de son discours commémorant le 19e anniversaire de son accession au trône. Ce registre vise à améliorer progressivement l'efficacité des programmes sociaux, à court et moyen terme, en déterminant avec précision et objectivité les personnes qui méritent un soutien social, grâce à des critères précis et aux nouvelles technologies. 

PHOTO/ARCHIVE - Mohamed VI, Roi du Maroc

Ce registre servira de point d'accès principal à tous les programmes sociaux, chaque résident du Maroc se voyant attribuer un identifiant numérique civil et social par le biais du registre national de la population.

Pour faciliter la mise en œuvre du projet de protection sociale, le Maroc a adopté des systèmes d'information permettant d'identifier le statut social des citoyens sur la base de leur numéro d'identification unique.

La première phase du projet a couvert environ 3 millions de personnes : commerçants, prestataires de services indépendants, artisans, professionnels de l'artisanat, agriculteurs et leurs familles. En conséquence, le nombre de bénéficiaires de l'assurance maladie obligatoire est passé à environ 9 millions de citoyens, ce qui représente environ 83 % de la population cible.

Afin d'intégrer les familles pauvres et vulnérables dans le nouveau projet, le gouvernement marocain a approuvé le 11 novembre la prise en charge des cotisations des personnes affiliées à l'actuel Système d'assistance médicale (RAMED). Le RAMED, créé en 2002, fournit des soins de santé aux familles économiquement défavorisées qui ne sont pas couvertes par l'assurance maladie obligatoire. 

En étendant la couverture médicale à ces familles, le gouvernement vise à garantir que 11 millions de citoyens puissent accéder aux mêmes services que ceux dont ils bénéficiaient auparavant gratuitement dans les hôpitaux publics.

AP/MOSA’AB ELSHAMY - Personnel de santé dans l'un des services de soins intensifs de l'hôpital Moulay Abdellah à Sale, au Maroc

L'engagement du Maroc en faveur des réformes sociales a gagné le soutien des partenaires internationaux. Le 2 mars, le Maroc et l'Union européenne ont signé cinq programmes conjoints de coopération d'une valeur de 500 millions de dollars pour stimuler les initiatives de réforme du pays, y compris le projet de protection sociale. 

Cet accord de protection sociale vise à améliorer la qualité et l'efficacité des services de base tout en mettant en place un système complet de protection sociale.

En outre, la Banque mondiale a approuvé le 3 décembre 2020 un programme de 400 millions de dollars pour soutenir le système de protection sociale du Maroc

Cependant, le pays reste confronté à des défis. Les données recueillies par le gouvernement en mai ont révélé que le taux de chômage au Maroc a augmenté à 12,9 % au cours du premier trimestre 2023, principalement en raison des répercussions causées par la crise ukrainienne et la sécheresse dans le pays. 

REUTERS/YOUSSEF BOUDLAL - Banque centrale du Maroc

Pour faire face à la forte inflation qui en résulte, la Banque centrale du Maroc a relevé le taux d'intérêt de 50 points de base à 3 % en mars, dans le but de prévenir la crise de l'inflation.

Malgré ces défis, le Maroc reste engagé dans le développement socio-économique. La Commission de planification a récemment fait état d'un taux d'inflation annuel de 7,8 % en avril, par rapport à la même période de l'année dernière. 

Le recensement officiel de 2017 ayant indiqué que 2,8 millions de personnes au Maroc vivaient dans la pauvreté, les efforts visant à alléger leur situation économique et à renforcer les programmes de protection sociale sont cruciaux.