Les diplomates grecs et turcs se rencontrent mardi pour résoudre le différend sur l'exploration des hydrocarbures en Méditerranée orientale

La Méditerranée orientale, un territoire contesté entre la Grèce et la Turquie

PHOTO/CEM OZDEL - Le ministre turc des Affaires étrangères Mevlut Cavusoglu

Ce mardi, Athènes devient le théâtre d'une réunion entre la Grèce et la Turquie pour discuter, une fois de plus, de l'exploration et de l'utilisation du plateau continental revendiqué par Ankara en Méditerranée orientale.

L'échec de la dernière réunion de janvier dernier a conduit à une nouvelle réunion au cours de laquelle on espère résoudre le différend sur l'exploration des hydrocarbures dans cette zone maritime. Les tensions entre les pays voisins se sont accrues quelques heures avant le début de la réunion après qu'Ankara a envoyé une note diplomatique à la Grèce, à l'Union européenne et à Israël, les exhortant à obtenir leur autorisation pour tout travail éventuel dans le plateau continental.

À ces tensions s'ajoutent les affrontements vécus l'été dernier après qu'un navire turc de recherche sismique, plus précisément l'Oruç Reis, a effectué des explorations dans les zones maritimes proches de l'île grecque de Kastellorizo, dont on conteste actuellement qu'elle soit une zone très riche en hydrocarbures.

Il convient de rappeler que le conflit dans cette zone de la mer Égée a connu son point le plus tendu en 1996, lorsque les deux pays étaient au bord du conflit armé en raison de la dispute sur la souveraineté d'un îlot d'à peine 100 mètres de long.

Cette réunion serait la 62ème à se tenir sur ce conflit depuis 2000, réunions qui n'ont pas permis de trouver une solution tangible. Le dernier cas a eu lieu en janvier dernier, après une confrontation entre la Grèce et la Turquie, au cours de laquelle la Grèce ne voulait discuter que des limites du plateau continental de la zone correspondante en mer Égée, tandis qu'Ankara insistait pour discuter de la définition des zones économiques exclusives et de l'espace aérien des deux pays. 

Ankara a déclaré lundi qu'elle souhaitait qu'Athènes mette de côté "son comportement provocateur et intransigeant dès que possible". Le Ministre turc de la défense, Hulusi Akar, a averti lors d'une conférence que "la Grèce veut faire des questions gréco-turques un problème entre la Turquie et l'UE et entre la Turquie et les États-Unis, mais nous ne l'acceptons pas", a-t-il déclaré.

De même, le Ministre a critiqué les récents achats d'armes par Athènes, qui bénéficie du soutien particulier de la France depuis le conflit de l'été dernier. En effet, en janvier dernier, le pays hellénique a acquis 18 avions de combat Rafale, qui sont devenus les chasseurs les plus modernes fabriqués en France.

Selon la presse turque, ces déclarations font partie d'une nouvelle stratégie en réponse à la réunion du 8 mars dernier entre Chypre, la Grèce et Israël pour la mise en place du plus long câble sous-marin du monde, long de 1000 kilomètres, qui passerait sous le plateau continental revendiqué par la Turquie. 

Ces différends interviennent également dans un contexte proche du cinquième anniversaire de la déclaration controversée UE-Ankara signée le 19 mars 2016, dans laquelle la Turquie a été contrainte de réduire le nombre de migrants passant sur le sol européen. Dans le cadre de cette confrontation, le Ministre grec de la migration, Notis Mitarachi, a annoncé la tenue d'une nouvelle réunion entre les 20 et 21 mars à Athènes sur le nouveau pacte européen sur les migrations. Les pays méditerranéens d'Espagne, d'Italie, de Malte et de Chypre devraient y participer.

Dans ce climat, Athènes a le soutien de ses partenaires européens, qui ont averti Ankara en décembre dernier de possibles sanctions pour son exploration dans des eaux qui ne leur appartiennent pas car elles sont de nature internationale. Ces sanctions pourraient porter un coup dur à l'économie turque, qui stagne depuis quelque temps déjà. Pour l'instant, l'UE a approuvé des sanctions visant les fonctionnaires turcs impliqués dans ces activités d'exploration. De même, la Grèce espère le soutien de la nouvelle administration Biden.