Guillermo Lasso a convoqué des élections générales anticipées dans le cadre du procès en destitution dont il fait l'objet

Le président équatorien dissout le parlement

PHOTO/ARCHIVO - Guillermo Lasso, président de l'Équateur

Le président équatorien, le conservateur Guillermo Lasso, a décrété mercredi, au milieu du procès en destitution dont il fait l'objet, la dissolution de l'Assemblée nationale (Parlement), à majorité d'opposition, et la convocation d'élections générales anticipées, de sorte qu'il gouvernera par décret jusqu'à ce que son successeur prenne ses fonctions. 

Dans un message à la nation, Lasso a annoncé cette dissolution par le biais du mécanisme juridique connu sous le nom de "mort croisée" en raison de la "grave agitation interne et politique" dans le pays, après avoir comparu devant l'Assemblée mardi pour plaider sa défense contre l'accusation de détournement de fonds (embezzlement) formulée par l'opposition. 

La formule juridique dite de la "mort croisée", prévue par la Constitution de 2008, lui permet de dissoudre le Parlement au lieu d'attendre le deuxième jour de débat qui devait avoir lieu dans l'hémicycle pour voter ensuite la motion de censure, pour laquelle 92 voix sont nécessaires pour le destituer, soit l'équivalent des deux tiers de l'hémicycle.

"Grave crise politique" 

"L'Équateur a besoin d'un nouveau pacte politique et social qui lui permette de sortir de la grave crise politique dans laquelle il se trouve et qui, malheureusement, s'aggrave de jour en jour", a déclaré Lasso au début de son message. 

Il a souligné que la solution doit mettre fin à "une confrontation irrationnelle et inutile" et qu'il n'est pas possible d'aller de l'avant et d'affronter les profonds défis "auxquels nous sommes soumis par l'insécurité et le terrorisme avec une Assemblée dont le projet politique est de déstabiliser le gouvernement, la démocratie et l'État". 

Il a ajouté qu'au cours des deux dernières années, "un secteur de la politique nationale a tenté de renverser le gouvernement démocratiquement élu". 

Lasso a ajouté que le projet de déstabilisation "est monté d'un cran avec le blocage des initiatives législatives présentées par l'exécutif" et a affirmé que "tous les efforts du pouvoir législatif sont axés sur la déstabilisation du gouvernement par le biais d'une mise en accusation infondée". 

"Ils promeuvent un prétendu délit de détournement de fonds par omission qui n'existe pas dans notre législation, avec lequel ils veulent s'assurer que je suis politiquement responsable de ne pas avoir agi face à un prétendu cas de corruption", a-t-il déclaré à propos des accusations de l'opposition. 

Pour le président, il s'agit d'un "processus sans preuves, contradictoire, confus, illégal et illégitime, c'est le mécanisme de destitution du président". 

"Les accusateurs ont été obsédés par l'idée de faire tomber mon gouvernement, animés par une rancœur surhumaine. Cependant, ils ont été incapables de trouver la moindre preuve contre moi parce qu'il n'y a rien à trouver, absolument rien", a-t-il souligné. 

Le président a déclaré qu'il s'était efforcé "de faire du dialogue politique l'outil qui garantit la gouvernabilité (...), mais les attaques contre l'administration de ce gouvernement n'ont pas de limites". 

À titre d'exemple, il a indiqué que l'opposition avait activé 14 procès politiques de ministres "pour générer de l'instabilité au sein du cabinet et entraver le travail du gouvernement". 

Il a estimé qu'il s'agissait d'une "obstruction constante qui a généré une grave crise politique et une agitation interne, ce qui se traduit par un manque de confiance presque total de la société équatorienne envers l'Assemblée".

"Signer le décret" 

Lasso a assuré que, "pour offrir une issue constitutionnelle", il avait décidé d'appliquer l'article 148 de la Constitution de la République, qui lui confère le pouvoir de dissoudre l'Assemblée nationale "en raison d'une grave crise politique et d'un désordre interne". 

En outre, il a demandé au Conseil national électoral de convoquer immédiatement des élections législatives et présidentielles pour le reste des périodes respectives. 

"Il s'agit d'une décision démocratique, non seulement parce qu'elle est constitutionnelle, mais aussi parce qu'elle redonne au peuple équatorien le pouvoir de décider de son avenir lors des prochaines élections", a-t-il ajouté, indiquant que cela permettait au gouvernement de concentrer tous ses efforts sur la satisfaction des besoins de la famille équatorienne. 

"Dès aujourd'hui, sans blocages, le gouvernement national émettra une série de décrets-lois conformes au mandat souverainement exprimé", a-t-il déclaré, ajoutant qu'il avait déjà signé le premier décret-loi d'urgence économique visant à réduire les impôts et à renforcer l'économie. 

Lasso a souligné que les services publics continueront à fonctionner normalement, que les forces armées et la police nationale continueront à garantir la sécurité et que le secteur privé "dispose de toutes les garanties pour développer ses activités et continuer à contribuer à la croissance et au développement du pays".