Le gouvernement mauritanien a confirmé sa volonté de maintenir des relations étroites avec les pays du G5 Sahel (Burkina Faso, Tchad, Niger, Mauritanie et Mali)

La Mauritanie rencontre à nouveau les pays du Sahel et propose au Mali de lui emboîter le pas

PHOTO/ARCHIVE - Le président mauritanien Mohamed Ould Cheikh Ghazouani

Le gouvernement mauritanien a confirmé son retour au sein du G-5 Sahel. À son tour, Nouakchott souhaite la bienvenue à l'Alliance africaine dont la naissance sert à promouvoir la coopération, l'unité et la sécurité sur le continent.

La Mauritanie entend maintenir des liens étroits avec les cinq pays du Sahel qui partagent des défis communs en matière de sécurité et de développement, notamment dans la lutte contre les groupes terroristes qui menacent la stabilité de la région, ce qui signifie que les changements radicaux dans chaque pays se répercuteront sur les autres pays qui composent le groupe. 

AFP/SEBASTIEN RIEUSSEC - Soldat de l'armée malienne montant la garde à l'entrée du G5 Sahel, une force antiterroriste composée de cinq pays (Mali, Burkina Faso, Niger, Mauritanie et Tchad)

Le porte-parole du gouvernement et ministre du Pétrole, de l'Énergie et des Minéraux, Nani Ould Achrouqa, a confirmé que la nouvelle alliance serait la bienvenue "à condition qu'elle ne se fasse pas au détriment des cinq pays du Sahel", selon l'agence de presse gouvernementale Sahara Media. 

Le Groupe africain du Sahel est une organisation multilatérale de coordination et de coopération établie à Nouakchott depuis 2014 dont la mission principale est d'aborder les questions et les politiques économiques et sécuritaires. Ce n'est qu'en 2017 avec les opérations de lutte contre le terrorisme que l'organisation a atteint son apogée en termes de coordination et de recherche de solutions. 

Luc Gnago/REUTERS - Photo d'archives de soldats de l'armée burkinabé sur la route de Gorgadji dans la zone du Sahel

La Mauritanie est actuellement le seul pays dirigé par un président élu qui entretient un bon partenariat avec Paris. Ce fait est considéré par les autres membres comme un avantage stratégique parmi les pays de la région africaine du Sahel, qui est au centre des questions de sécurité et de développement, bien qu'elle ne soit pas le seul État à entretenir de bonnes relations avec la République française.

En raison des récents événements et des déclarations du président de la République Emmanuel Macron, certains de ces pays ont accru leur sentiment de rejet et d'hostilité à l'égard de leurs anciens colonisateurs. 

Ils partagent également les problèmes de l'expansion et de la professionnalisation des groupes extrémistes, de l'affaiblissement des institutions étatiques et de l'instabilité politique qui en résulte. En d'autres termes, cela signifie qu'un changement de pouvoir inconstitutionnel dans l'un de ces pays pourrait avoir des répercussions très graves dans les autres.

REUTERS/CHRISTOPHE SIMON -  Emmanuel Macron, président de la République française

Achrouqa a répondu à Sahara Media sur l'alliance tripartite récemment formée entre le Mali, le Niger et le Burkina Faso : "La Mauritanie accueille tous les groupes africains, qu'ils adhèrent ou non aux principes de l'unité africaine", soulignant qu'une telle union "ne se fera pas au détriment du G-5 Sahel". 

Le contexte de la région est complexe. Récemment, le Mali, le Niger et le Burkina Faso, dirigés par une junte militaire depuis un coup d'État, ont signé en septembre un accord de sécurité pour s'entraider en cas de soulèvement ou d'invasion étrangère. 

REUTERS/HAMANY DANIEX - Après plusieurs heures de confusion, certains médias parlent déjà d'un coup d'État au Burkina Faso

L'alliance vise à établir une "structure de défense mutuelle et un soutien économique mutuel". Les trois États sont actuellement engagés dans une lutte acharnée pour contrôler les rebelles liés à Al-Qaïda et à Daesh ainsi que les relations avec leurs voisins, et les partenaires internationaux ont également été contraints de s'impliquer par crainte d'une attaque. 

Le ministre mauritanien a exprimé l'espoir que le Mali revienne dans le groupe après la décision de la junte militaire malienne de se retirer des forces multinationales dans la région du Sahel en mai 2022. La décision de retrait a été justifiée par le fait que le Mali n'a pas été autorisé à assumer la présidence du "Groupe G-5 Sahel", alors que la capitale, Bamako, devait accueillir une réunion des dirigeants de ces pays en février 2022 et que le prétexte de l'"instabilité interne" a été invoqué après avoir été témoin d'un coup d'État militaire. 

"Le gouvernement malien a décidé de retirer toutes les institutions et organisations du G5 Sahel, y compris la force conjointe de lutte contre les djihadistes", a indiqué le Conseil dans un communiqué.

AP/BABA AHMED - Colonel Assimi Goita, chef de la junte militaire du Mali

Le président mauritanien Mohamed Ould Cheikh Ghazouani avait auparavant mis en garde contre la montée des tensions dans la région du Sahel africain, notant que le retrait du Mali du G5 Sahel avait "considérablement" affaibli le groupe.  

S'exprimant lors du Forum international de Dakar pour la paix et la sécurité en Afrique, Ghazouani a parlé de "changements anticonstitutionnels dans la région", les qualifiant d'"inquiétants et inacceptables". Il a déclaré que les pays de ce groupe "surmonteront ces difficultés et poursuivront la lutte collective contre le terrorisme et la sécurité". 

PHOTO/REDES - Le 9ème Forum international de Dakar sur la paix et la sécurité en Afrique s'est ouvert lundi à Diamniadio avec la participation d'hommes politiques, d'experts et de chercheurs venus de plusieurs pays sous le thème "L'Afrique, potentiel et solutions aux défis sécuritaires et à l'instabilité institutionnelle"

"Le Groupe africain du Sahel traverse une phase critique du fait du retrait du Mali. Depuis plus d'une décennie, l'Afrique est le théâtre de diverses formes de violences politiques, terroristes, sociales et ethniques", a-t-il ajouté. Il a noté que la propagation de ce phénomène "déstabilise le pays et entraîne une perte de contrôle sur l'ensemble de la région, la transformant en un foyer de violence et d'extrémisme". 

L'organisation extrémiste est active dans de nombreux pays africains, en particulier dans les pays du G-5 Sahel, et mène parfois des attaques contre des casernes militaires et étrangères. Plusieurs pays du G5 Sahel souffrent également d'une pauvreté et d'une instabilité politique généralisées. Le président n'a donc pas voulu omettre dans son discours l'importance de la lutte contre le détournement des ressources, du développement des infrastructures de base et de la croissance internationale afin de constituer un soutien suffisant pour aider à relancer les économies africaines en difficulté.