Jusqu'à présent, la médiation allemande s'est concentrée sur le maintien des parties étrangères en dehors de la guerre

Le ministre allemand des affaires étrangères se rend en Libye pour tenter de débloquer le conflit

PHOTO/AFP - Le ministre libyen des affaires étrangères Mohamed Taha Siala (C) reçoit le ministre allemand des affaires étrangères Heiko Maas (2e R) lors du Conseil présidentiel dans la capitale Tripoli le 17 août 2020

"Nous constatons un calme trompeur en Libye en ce moment." C'est ainsi que le ministre allemand des affaires étrangères, Heiko Maas, a décrit la situation dans ce pays d'Afrique du Nord à son arrivée à Tripoli.

La visite du ministre allemand est la première depuis le sommet de Berlin en janvier qui n'a pas réussi à ramener la paix dans le pays. "Les deux parties et leurs alliés internationaux continuent d'armer le pays dans une escalade massive et maintiennent les conditions d'un cessez-le-feu", peut-on lire dans la déclaration publiée par M. Maas à son arrivée.

Au cours de cette visite, le ministre rencontrera dans la capitale le Premier ministre Faye Serraj du gouvernement libyen, reconnu internationalement, où ils discuteront des moyens de parvenir à la paix avec Khalifa Haftar, un homme fort du côté militaire. Parmi les objectifs de cette réunion figure également l'établissement d'une zone démilitarisée autour de la ville de Syrte, sur la côte méditerranéenne, et actuellement sous l'influence des troupes de Haftar. 

Maas a également déclaré que la situation des réfugiés en Libye serait discutée. Plusieurs organisations de défense des droits de l'homme ont dénoncé les mauvais traitements infligés aux migrants dans les camps supervisés par les autorités libyennes. "Nous exigeons depuis un certain temps que les centres de détention soient fermés et nous demandons que des alternatives soient mises en place", a déclaré le ministre allemand. Jusqu'à présent, la médiation allemande dans le conflit libyen s'est concentrée sur le maintien des parties étrangères en dehors de la guerre.

Outre M. Maas, les ministres de la défense de la Turquie et du Qatar se sont également rendus dans la capitale libyenne lundi pour obtenir un cessez-le-feu, selon les médias libyens et turcs. Alors que Serraj, le leader du National Accord Government (NAG), est soutenu par les Nations unies, la Turquie et le Qatar, Haftar est soutenu par une administration rivale basée à Tobrouk, en Égypte, en Russie et aux Émirats arabes unis (EAU). Le ministre allemand des affaires étrangères prévoit également de se rendre à Abou Dhabi pour discuter du conflit libyen, ainsi que de questions liées à l'Iran, à la Syrie, au Qatar et au Liban.

Briser l'embargo

L'Union européenne a lancé une mission navale pour surveiller l'embargo des Nations unies sur les armes à destination de la Libye. Mais des pays comme la Russie et la Turquie l'ont ignoré et ont continué à faire du trafic d'armes sur le territoire libyen. 

L'Allemagne, la France et l'Italie ont pris une initiative visant à imposer des sanctions européennes à ceux qui fournissent les moyens de transporter des armes. La Turquie et la Russie sont devenues les principaux acteurs internationaux dans le conflit qui a transformé la Libye en poudrière depuis 2011.