Face à Alger, qui prévoit d'adopter un budget qui double ses dépenses actuelles l'année prochaine

Rearme marroquí en respuesta a Argelia: 3,6% más de gasto en defensa para 2023

PHOTO/FAR - Rabat a acquis de nouveaux avions de combat F-16

La ministre marocaine de l'Économie et des Finances, Nadia Fettah, a présenté à la Chambre des représentants les budgets adoptés par le Conseil des gouverneurs pour 2023. Le Conseil allouera 5,2 milliards de dollars au portefeuille de la défense. 

Dans la ventilation du document présenté par le ministère de Fettah mercredi, le plafond de dépenses autorisé à l'administration de la défense, un secrétariat d'État relevant de la présidence au Maroc, s'élève à 11,03 milliards de dollars pour 2023. Ces dépenses sont destinées à "l'acquisition et la réparation d'équipements pour les Forces Armées Royales", ce qui signifie qu'il s'agit du capital total destiné à l'acquisition de nouveaux systèmes d'armes et à l'entretien de ceux déjà en possession des forces marocaines. 

En 2022, cette même section de la loi budgétaire annuelle s'élève à 10,64 milliards, soit une augmentation d'environ près d'un milliard de dollars des budgets. 

Ce chiffre ne représente pas les dépenses de défense du Maroc, mais plutôt le montant que le portefeuille d'Abdeltif Loudyi est autorisé à dépenser, en tenant compte des crédits, en plus des excédents du budget de l'année précédente. Ce montant, qui est bien plus élevé que le budget de la défense du Maroc, indique qu'il n'y a pas eu suffisamment d'achats d'ici 2022 pour dépenser la totalité du budget consacré à l'acquisition et à la maintenance des systèmes d'armes. 

Cependant, le Maroc a de grands projets pour sa défense aérienne, un projet dans lequel il compte notamment sur la participation de l'industrie israélienne, qui a conclu d'importants accords de coopération avec le gouvernement marocain. L'armée de l'air marocaine devrait également recevoir prochainement ses mises à niveau du bloc 72 Viper pour son escadron de F-16. Les chiffres du plafond de dépenses peuvent indiquer que les achats n'ont pas encore été effectués et que cet équipement n'est pas encore en possession de l'armée marocaine. 

Avec cette augmentation de 3,6 % par rapport à l'année précédente, la Défense est une fois de plus le portefeuille ministériel qui dépense le plus après l'Éducation nationale, la Pré-scolaire et les Sports, qui est habituellement en tête de ce classement. 

Les dépenses de maintenance et d'innovation ne sont pas les seules à croître. Selon le document présenté par le gouvernement Akhannouch au parlement, il y aura 7000 nouveaux postes de recrutement soumis au budget public pour l'administration de la défense. Ils peuvent être traduits en nouvelles recrues et en divers agents employés au secrétariat d'État de Loudyi.

Le financement de la défense, en revanche, poursuit sa tendance à la hausse. Le Maroc fait partie du club international restreint qui consacre plus de 4 % de son produit intérieur brut à la défense. En comparaison, seuls neuf membres de l'alliance de l'OTAN dépassent le seuil de 2 % du PIB pour la défense, et seuls deux d'entre eux s'approchent des 4 % : la Grèce et les États-Unis avec respectivement 3,76 % et 3,47 % en 2022

Le Maroc, en confrontation constante avec l'Algérie, a fait un bond considérable dans ses dépenses militaires de 2019 à 2020, lorsqu'il est passé de 3,1 % à 4,5 %, le plus grand saut annuel des deux dernières décennies. 
 
Depuis Alger, une augmentation significative des dépenses de défense est prévue. Selon le document distribué la semaine dernière aux parlementaires algériens pour qu'ils le votent et l'approuvent, le gouvernement Tebboune veut allouer 23 milliards de dollars à la défense, soit plus du double de ce qu'il dépensait dans les années 2010. 

Ce projet de loi ne sera pas débattu, comme c'est la norme en Algérie avec les lois sur la défense et la sécurité nationale. La croissance des dépenses algériennes s'explique par le grand pouvoir que les forces armées ont sur la politique algérienne, surtout depuis la redistribution des cartes qui a suivi l'éviction de Bouteflika. 

L'Algérie pourrait utiliser cette augmentation des dépenses de défense pour renforcer ses accords avec des industries de défense autres que la Russie afin de contourner d'éventuelles sanctions américaines et d'avoir une position plus ambiguë sur l'échiquier international marqué par le clivage Ouest-Est et la guerre en Ukraine. 

Parmi ces nouveaux fournisseurs de l'Algérie, la Turquie se distingue clairement. On sait déjà que les drones d'attaque MALE Aksungur seront vendus à l'armée de l'air algérienne, ce qui en fait le premier acheteur international de ce produit, qui dépasse de loin les capacités du Bayraktar marocain. 

L'augmentation des dépenses pourrait également débloquer certains dossiers en suspens depuis longtemps au parlement algérien, tels que les pensions et les indemnités pour les anciens combattants et les blessés de la guerre civile algérienne.