Le Maroc renforce sa présence en Afrique anglophone

Musalia Mudavadi, Premier ministre et ministre des Affaires étrangères du Kenya, avec Ryad Mezzour, ministre de l'Industrie et du Commerce du Maroc, le 27 mai 2025 - PHOTO/MFA KENYA
Dans le cadre de sa stratégie continentale, le Maroc mise non seulement sur l'Afrique occidentale francophone, mais aussi sur l'Afrique anglophone, où il cherche à élargir ses horizons commerciaux et à obtenir davantage de soutien pour son plan pour le Sahara
  1. Une présence accrue en Afrique anglophone
  2. Soutien croissant à la marocanité du Sahara
  3. Opportunités en Afrique anglophone

Dans le cadre de sa nouvelle stratégie diplomatique en Afrique, lancée depuis son retour au sein de l'Union africaine en 2017, le Maroc a entrepris une profonde transformation de sa politique étrangère, en adoptant une approche axée sur la coopération Sud-Sud. 

Dans cette optique, le pays joue un rôle crucial dans les échanges économiques continentaux et intensifie ses relations économiques avec l'Afrique anglophone par des investissements dans les infrastructures, les télécommunications, les services financiers et l'agriculture. 

Les pays africains anglophones tels que le Ghana, le Kenya et l'Afrique du Sud sont des partenaires économiques importants du Maroc en raison de leur croissance économique rapide et de leur relative stabilité. En revanche, le Rwanda et l'Éthiopie se distinguent par un potentiel de croissance résultant des récentes réformes économiques et de l'engagement à renforcer l'intégration régionale. 

L'ancien président et chef du parti MK Jacob Zuma avec le ministre des Affaires étrangères, de la Coopération africaine et des Marocains résidant à l'étranger Nasser Bourita - PHOTO/X/MAROC DIPLOMATIE

Une présence accrue en Afrique anglophone

Le Maroc est passé de sa zone d'influence traditionnelle en Afrique occidentale francophone à un renforcement de sa présence en Afrique anglophone, ouvrant ainsi une nouvelle page dans les relations entre Rabat et des villes telles que Nairobi, Accra ou Pretoria. 

Cette diplomatie proactive, qui mise sur une stratégie visant à renforcer sa présence en Afrique anglophone, est le résultat d'une analyse de la géopolitique régionale et de la volonté du pays nord-africain de consolider un partenariat bénéfique pour toutes les parties, de diversifier ses partenaires et de développer des relations de coopération multidimensionnelles. 

Une dynamique qui renforce la position du Maroc en tant que pilier clé de l'intégration et de la transformation du continent africain, et qui témoigne de la défense de ses intérêts territoriaux, d'une part, et de la stabilité et du développement durable en Afrique, d'autre part. 

Les ministres des Affaires étrangères de la Sierra Leone et du Maroc lors de la réunion - PHOTO/X/MAROC DIPLOMATIE

Soutien croissant à la marocanité du Sahara

Le Maroc a démontré sa capacité à promouvoir la stabilité et le développement durable en plaçant la coopération Sud-Sud et le dialogue au cœur de sa politique continentale, conditionnée par la question de l'intégrité territoriale comme facteur « sine qua non » de ses relations extérieures. 

À cet égard, à la suite des initiatives marocaines, plusieurs pays anglophones, traditionnellement réservés ou connus pour leur politique historiquement hostile au Royaume du Maroc, ont considérablement modifié leur position diplomatique sur la question de la souveraineté du Sahara occidental, soutenant la souveraineté du Maroc sur ses provinces du Sud. 

Le Ghana, le Kenya, le Liberia, la Zambie, l'Eswatini (anciennement Swaziland) et le Malawi ont manifesté un soutien croissant à la souveraineté marocaine, reconnaissant le plan d'autonomie de 2007 comme une solution crédible et durable au conflit. 

Le Kenya, par exemple, a officiellement reconnu le plan d'autonomie, marquant un tournant diplomatique historique en mai 2025 avec l'ouverture de son ambassade à Rabat. De leur côté, les Comores, la Zambie et le Malawi ont rejeté un mémorandum d'entente incluant le Front Polisario, confirmant ainsi leur position en faveur du Maroc. 

En juin dernier, le Ghana a également suspendu ses relations avec la République arabe sahraouie démocratique (RASD) et soutient actuellement la proposition d'autonomie de 2007 comme solution au conflit du Sahara occidental, rejoignant ainsi la liste des pays qui soutiennent le Maroc. 

Auparavant, d'autres pays africains anglophones tels que le Liberia, la Zambie, l'Eswatini et le Malawi avaient manifesté leur soutien sans équivoque au Maroc en ouvrant des consulats dans les provinces du Sud, réaffirmant ainsi leur soutien total à l'initiative d'autonomie. 

Le ministre marocain des Affaires étrangères, Nasser Bourita, avec le ministre des Affaires étrangères de la République du Ghana, Samuel Okudzeto Ablakwa, qui visite le Royaume du Maroc pour la première fois depuis sa nomination à la tête de la diplomatie ghanéenne - PHOTO/X/MAROC DIPLOMATIE

Opportunités en Afrique anglophone

La consolidation de la position du Maroc en tant que leader économique en Afrique nécessite de maximiser les opportunités offertes par la diversité des relations commerciales avec les pays anglophones du continent : 

  • Revitaliser les liens culturels, religieux et économiques entre le Maroc et l'Afrique anglophone.
  • Implanter les entreprises marocaines dans des secteurs tels que la banque, les énergies vertes, la construction. 
  • Développer la connectivité logistique nationale et internationale du pays. D'où les projets logistiques nationaux, tels que l'autoroute Tiznit-Dakhla, la ligne à grande vitesse Kenitra-Marrakech, le plan ferroviaire Maroc 2040 ou le port de Dakhla Atlantique. 
  • Face aux projets portuaires de la Mauritanie et du Sénégal, le Maroc doit capter les flux logistiques en provenance d'Amérique du Sud et d'Europe à destination de l'Afrique de l'Ouest et du Sahel. 
  • La position avantageuse avec certains pays, tels que la Gambie, la Tanzanie et le Kenya, qui affichent une préférence marquée pour les produits marocains et se caractérisent par un niveau élevé d'exportations. 
Nasser Bourita, ministre des Affaires étrangères du Maroc, lors de son discours à Rabat à l'occasion de la Journée de l'Afrique, le 27 mai 2025 - PHOTO/MAROC DIPLOMATIE

Étant donné que certains pays comme l'Érythrée et le Lesotho affichent de faibles taux d'échanges commerciaux, le Maroc est confronté au défi de diversifier ses relations commerciales avec l'Afrique anglophone, dans le cadre d'un partenariat gagnant-gagnant, ce qui implique plusieurs actions : 

  • Concentrer ses efforts sur l'expansion de ses exportations vers des marchés à fort potentiel, tels que la Gambie et le Kenya, grâce à des stratégies de commercialisation spécifiques. 
  • Établir des accords bilatéraux dans les secteurs de l'agriculture et de la technologie afin de tirer le meilleur parti de ces marchés en croissance. 
  • Diversifier les importations en renforçant le commerce avec des pays tels que le Liberia et l'Ouganda, et établir des relations plus solides avec ces économies émergentes. 
  • Améliorer les infrastructures et développer les chaînes de valeur locales afin de stimuler les échanges entre ces pays et le Maroc dans les domaines où les deux économies ont des besoins et des produits complémentaires. 
  • Prêter attention aux pays à faible commerce, tels que l'Érythrée et le Lesotho, en renforçant les investissements marocains dans les infrastructures et les programmes de coopération régionale, afin de développer ces marchés et de stimuler les flux commerciaux.