Rapprochement entre le Maroc et l'Iran ?

Image du drapeau iranien - REUTERS/LEONHARD FOEGER
Les relations entre les deux pays ont été tendues ces dernières années en raison de la proximité de l'Iran avec le Front Polisario 

Plusieurs informations font état d'un possible rapprochement diplomatique entre le Maroc et la République islamique d'Iran, après des années de désaccords sur le soutien présumé du régime des Ayatollahs au Front Polisario indépendantiste, rival politique du royaume marocain sur une question aussi importante que la souveraineté du Sahara occidental.

À plusieurs reprises, la République islamique a été liée au Front Polisario, qui a également été lié à d'autres occasions au Hezbollah, un groupe politique chiite libanais et une milice armée étroitement liés au régime des ayatollahs, qui est le grand porte-drapeau de la branche chiite de l'islam au Moyen-Orient. 

Le Maroc a rompu ses relations avec la République islamique d'Iran en 2018 en raison des liens présumés tissés entre le Front Polisario et le Hezbollah, qui est étroitement lié à l'Iran, ce qui a eu des répercussions négatives sur le royaume marocain, comme l'ont indiqué divers analystes.

Dans ce scénario, l'Iran a toujours souligné qu'il n'avait aucun problème avec le pays nord-africain et qu'aucune rupture des relations n'avait jamais été initiée de sa part. Toutefois, les relations étaient tendues en raison de liens présumés avec le Front Polisario. L'année dernière, certains rapports ont suggéré que l'Iran aurait armé le Front Polisario avec des drones, ce que le régime des Ayatollahs a démenti. 

Membre du Front Polisario dans les camps de Tindouf (Algérie) - PHOTO/FILE

Plusieurs questions ont été posées sur les relations entre deux pays musulmans, le Maroc et l'Iran.

Différentes sources indiquent aujourd'hui qu'une réunion a eu lieu entre des responsables des deux administrations afin d'explorer les moyens de renforcer les liens politiques, ce qui est d'autant plus pertinent que le royaume marocain professe la foi islamique sunnite, par opposition à la foi chiite parrainée par l'Iran. Cette rencontre s'est déroulée dans le contexte d'autres réunions du côté perse avec des représentants d'autres nations telles que l'Arabie Saoudite, principal représentant de la branche sunnite de l'islam dans le Golfe, et Oman, pays de la péninsule arabique connu pour son rôle de neutralité et de médiation dans la région.

Le gouvernement iranien a réagi à ces informations en déclarant que Téhéran n'avait jamais pris l'initiative de rompre les relations et qu'il cherchait toujours à améliorer les liens avec les nations voisines. » L'Iran a toujours salué l'amélioration et l'expansion des relations avec les pays voisins régionaux et islamiques », a déclaré le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères, Ismail Baqaei, selon le média iranien Entekhab. 

« L'histoire de nos relations avec le Maroc est claire. L'Iran n'a jamais pris l'initiative de rompre les liens. Conformément à notre politique de longue date, nous sommes toujours favorables à l'amélioration des relations avec les pays sur la base des principes de sagesse, de dignité et d'opportunité », a affirmé Ismail Baqaei.

Selon diverses sources, un responsable iranien a rencontré des représentants marocains pour explorer la voie du rétablissement des liens entre les deux nations.

Tout cela en tenant compte du fait que la République islamique a été ciblée par la sphère marocaine pour avoir fourni des armes au Front Polisario dans ses campagnes de menaces et d'agression contre les intérêts marocains en relation avec la question du Sahara occidental.

L'Iran a nié cette relation directe et son rôle de fournisseur du Front Polisario au fil des ans, bien que le Maroc ait insisté sur ce point, au point qu'en 2018, le ministre marocain des Affaires étrangères, Nasser Bourita, a déclaré que le Maroc a fourni des preuves détaillées des liens entre le Front Polisario et Téhéran à travers la relation du régime des Ayatollahs avec la milice chiite libanaise Hezbollah. 

Nasser Bourita, ministre marocain des Affaires étrangères - PHOTO/X/@MarocDiplomatie

Tout cela à la lumière du fait que l'Iran a également été pointé du doigt par diverses parties pour sa belligérance et son ingérence dans les affaires intérieures d'autres États par l'intermédiaire de groupes chiites apparentés, comme dans le cas susmentionné du Hezbollah au Liban, des Forces de mobilisation populaire en Irak et des rebelles houthis au Yémen.

La question des liens présumés entre l'Iran et le Front Polisario revêt une grande importance pour le Maroc en raison du problème posé par l'organisation du Polisario en tant que menace pour l'intégrité territoriale marocaine dans le cadre de la question du Sahara occidental.

Le Maroc propose un plan d'autonomie pour le Sahara occidental pour le territoire sahraoui, qui resterait sous la souveraineté marocaine, en respectant les résolutions des Nations unies (ONU) dans le but de développer le territoire autant que possible dans tous les domaines.

La proposition d'autonomie du royaume marocain est soutenue par plus de 100 pays, qui la considèrent comme la manière la plus sérieuse, crédible et réaliste de résoudre le différend sahraoui, qui dure depuis près de cinq décennies, depuis que l'Espagne a quitté la région en tant que puissance coloniale. 

Poste de contrôle frontalier entre le Maroc et la Mauritanie à Guerguerat au Sahara Occidental - AFP/FADEL SENNA

À cette proposition s'oppose l'opposition du Front Polisario, qui propose un référendum sur l'indépendance du peuple sahraoui, qui bénéficie d'un soutien international moindre et serait difficile à mettre en œuvre en raison de problèmes tels que l'élaboration du recensement et l'évaluation des Sahraouis à inclure dans le référendum, sachant que nombre d'entre eux se trouvent dans les provinces dites du sud du Maroc et que d'autres vivent dans des conditions difficiles dans des camps de réfugiés en Algérie, pays qui soutient le Front Polisario et qui est un rival politique direct du royaume marocain au Maghreb.

L'avenir dira si les derniers contacts entre les représentants marocains et iraniens peuvent aboutir au rétablissement des relations diplomatiques entre les deux nations en vue d'une normalisation de la situation entre deux pays de la sphère musulmane, le Maroc et l'Iran.