Les partis politiques marocains présentent leurs propositions pour la réforme du Code électoral

Parlement marocain à Rabat - AP/MOSAAB ELSHAMY

La réforme électorale au Maroc vise à accroître la participation citoyenne, la transparence financière et la représentativité des jeunes et des femmes

  1. De multiples réformes
  2. Les trois défis de la réforme électorale
  3. Une institution indépendante et transparente

Les élections de septembre 2026 marquent un tournant dans l'histoire politique et démocratique du Maroc et constituent une occasion de réviser le code électoral et de le mettre à jour afin de protéger la crédibilité et d'accroître la participation citoyenne.

Ces objectifs sont partagés par tous les partis politiques marocains, qui ont été invités à réfléchir aux réformes et à envoyer leurs propositions et recommandations pour améliorer le climat électoral et regagner la confiance de la population dans les urnes.

À cet égard, le dernier discours du roi Mohammed VI, prononcé à l'occasion de l'anniversaire de son accession au trône, le 30 juillet dernier, a appelé à l'élaboration d'un cadre global de codification électorale stable, cohérent et durable qui structure efficacement le processus électoral.

Le ministre de l'Intérieur, Abdelouafi Laftit, a consulté les partis politiques et les a invités à présenter leurs propositions de révision du cadre électoral, en soulignant deux préoccupations essentielles : accroître la participation des citoyens et attirer des élites jeunes et compétentes.

L'ensemble de ces propositions servira de base à une réforme électorale ambitieuse, visant à rétablir la confiance entre les citoyens et les institutions, en redonnant au votant son véritable pouvoir d'influence.

Le ministre marocain de l'Intérieur, Abdelouafi Laftit (à gauche), salue son homologue espagnol, Fernando Grande-Marlaska - PHOTO/ Ministère de l'Intérieur

De multiples réformes

Parmi les propositions de réforme électorale figurent des mesures telles que l'inscription automatique des jeunes électeurs, la redistribution territoriale sur la base du recensement de 2024 et la création d'une institution indépendante de gestion électorale.

Dans le cadre des préparatifs du rendez-vous électoral de 2026, décisif pour l'avenir démocratique du Maroc, les partis politiques en sont encore au stade de la planification stratégique et de la programmation de leurs campagnes.

Parmi les premières propositions de révision du code électoral, certains partis plaident en faveur d'un seuil électoral plus élevé au nom de la stabilité gouvernementale, tandis que d'autres défendent le pluralisme politique.

En parallèle, les grands partis réclament une redistribution qui consolide leur base territoriale, tandis que les formations plus petites luttent pour obtenir des mécanismes garantissant leur survie politique.

Au-delà du jeu politique partisan qui a commencé à un an des prochaines élections, les réformes fondamentales prévues pour le scrutin de septembre 2026 porteraient essentiellement sur les points clés suivants :

  • La modernisation des listes électorales grâce à l'intégration de la biométrie.
  • La révision du découpage électoral en fonction de la réalité démographique actuelle.
  • La transparence du financement des campagnes.
  • La création d'une institution indépendante chargée de superviser le processus électoral.

Les trois défis de la réforme électorale

Le nouveau code électoral abordera des questions récurrentes telles que la participation des Marocains résidant à l'étranger, les méthodes de vote, les frontières électorales, l'équilibre entre les zones rurales et urbaines, l'enregistrement électoral et les procédures de vote conformes aux normes internationales.

Dans cette optique, les formations politiques ont mis en lumière, au milieu de ces défis, trois défis principaux : la mise à jour technologique des listes électorales, la redistribution territoriale et le quotient électoral.

Le premier défi concerne les listes électorales, qui présentent de nombreuses irrégularités telles que des doublons, des personnes décédées non encore radiées, des émigrés inscrits et la désaffection chronique des jeunes pour l'inscription sur les listes électorales et leur désintérêt pour le vote.

Dans ce cas, certains partis politiques ont suggéré une révolution numérique, en reliant les listes aux données biométriques du registre civil et en créant une plateforme nationale unifiée d'inscription électronique. Ainsi, l'enregistrement automatique de tout citoyen atteignant l'âge de la majorité pourrait révolutionner la participation des jeunes aux élections et surmonter la crise de participation que connaît actuellement le Maroc.

Le deuxième défi est celui de la redistribution territoriale. Les préparatifs des prochaines élections s'inscrivant dans un contexte marqué par l'annonce des résultats du recensement de 2024, les acteurs politiques plaident en faveur de l'utilisation de ces données pour modifier la répartition territoriale en vue des prochaines élections.

Façade principale du Parlement marocain à Rabat - Depositphotos

Les partis politiques plaident en faveur de cette réforme afin d'actualiser la répartition en fonction du recensement de 2024, augmentant ainsi de manière significative la représentation des grandes métropoles telles que Casablanca, qui compte 3,7 millions d'habitants et ne dispose que de 27 sièges parlementaires.

Reconnaissant clairement le poids démographique et économique des Marocains résidant à l'étranger, les propositions des partis politiques invitent à attribuer des sièges parlementaires spécifiquement dédiés aux Marocains du monde.

Le troisième défi est le quotient électoral, qui représente un véritable casse-tête pour les acteurs politiques. Ceux-ci dénoncent dans leurs suggestions la fausse représentativité qu'il reflète, car le calcul actuel du quotient est basé sur les inscrits plutôt que sur les électeurs réels, ce qui exclut les petits partis.

La réforme proposée préconise de recourir à un calcul basé sur les votes valides exprimés. Cette modification technique pourrait modifier les équilibres politiques actuels et ouvrir le jeu démocratique. Ce système comprendrait également un seuil suffisant pour garantir un minimum de vote politisé et une répartition des sièges restants basée sur la moyenne la plus élevée des votes.

Cette formule modifierait la carte électorale issue des élections de 2021, potentiellement au détriment de certains partis qui semblaient plus importants que leurs capacités organisationnelles réelles.

Une institution indépendante et transparente

Une proposition commune à la plupart des partis politiques est la création d'une institution nationale indépendante chargée de la gestion des élections, rattachée au ministère de l'Intérieur.

Cette institution bénéficierait d'un contrôle judiciaire direct et serait soumise à une surveillance civile et médiatique qui compléterait ce dispositif afin de garantir l'intégrité du processus électoral.

Parallèlement à cette entité, les partis politiques ont également proposé la création d'une plateforme officielle mise à jour en temps réel qui diffuserait les résultats bureau par bureau, les dépenses de campagne et les listes de candidats, permettant ainsi à la société civile de jouer un rôle positif dans le déroulement du processus et de contribuer à son succès.

Les observateurs accrédités pourraient saisir directement leurs données après vérification, créant ainsi une base de données archivée pour la recherche universitaire et l'analyse politique future.

Afin de garantir la transparence financière des campagnes électorales, compte tenu des soupçons récurrents de vote d'achat et d'influence de l'argent noir sur les investitures, les partis politiques proposent de publier sur une plateforme publique leurs listes de donateurs et l'ensemble de leurs dépenses de campagne.

Il s'agit d'un contrôle financier préalable et simultané. Dans ce contexte, le financement public serait conditionné aux performances réelles des partis en matière d'accompagnement et de participation citoyenne.

En ce qui concerne la représentation des femmes et des jeunes, la réforme électorale vise à dépasser le modèle actuel, qui reste largement symbolique malgré les mécanismes de listes réservées, et à dépasser les quotas cosmétiques, insuffisants et sans impact réel sur la représentation.

Les amendements proposés visent à lier le soutien public aux résultats électoraux locaux réels des candidats, à intégrer les jeunes et les femmes dans les listes locales plutôt que de les limiter aux listes régionales et à développer des programmes de formation au leadership politique pour cette catégorie de candidats.