Les relations entre Rabat et Paris sont en crise depuis plusieurs mois

La pression monte pour que la France reconnaisse la souveraineté marocaine sur le Sahara

PHOTO/ARCHIVE - Le roi Mohammed VI reçoit le président français Emmanuel Macron à Rabat

Après la reconnaissance par Israël de la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental, la pression monte pour que la France prenne la même décision. Une telle décision permettrait sans aucun doute de réparer et de renforcer les liens actuels entre Rabat et Paris. Les deux alliés historiques traversent une crise silencieuse suite à la décision de la France de réduire le nombre de visas pour les citoyens marocains en 2021. Cependant, malgré les tensions évidentes, les autorités des deux pays n'ont fait aucune allusion à l'impasse diplomatique actuelle. 

L'une des preuves que les relations entre Rabat et Paris ne sont pas au beau fixe est l'absence de l'ambassadeur marocain dans la capitale française, ainsi que la résolution du Parlement européen en janvier dernier critiquant la situation de la liberté de la presse au Maroc, considérée dans le Royaume comme un complot orchestré par des eurodéputés du parti du président français Emmanuel Macron.

Avant la résolution controversée du Parlement, il y avait déjà des tensions entre les deux pays à propos du scandale d'espionnage lié au programme israélien Pegasus. Le royaume nord-africain a été accusé par les médias internationaux d'avoir utilisé ce logiciel pour espionner les téléphones de plusieurs hommes politiques français, dont celui du président Macron, ce que Rabat a démenti. D'autre part, le fossé entre la France et le Maroc s'est creusé en raison de la décision de Paris de se réconcilier avec l'Algérie après des années de désaccords.  

AFP/LUDOVIC MARIN - Le président français Emmanuel Macron (à gauche) assiste à un banquet offert par le président algérien Abdelmadjid Tebboune (à droite) au palais présidentiel à Alger

Aujourd'hui, avec la décision d'Israël sur le Sahara, le Maroc reproche à la France de ne pas suivre l'exemple de Jérusalem et de ne pas reconnaître la "marocanité" de la région, une "question nationale" pour le Royaume, comme le souligne Al-Arab : "La position de la France est importante parce que la position européenne en dépend. On peut donc s'attendre à une pression accrue de Rabat sur Paris", explique Aziz Boucetta sur son site, Panorapost.  

D'autre part, Abou Al-Mughith Benmasoud, professeur de sciences politiques, indique au quotidien arabophone que les relations avec les puissances internationales sont perçues au Maroc "à partir de la position qu'elles ont sur le Sahara". Cette région, dont Rabat contrôle la majeure partie du territoire, est disputée entre le Royaume et le Front Polisario, soutenu par l'Algérie, qui réclame un référendum d'autodétermination.  

L'Elysée estime que sa position sur cette question est "claire et cohérente" et qu'elle est fondée sur la recherche d'une "solution politique juste, durable et mutuellement acceptable, conformément aux résolutions du Conseil de sécurité des Nations unies". De même, la France considère le plan d'autonomie de Rabat comme "sérieux et crédible", ce qui a été souligné à plusieurs reprises par de hauts responsables français, comme l'ambassadeur de France à Rabat, Christophe Lecourtier, qui a rappelé lors d'une récente interview à L'Economiste que la position de Paris était, depuis le début, "clairement en faveur du Maroc"

Cependant, le Royaume espère un soutien plus clair et plus fort. Plusieurs médias marocains critiquent ce qu'ils considèrent comme une "duplicité" de la part de Paris sur le Sahara occidental afin de préserver ses intérêts économiques en Algérie. D'autres soulignent également les "tendances algériennes" de Macron ou la "froideur" de la position française sur la région. 

Hassan Aourid, professeur de sciences politiques à l'Université Mohammed V de Rabat et ancien porte-parole du Palais Royal - cité par Al-Arab - considère que le contexte international et régional a changé, et que l'approche française "doit tenir compte de ces changements".  

Plusieurs politiciens et diplomates français de droite ont salué la décision d'Israël et appelé à une réaction forte du président Macron pour "résoudre cette question stratégique", comme l'a tweeté Éric Ciotti, président du parti de droite Les Républicains.   

Malgré la situation diplomatique actuelle défavorable entre le Maroc et la France, les deux pays continuent de coopérer dans divers domaines tels que le commerce, l'économie, l'investissement, le tourisme et l'éducation.