La ville de Bangassou, à la frontière avec la République démocratique du Congo, est tombée aux mains des rebelles, selon la MINUSCA

Les rebelles prennent le contrôle d'une ville minière en République centrafricaine

AFP/ ALEXIS HUGUET - Sur cette photo prise le 16 août 2017, des combattants anti-Balaka patrouillent dans la paroisse de Gambo, dans le sud-est de la République centrafricaine

Les hostilités en République centrafricaine se poursuivent. Le week-end dernier, deux nouvelles attaques ont été perpétrées par les rebelles de la Coalition des patriotes pour le changement (CPC), qui se sont soulevés contre le gouvernement de Faustin Touadera début décembre et ont été accusés de tenter un coup d'État avec le soutien politique de l'ancien président Bozizé.

Les attaques auraient eu lieu dans les villes de Damara et Bangassou, avec des résultats variables. Dans le cas de l'attaque de Damara, à quelque 80 kilomètres au nord de la capitale, le CPC a voulu donner un symbole à son avancée, car cette localité est le bastion de l'actuel président, en attendant les résultats définitifs des dernières élections. La MINUSCA a cependant pu, dans ce cas, repousser l'attaque, selon les membres de la mission de l'ONU.

En ce qui concerne Bangassou, le résultat a été différent. Selon le chef du bureau régional de la MINUSCA dans la ville, Rosevel Pierre Louis, les rebelles contrôleraient cette importante ville minière après l'attaque aux premières heures du dimanche matin. Bangassou est une cible attrayante car elle possède une mine de diamants.

Si l'attaque de Damara avait un sens politique, l'attaque de cette ville a un sens économique, et montre que la stratégie des rebelles est de harceler le gouvernement actuel et, dans ce cas, de l'étouffer économiquement en contrôlant les mines de minerais.

L'enclave de Bangassou est plus éloignée de Bangui que de Damara, puisqu'elle se trouve à plus de 700 kilomètres de la capitale centrafricaine. Les rebelles du CPC avaient donc plus de chances de réussir, car les efforts se concentrent sur la prévention de l'approche des rebelles de la capitale, comme cela s'est produit en 2013, ce qui a entraîné le départ de Bozizé du pouvoir.

Cet endroit avait déjà été la cible d'attaques à de précédentes occasions en raison des possibilités économiques qu'il offre. Selon la MINUSCA, les troupes centrafricaines ont trouvé refuge dans la base des Nations Unies, donc, bien qu'il n'y ait pas de données définitives, au moins cinq rebelles et deux membres des forces centrafricaines sont morts selon la dernière déclaration. Médecins Sans Frontières affirme avoir transféré au moins quinze autres personnes blessées dans les combats.

Les résultats de l'élection présidentielle ne seront pas officiels et définitifs avant le 18 janvier, date à laquelle on saura si un second tour sera nécessaire. Cependant, le parti de Touadera s'est déjà déclaré vainqueur, ce qui aurait pu inciter les attaques de ce week-end. La candidature de l'ancien président Bozizé a été annulée par la Cour constitutionnelle car il est accusé de crimes et de torture par les Nations unies alors qu'il était en charge du pays.

Bien que Bozizé ait initialement accepté la décision de la Cour centrafricaine, l'augmentation de la violence et l'émergence du CPC lui ont immédiatement été associées, afin de répondre à sa disqualification en tant que candidat aux élections. François Bozizé a exhorté la coalition d'opposition dont son parti fait partie à présenter un seul candidat, mais son refus facilitera la réélection plus que probable de Touadera.

Au cours des élections, près d'un cinquième des bureaux de vote n'ont pas pu être ouverts en raison de la violence, ce que l'opposition lie également au truquage du gouvernement centrafricain actuel. Le porte-parole de la MINUSCA, en revanche, a exprimé son soutien au gouvernement actuel et à la manière dont le jour des élections a été géré, qualifiant les accusations de l'opposition de fausses et non fondées.

La République centrafricaine connaît à nouveau une période de violence, après que les accords conclus ces dernières années avec les groupes rebelles sélékas (musulmans) et anti-balakas (chrétiens) aient donné une certaine stabilité aux zones rurales du pays, les principales touchées par la violence civile, ethnique et religieuse. Cette augmentation de la violence a obligé le Rwanda et la Russie à envoyer des troupes pour soutenir le gouvernement de Touadera et, dans le cas des Russes, pour protéger les intérêts des entreprises publiques qui exploitent les ressources minérales du pays.