Le nombre de mercenaires financés par la Turquie qui sont arrivés en Europe est estimé à 150
150 mercenaires de nationalité syrienne financés par la Turquie et le Qatar sont arrivés en Europe en provenance de Libye, où ils ont été envoyés pour combattre sous les ordres du président de la nation eurasienne, Recep Tayyip Erdogan, selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (SOHR, par son acronyme en anglais). Bien que l'on ne sache pas encore quels ont été leurs déplacements sur le territoire de la Communauté, tout indique qu'ils sont entrés en Italie, compte tenu de la proximité de ce pays d'Afrique du Nord.
Il faut rappeler à ce propos que le 23 janvier dernier, l'organisation basée à Londres a documenté l'arrivée de 17 miliciens dans la nation italienne, ainsi que le fait que 147 autres avaient payé une avance pour se rendre sur le vieux continent en empruntant cette route. Quatre jours seulement avant, l'Armée de libération nationale libyenne (LNA, par son acronyme en anglais) - l'une des deux factions de la guerre - a signalé que 41 mercenaires avaient quitté la Libye pour l'Europe en passant par des ports situés dans la partie nord-ouest du pays nord-africain.
Le média Al Watan a donc révélé que « les combattants ont intentionnellement accepté le déploiement en Libye et se sont ensuite échappés en Italie », car « ils ne croient pas pouvoir retourner en Turquie ou en Syrie, donc essayer de rejoindre l'Europe est l'option la plus logique pour eux. Pour sa part, le SOHR explique « qu'une fois arrivés en Libye, ils ont rendu leurs armes et sont allés en Italie. Certains sont partis en Algérie, également dans le but de rejoindre l'Europe ».
Pour la sphère communautaire, la présence de ces miliciens sur son territoire pourrait ouvrir une nouvelle brèche de sécurité. Il y a deux mois, on a découvert que la route utilisée par les mercenaires (Tripoli - Italie ou Alger - Italie) avait également été empruntée par au moins un membre de l'organisation terroriste Daesh. Le djihadiste n'a cependant pas réussi à atteindre la côte italienne, car il a été arrêté par la LNA.
Cela a provoqué des alertes au cœur de l'Europe. Ainsi, l'Organisation internationale de police criminelle (INTERPOL) a commencé à préparer une coordination syro-européenne pour enregistrer une liste de mercenaires syriens financés par la Turquie et transférés en Libye. Des sources diplomatiques recueillies par le journal local Libya Akhbar ont déclaré que des travaux étaient en cours sur une stratégie de sécurité entre la Syrie et l'orbite européenne pour surveiller les mercenaires qui étaient arrivés en Libye. L'objectif serait de « prendre toutes les mesures de sécurité nécessaires aux frontières de tous les pays de l'UE, en particulier ceux qui bordent la Méditerranée ».
Dès 2015, le Telegraph a publié une exclusivité sur les projets de Daesh d'utiliser la Libye comme « porte d'entrée » à la guerre dans toute l'Europe du Sud. « Les djihadistes espèrent inonder le pays nord-africain de miliciens de Syrie et d'Irak, qu'ils enverraient ensuite en Europe en les camouflant comme des migrants sur des bateaux de la mafia », peut-on lire dans les documents du groupe terroriste auxquels Quilliam, l'organisation britannique contre l'extrémisme, a eu accès.
Dans cette ligne, il faut noter que le directeur de la SOHR, Abdel Rahman, a récemment dénoncé que « des milliers de djihadistes ont été transférés en Libye sous le manteau turc ». Dans une interview avec Al-Hadath, il a déclaré que « des combattants de nationalités nord-africaines, pour la plupart membres de Daesh, avaient été déportés de Syrie en Libye il y a quelques mois ».
Le porte-parole du ministère égyptien des affaires étrangères, Ahmed Hafez, a déjà averti que « l'infiltration de terroristes en Libye, en particulier en provenance de Syrie, pourrait avoir de graves conséquences en Afrique du Nord et dans les pays européens ».
Comme l'explique l'analyste Amr Emam dans Inside Over, « en déplaçant ces djihadistes en Libye, la Turquie pourrait atteindre plusieurs objectifs à la fois, notamment les éliminer de ses propres frontières, soutenir le gouvernement d'unité nationale (GNA, par son acronyme en anglais) contre le LNA, protéger ses intérêts économiques en Afrique du Nord et en Méditerranée orientale et, surtout, assiéger davantage l'Europe ».
L'organisation basée à Londres a également affirmé que 117 combattants sont morts dans les affrontements contre la LNA, dirigée par le maréchal Khalifa Haftar, une faction rivale de la GNA, dirigée par le Premier ministre Fayez Sarraj et explicitement soutenue par Ankara et Doha.
Au total, l'Observatoire estime que 4 750 mercenaires combattent actuellement sur le territoire libyen, tandis que 1 900 autres se trouvent en Turquie pour y être entraînés et coachés. La source a également rapporté que 6 650 miliciens syriens se sont portés « volontaires » pour rejoindre les rangs de le GNA sous le soutien d'Ankara. Les médias d'Al-Ain ont révélé, à cet égard, qu'Erdogan a l'intention de déployer un réseau de jusqu'à 11.000 mercenaires en Libye.
Tout cela montre à quel point les plans du leader turc sont ambitieux dans ce pays d'Afrique du Nord. Pour Al-Mismari, l'objectif principal de la Turquie est de « transformer les villes, en particulier Misrata, en une colonie turque », ainsi que de « transformer la Libye en une base pour le terrorisme, lui permettant d'attaquer les pays voisins ».
Lundi, le porte-parole de la LNA a également dénoncé que la nation eurasienne avait reçu 25 milliards de dollars de la Banque centrale libyenne dominée par la GNA. Rien qu'au cours des deux derniers mois, jusqu'à deux milliards de dollars ont été transférés. Un des directeurs de la banque libyenne, Ramzi Agha, a reconnu en février dernier que quatre milliards de ses réserves de liquidités avaient été envoyés à Ankara comme « dépôt sans retour ». Le fonctionnaire a expliqué que cette transaction correspondait à une « garantie des accords conclus entre la Turquie et le GNA sur la fourniture d'armes, de véhicules blindés, de drones et les coûts de traitement des miliciens blessés ».