Les journaux affiliés au Qatar et à la Turquie ont publié de nombreux reportages contre le prince héritier Mohammed bin Salman

Les médias turcs et qatariens mettent fin à la trêve politique avec l'Arabie Saoudite

PHOTO/BANDAR ALGALOUD/Cortesía de la Corte Real de Arabia Saudí - Le prince héritier d'Arabie saoudite Mohammed bin Salman

La trêve politique conclue par l'Arabie saoudite avec la Turquie et le Qatar a pris fin après que des médias affiliés à ces deux pays ont publié des informations contre le prince héritier saoudien. Parmi tout ce qui a été publié, le dossier des droits de l'homme ou la guerre du Yémen se détache, ainsi que les insultes directes à Mohammed bin Salman lui-même.

Les médias en question critiquent la décision de libérer la militante féministe Loujain Al-Hathloul, arguant qu'elle n'est pas due à une décision basée sur des procédures légales, mais qu'elle est une réponse aux mesures restrictives imposées par le gouvernement américain. De plus, l'administration Biden a publié une déclaration dans laquelle elle assure qu'elle est en pourparlers avec l'Arabie Saoudite, mais qu'elle n'a pas l'intention de le faire avec le prince héritier.

De plus, en ce qui concerne le dossier des droits de l'homme, les médias pro-Qatar ont cité une déclaration de Human Rights Watch qui met en doute l'efficacité des réformes saoudiennes concernant les moratoires sur les exécutions de ceux qui ont commis des crimes alors qu'ils étaient encore mineurs. "L'adoption d'un code pénal saoudien qui soutient les droits fondamentaux sera un changement, mais les autorités ne devraient pas glisser vers un remplissage avec les mêmes charges pénales générales, qui sont utilisées pour faire taire les critiques pacifiques et restreindre les droits fondamentaux", a expliqué le média qatari. Ils ont ajouté l'exemple du jeune Ali Mohammed al-Nimr qui a été arrêté à 17 ans pour des manifestations pro-chiites : "L'un des tests de la réforme pénale promise sera maintenant de savoir si elle soutiendra les droits des enfants qui participent à des manifestations contre la discrimination gouvernementale, comme Ali al-Nimr".

L'Agence Anadolu, basée à Ankara, a également fait part de cette série d'"attaques" contre le Royaume : "L'Arabie Saoudite fait l'objet de critiques constantes en matière de droits de l'homme en raison de son bilan, notamment dans le domaine de l'exécution des condamnations à mort". Il a également ajouté les déclarations du militant yéménite Tawakkol Karman, lauréat du prix Nobel de la paix : "L'Arabie saoudite et l'Iran sont hostiles au Yémen depuis deux endroits différents, mais ils convergent pour exercer leur influence sur une carte déchirée". Ces déclarations ont été quelque peu controversées en raison des liens étroits de Karman avec les Frères musulmans, qui sont internationalement considérés comme une organisation terroriste.

Certains médias ont également fait référence à l'ambassadeur des Émirats arabes unis aux États-Unis, Yusef Al-Otaiba. Sa position proche du gouvernement de Donald Trump au cours des quatre dernières années s'est avérée très fructueuse pour son pays. Cependant, l'arrivée de Joe Biden à la Maison Blanche a refroidi les relations qu'ils entretenaient. La décision du président de suspendre le soutien américain au Yémen n'a pas été bien accueillie à l'ambassade des EAU et, selon des sources qataries, a entraîné des affrontements au sein du Congrès.

L'Arabie Saoudite estime que toutes les informations divulguées contre le Royaume par les médias turcs et qatariens ont derrière elles un message politique contre Riyad. Contrairement à d'autres occasions, cette fois-ci, ils n'ont pas l'intention de pointer directement le gouvernement du doigt. Ce qu'ils ont l'intention de faire, c'est de déguiser leurs attaques par la fuite progressive de rapports contre le pays, en ayant la déstabilisation comme objectif principal de toutes ces actions.

La possibilité qu'il y ait des parties officielles derrière toutes ces informations contre l'Arabie Saoudite n'est pas non plus exclue. La possibilité de faire pression sur le pays qui s'est positionné contre le Qatar en dirigeant le Quartet arabe, et qui a été en désaccord avec la politique de la Turquie pendant plus de trois ans et de révoquer l'affaire Khashoggi - dont Ankara n'a tiré aucun bénéfice - sont quelques-unes des hypothèses qui ne sont pas écartées de l'Arabie pour justifier cette vague de rapports contre le Royaume.