Le parti dirigé par Alberto Núñez Feijóo a réussi à gagner le nombre de sièges et de voix du PSOE de Pedro Sánchez, mais cela ne suffit pas à obtenir la majorité absolue pour former un exécutif

Le PP remporte les élections en Espagne, mais il est très difficile de gouverner en raison de la résistance du PSOE

PHOTO/AFP/PIERRE-PHILIPPE MARCOU - Le leader et candidat du Parti populaire conservateur, Alberto Núñez Feijoo, salue ses partisans avec la présidente de la Communauté de Madrid, Isabel Díaz Ayuso, depuis un balcon du siège du PP à Madrid, après les élections générales qui se sont tenues en Espagne le 23 juillet 2023

Le Parti populaire a remporté les élections générales au Congrès et au Sénat espagnols convoquées à l'avance par le Président du gouvernement Pedro Sánchez après les dernières élections municipales et régionales qui ont laissé un triomphe écrasant du Parti populaire dans la plupart des territoires, mais la victoire électorale a été douce-amère car le parti dirigé par Alberto Núñez Feijóo a beaucoup de mal à gouverner puisque, face aux prévisions d'avoir plus de 160 sièges, il est finalement resté à 136, bien qu'avec une forte augmentation par rapport aux dernières élections générales dans lesquelles il n'a obtenu que 89 députés.  

Le Président du gouvernement, Pedro Sánchez, a résisté à l'assaut électoral populaire et a sauvé la nuit électorale avec 122 sièges et a même été légèrement en tête et avec une égalité technique tout au long du décompte, bien que le PP ait finalement gagné des sièges au fur et à mesure du décompte grâce à l'évolution de la nuit électorale dans certaines circonscriptions comme la Communauté de Madrid ou Castilla y León. Le PSOE a obtenu de bons résultats dans d'autres communautés autonomes comme, surtout, la Catalogne, où le PSC de Salvador Illa a obtenu un résultat magnifique, et même l'Andalousie, où les socialistes se sont retrouvés pratiquement au même niveau que le Parti populaire, alors que lors des élections précédentes, ce dernier avait obtenu de bons résultats dans la communauté autonome andalouse. 

PHOTO/AFP/PIERRE-PHILIPPE MARCOU - Le leader et candidat du Parti populaire conservateur, Alberto Núñez Feijoo, salue ses partisans avec la présidente de la Communauté de Madrid, Isabel Díaz Ayuso, depuis un balcon du siège du PP à Madrid, après les élections générales qui se sont tenues en Espagne le 23 juillet 2023

On s'attendait, selon plusieurs sondages antérieurs, à une majorité absolue avec le PP en tête et le soutien de VOX pour l'investiture de Núñez Feijóo, et les sondages les plus optimistes pour le Parti populaire donnaient même une possible majorité absolue pour le seul PP, mais il y a eu une mobilisation finale du vote plus à gauche et il a manqué à peine 14 sièges à la victoire du Parti Populaire.  

La situation de Núñez Feijóo est compliquée. Il devrait pouvoir compter sur les 33 sièges de VOX, mais la présence de ce parti qui est considéré par de nombreux secteurs comme étant d'extrême droite évite tout soutien circonstanciel de la part des partis nationalistes ou indépendantistes qui ont opposé leur veto à la formation dirigée par Santiago Abascal ; ainsi, le PP n'a aucune chance d'obtenir le soutien nécessaire pour atteindre les 176 sièges requis pour une majorité absolue.  

PHOTO/AFP/JAVIER SORIANO - Le Président espagnol et candidat du Parti socialiste (PSOE) à sa réélection, Pedro Sanchez, en compagnie de la ministre espagnole du Budget, Maria Jesus Montero, après les élections générales espagnoles, au siège du Parti socialiste espagnol (PSOE) à Madrid, le 23 juillet 2023

En revanche, la porte est ouverte pour le PSOE de Pedro Sánchez qui, avec le soutien de SUMAR et s'il peut à nouveau compter sur le soutien des partis nationalistes et indépendantistes, pourrait dépasser les 176 sièges, même si cela nécessiterait l'approbation sous forme d'abstention dans un hypothétique second tour d'investiture de Junts per Catalunya, le parti qui exige un référendum sur l'indépendance et l'amnistie des détenus de sa formation, marquée par des figures accusées en leur temps de sédition et de désobéissance, comme le leader fugitif Carles Puigdemont. Une situation politique que les socialistes peuvent difficilement sauver compte tenu du scénario politique actuel.  

Le PP et VOX disposent aujourd'hui de 169 sièges et, avec un effort de dialogue et de négociation, ils pourraient ajouter à l'équation Unión del Pueblo Navarro avec son siège et Coalición Canaria avec son autre siège, bien que le parti canarien ait également indiqué à l'époque qu'il ne soutiendrait pas un gouvernement qui inclurait VOX. 

PHOTO/AFP/JAVIER SORIANO - Le Président espagnol et candidat du Parti socialiste (PSOE) à sa réélection, Pedro Sanchez, fait un geste après les élections générales espagnoles au siège du PSOE à Madrid, le 23 juillet 2023

Le leader du Partido Popular Núñez Feijóo est apparu publiquement pour annoncer sa victoire en termes de nombre de sièges et de votes et a demandé à tous les partis rivaux de ne pas bloquer son gouvernement en tant que parti ayant obtenu le plus de votes, afin d'essayer d'abord d'obtenir l'investiture, mais ses chances de la faire passer sont pratiquement nulles. Lors du premier vote, il n'obtiendrait pas la majorité absolue et, lors du second, toutes les forces qui ont soutenu Pedro Sánchez jusqu'à présent seraient en mesure d'imposer leur "non" aux "oui" qui soutiendraient inévitablement le leader populaire.  

De son côté, Pedro Sánchez peut compter sur les partis nationalistes et indépendantistes qui exigeraient diverses contreparties, mais il a besoin du soutien souterrain de Junts Per Catalunya, qui a déjà annoncé qu'il ne soutiendrait ni le PSOE ni le PP, même si le projet de loi à transmettre à Pedro Sánchez pour son abstention lors d'un second tour d'investiture pourrait signifier un certain accès à un référendum d'indépendance à la limite de l'inconstitutionnalité

PHOTO/AFP/THOMAS COEX - Le chef du parti espagnol VOX, Santiago Abascal, prononce un discours après les élections générales espagnoles au siège du parti à Madrid, le 23 juillet 2023

Ainsi, le futur panorama politique est envisagé avec deux options possibles : un blocage institutionnel pour former un nouveau gouvernement et aller à de nouvelles élections, ou un gouvernement socialiste plus dépendant des nationalistes et des indépendantistes, avec l'ombre difficile de Junts per Catalunya et du référendum d'indépendance qui plane au-dessus de sa tête.