Un nouvel accord sur les exportations pétrolières irakiennes permet à la Turquie de fixer ses propres conditions

Vue générale de l'oléoduc Kirkuk-Ceyhan reliant l'Irak et la Turquie dans le port méditerranéen turc de Ceyhan - REUTERS/UMIT BEKTAS

Ce nouvel accord devrait augmenter les revenus de la Turquie, compte tenu de son influence sur Bagdad dans des domaines tels que l'eau et les travaux d'infrastructure routière 

La Turquie a décidé de suspendre l'accord sur l'exportation du pétrole irakien via le port de Ceyhan, ouvrant ainsi la voie à un nouvel accord assorti de conditions renouvelées. 

Bien que l'accord signé en 1973 et qui n'est entré en vigueur qu'en 1977 autorisait l'Irak à exporter son pétrole vers les marchés internationaux via la Méditerranée, évitant ainsi le détroit d'Ormuz, les analystes irakiens ont souligné que cette décision du gouvernement turc profitera aux deux pays, car elle placera Bagdad et Ankara dans une meilleure position et permettra à la Turquie d'établir des conditions qui lui seront avantageuses. 

Le président turc Tayyip Erdogan - REUTERS/PILAR OLIVARES

Pour les autorités turques, ce revirement est l'occasion de réagir face à Bagdad, qui avait interrompu le transfert de pétrole via le port de Ceyhan, ce qui avait entraîné d'importantes pertes économiques pour le gouvernement Erdogan. Cependant, ce n'est pas la première fois que les Irakiens interrompent l'approvisionnement en hydrocarbures. 

En mars 2023, l'Irak a interrompu l'exportation de 450 000 barils quotidiens de pétrole brut depuis la région du Kurdistan et les champs pétrolifères de Kirkouk, dans le nord du pays, après avoir remporté un long procès contre la Turquie devant la Cour internationale d'arbitrage, qui avait débuté en 2014 à la suite d'une plainte déposée par l'Irak contre la Turquie pour avoir violé l'accord conjoint en permettant au gouvernement kurde d'acheminer du pétrole via l'oléoduc de Kirkouk vers le port de Ceyhan. 

Depuis lors, pendant plus de 9 ans, on estime que l'oléoduc a transporté, en dehors de l'accord, plus de 1,6 million de barils de pétrole brut par jour. Un fait pour lequel la Turquie a été condamnée à payer 1,5 milliard de dollars pour des exportations irakiennes non autorisées entre 2014 et 2018 ; la Turquie a fait appel de cette décision, qui n'a pas encore été définitivement tranchée. 

Camp de Nahran Umar, au nord de Basra, Irak - REUTERS/ESSAM AL-SUDANI

Quoi qu'il en soit, la Turquie a tenté à plusieurs reprises de négocier et d'« apaiser les tensions » avec l'Irak par le biais d'une publication au Journal officiel dans laquelle elle indiquait qu'aucune décision officielle n'avait encore été prise concernant l'annulation et l'approbation ultérieure du nouvel accord, tous les protocoles expirant le 27 juillet 2026. 

En effet, un haut fonctionnaire turc a récemment déclaré que son pays avait toujours l'intention de relancer l'oléoduc Irak-Turquie, malgré l'annonce de la fin de l'accord en vigueur. 

En juillet 2025, le gouvernement central irakien a annoncé que les exportations de pétrole depuis la région du Kurdistan reprendraient immédiatement, malgré les récentes attaques de drones qui ont considérablement affecté la production dans la zone. 

Un ouvrier vérifie et ajuste une vanne d'oléoduc dans le champ pétrolifère de Majnoon, près de Bassorah, en Irak - REUTERS/ESSAM AL-SUDANI

Mais la position de force de la Turquie sur l'Irak, en raison de la dépendance de ce dernier en matière d'eau, place Ankara dans une position où elle pourra imposer ses conditions à Bagdad, augmentant ainsi ses bénéfices du nouvel accord jusqu'à le rendre déséquilibré. « Une nouvelle étape importante pour l'oléoduc Irak-Turquie profitera aux deux pays et à toute la région », a ajouté une source du gouvernement turc. 

Toutefois, depuis février 2023, les deux pays négocient pour résoudre une crise qui entrave le transport du pétrole depuis le nord du pays vers le port turc de Ceyhan, sur la Méditerranée. Dans le même temps, le secteur privé reste en retrait, même si une source du groupe APICORP, une société pétrolière active au Kurdistan, a indiqué que la reprise de l'oléoduc dépendait de la conclusion d'accords écrits.