Après cinq ans sans entretien du pétrolier en raison du contrôle de la milice Houthi, l'organisation internationale craint une fuite de pétrole

Les Nations unies s'inquiètent de la négligence du pétrolier Safer

AFP PHOTO / Satellite image 2020 Maxar Technologies - Vue satellite du pétrolier FSO Safer au large du port de Ras Isa au Yémen

Les Nations Unies ont exprimé leur consternation de ne pas avoir reçu de lettre d'assurance de sécurité de la part de la milice du coup d'Etat yéménite Houthi concernant les procédures de déploiement de l'équipe d'experts pour l'entretien du pétrolier flottant Safer au large des côtes du gouvernorat de Hodeidah en mer Rouge.

Il a également exprimé sa profonde inquiétude face aux indications selon lesquelles le groupe Houthi envisage de revoir son approbation officielle de la mission d'experts. Le porte-parole de l'organisation internationale, Stéphane Dujarric, a déclaré que l'absence de réponse de l'ONU de la part de la milice Houthi pourrait entraîner de nouveaux retards dans la mission d'experts et une augmentation du coût de la mission.

Dujarric a déclaré que sans lettre, le coût de la mission augmenterait de "centaines de milliers de dollars". Il a ajouté qu'ils sont également "très préoccupés par les indications selon lesquelles les autorités Houthi de facto envisagent une "révision" de leur approbation formelle du déploiement de la mission". 

Il a ajouté que "les responsables Houthi ont conseillé à l'ONU d'interrompre certains préparatifs en attendant l'issue d'un tel processus, ce qui entraînerait de nouveaux retards dans la mission". En novembre, les Houthis ont convenu de l'étendue des travaux de la mission technique et ce n'est que début mars que l'équipe d'experts arrivera sur le pétrolier.

Le gouvernement légitime du Yémen a révélé que la milice Houthi, qui figure sur la liste américaine des organisations terroristes, s'est à nouveau retirée il y a une semaine. Permettre à une équipe de l'ONU d'accéder au pétrolier Safer dans un contexte d'alerte croissante sur la marée noire, qui menace de provoquer la plus grande catastrophe environnementale au monde.

Muammar al-Eryani, le ministre yéménite de l'information, a déclaré que la milice Houthi se retire d'un accord signé avec les Nations unies et soutenu par l'Iran. Il permettra à une équipe des Nations unies de monter à bord du pétrolier le plus sûr et d'évaluer la situation technique pour retenir ou décharger sa cargaison de plus d'un million de barils de pétrole, prévue pour début février.

Le ministre a confirmé dans plusieurs messages sur son profil Twitter que le retrait répété de la milice Houthi de ses fonctions confirme que le groupe s'est emparé du pétrolier Safer pour faire du chantage à la communauté internationale et à des fins politiques. Tout cela sans tenir compte des avertissements sur les risques catastrophiques pour l'environnement, l'économie et l'humanitaire que représentent les fuites, les naufrages ou les explosions du pétrolier.

Le pétrolier "Safer" transporte environ 1,1 milliard de barils de pétrole brut. Les milices Houthi refusent de l'entretenir depuis cinq ans et toute marée noire provoquerait un désastre environnemental et économique pour le Yémen et la région.

L'année dernière, l'ONU a averti que le pétrolier n'avait pas été entretenu depuis plus de cinq ans et qu'il pourrait provoquer une catastrophe environnementale, économique et humanitaire. La rouille a recouvert certaines parties du pétrolier et le gaz inerte qui empêche les citernes d'accumuler des gaz inflammables s'est échappé. Les experts affirment que la maintenance n'est plus possible car les dommages causés au navire sont irréversibles, selon un rapport de l'AP.

Récemment, des images satellites ont montré le début d'une marée noire provenant du réservoir flottant Safer dans le port de Ras Issa, dans le gouvernorat de Hodeidah sur la mer Rouge, à l'ouest du Yémen.