Le Premier ministre du Soudan se rend en Ethiopie préoccupé par le conflit armé dans la région frontalière du Tigré
Le Premier ministre du Soudan, Abdalla Hamdok, a effectué une brève visite en Éthiopie dimanche dernier, au cours de laquelle il a abordé plusieurs questions qui préoccupent les deux pays. L'une des questions soulevées par M. Hamdok est la médiation entre le gouvernement éthiopien et le Front populaire de libération du Tigré (FPLT), en guerre depuis le 4 novembre. La résolution du conflit revêt une importance particulière pour le Soudan, qui partage une frontière avec la région du Tigré.
Le gouvernement éthiopien n'a toutefois pas mentionné avoir abordé cette question lors de la réunion. "Médier quoi", a déclaré le porte-parole du gouvernement éthiopien Billene Seyoum, interrogé par l'agence de presse Reuters sur l'offre du Soudan. Elle a poursuivi en disant que la confrontation militaire avait cessé avec la prise de Mekelle, la capitale du Tigré, et que l'administration intérimaire était maintenant en place. "Les restes de la clique criminelle ont fui", a-t-il ajouté, faisant référence au FLPT. Ce n'est pas la seule offre à cet égard que l'Éthiopie rejette, elle a même rejeté celle de l'Union africaine.
Les experts affirment que le Soudan pourrait utiliser son contrôle sur les points de passage de la frontière pour faire pression sur les parties au conflit afin qu'elles négocient, mais jusqu'à présent, il n'a montré aucun signe en ce sens.
Une question liée au conflit dont l'exécutif éthiopien a voulu parler est l'information reçue par le président du Comité du gouvernement, Lemma Tessema. Il a déclaré que les réfugiés éthiopiens sont revenus du Soudan après que les forces du FLPT aient soudoyé l'armée soudanaise pour qu'elle lance des attaques contre les civils. Tessema a également souligné que des éléments du FLPT ont fui vers des camps de réfugiés au Soudan et a appelé le gouvernement soudanais à assurer la sécurité des Éthiopiens qui s'y trouvent par crainte de représailles.
Entre 1991 et 2018, le FLPT, qui avait joué un rôle de premier plan dans la guerre civile, a fait partie de la coalition gouvernementale regroupée autour du Front démocratique révolutionnaire du peuple éthiopien (EPRDF). En 2019, le Premier ministre Abiy Ahmed a décidé de fusionner tous les partis en un parti nouvellement créé, le Parti de la prospérité, qui a été rejeté par le FLPT et s'est retiré de la coalition.
Depuis lors, la tension entre le gouvernement national et le FLPT n'a cessé de croître jusqu'à ce qu'elle explose le 4 novembre, lorsqu'Abiy Ahmed a ordonné une offensive militaire et décrété l'état d'urgence au Tigré, accusant le FLPT d'attaquer les troupes fédérales situées dans la région. Le FLPT a nié toute implication dans ces événements. Afin de faire face au conflit, Ahmed a choisi de démettre le leadership militaire et de placer à sa tête des accusations en faveur d'une intervention armée.
Ahmed a également affirmé que le gouvernement du FLPT se préparait à une confrontation militaire avec le gouvernement central depuis 2018 en détournant des fonds de développement pour acheter des armes lourdes.
Le gouvernement national éthiopien a déclaré la victoire le 29 novembre après que l'armée ait pris la capitale régionale, Mekelle. Le FLPT, pour sa part, poursuit le combat depuis les montagnes qui entourent la capitale.
La plupart des communications dans la région ont chuté et le gouvernement éthiopien a limité l'accès aux journalistes et aux agences d'aide humanitaire, ce qui rend difficile de déterminer le nombre de victimes. Malgré cela, l'ONU estime que des milliers de personnes sont mortes et que plus de 950 000 ont été déplacées, dont 50 000 au Soudan.
Le conflit au Tigré n'a pas été le seul sujet de dialogue entre la délégation soudanaise et le gouvernement éthiopien. Le Premier ministre éthiopien, Abiy Ahmed, a fait référence dans son compte Twitter à "une bonne entente sur plusieurs questions qui permettront d'accroître encore la coopération entre nos pays".
La réunion a permis de s'entendre sur des questions telles que la reprise des négociations sur le grand barrage de la Renaissance éthiopienne. Un projet que le Soudan craint de voir restreindre son accès aux eaux du Nil. Ils ont également convenu de convoquer une réunion de l'Autorité intergouvernementale pour le développement, un bloc régional d'Afrique de l'Est actuellement présidé par Hamdok.