Un conseil nommé par le CNSP militaire sélectionnera le président intérimaire

Les putschistes maliens prolongent la transition et cherchent un siège dans le gouvernement intérimaire

AFP/MALIK KONATE - Le colonel Assimi Goita s'adresse à la presse au ministère de la Défense du Mali à Bamako, le 19 août 2020

Le dialogue national entre la junte militaire, qui a pris le pouvoir au Mali après le coup d'État du 18 août, et les forces politiques du pays a permis de convenir d'un plan de transition de 18 mois qui laisse la porte ouverte aux militaires pour diriger le gouvernement intérimaire.

Le porte-parole du dialogue national, Moussa Camara, a expliqué que ce plan de transition, élaboré après trois jours de négociations, commence par la nomination d'un président intérimaire et de son vice-président par un conseil élu par le Comité national pour le salut du peuple (CNSP, militaires), qui a mené le coup d'Etat contre l'ancien président Ibrahim Boubacar Keita.

« Tout candidat au poste de président ou de vice-président de transition doit être un Malien d'origine et de nationalité, civil ou militaire, âgé de 35 à 70 ans (...) », a déclaré M. Camara.

Le document laisse ouverte la possibilité qu'un militaire dirige la transition, ce qui a été rejeté par le plus grand groupe d'opposition au régime précédent, le M5-RFP, et la Communauté des États d'Afrique de l'Ouest (CEDEAO, l'organisme régional auquel appartient le Mali), qui exige également que la prochaine étape dure moins d'un an.

Lors de ses premiers entretiens avec les envoyés de la CEDEAO après le coup d'État, la junte militaire a suggéré une transition de trois ans.

Les partis politiques, les syndicats, les groupes professionnels et de presse, les représentants des régions et les acteurs de la société civile, ainsi que les représentants des Maliens de l'étranger ont pris part au dialogue qui s'est conclu ces dernières heures.

Des membres du groupe d'opposition M5-RFP, un acteur clé dans la lutte contre le régime précédent et qui a ouvertement soutenu le coup d'État, y ont également pris part, parmi lesquels l'éminent chef religieux Imam Mahmoud Dicko, ainsi que des représentants de la Coordination des mouvements azawadiens (CMA).

Les participants se sont également accordés sur le rétablissement de la défense et de la sécurité sur l'ensemble du territoire malien, la promotion de la bonne gouvernance, la refondation du système éducatif, la réforme politique et institutionnelle, l'adoption d'un pacte de stabilité sociale et la tenue d'élections générales.

Selon le document signé, le dirigeant intérimaire nommera un gouvernement de transition de 25 membres, dirigé par un premier ministre nommé par le président de transition.

La feuille de route prévoit également la formation d'un organe législatif appelé « Conseil national de transition », composé de 121 membres représentant les différentes forces nationales qui ont pris part au dialogue qui s'est achevé samedi.

Le document de transition ne mentionne à aucun moment l'accord de paix inter-malien, paraphé en 2015 à Alger entre le gouvernement et les groupes armés touaregs du nord du pays comme le CMA, qui avait demandé que les conclusions de cet accord régissent les relations entre le coordinateur et les putschistes.

Après l'adoption du document de transition, les membres du M5-RFP ont été vus célébrer la victoire dans les couloirs du Centre national de conférence de la capitale Bamako, où se sont tenues les sessions du dialogue national, présidées par le président du CNSP, le colonel Assimi Goita.

Cependant, la dirigeante du M5-RFP, Kadiatou Sow, a exprimé son mécontentement, estimant que le projet de feuille de route ne prenait pas en compte toutes les demandes de sa circonscription, mais elle a finalement accepté les conclusions finales du dialogue.

Selon les observateurs à Bamako, la junte militaire au Mali attend, après avoir obtenu un soutien interne au plan de transition, la réaction de la CEDEAO et des puissances internationales au contenu de la feuille de route issue du dialogue national.