La République centrafricaine nomme un nouveau premier ministre après la démission du gouvernement de bloc
L'ancien ministre des Finances Henri Marie Dondra a été nommé nouveau Premier ministre de la République centrafricaine (RCA), après la démission jeudi de son prédécesseur Firmin Ngrebada et de l'ensemble du gouvernement.
Selon un décret publié vendredi dernier, M. Dondra a été nommé "premier ministre" et "chef du gouvernement" par le président centrafricain, Faustin Archange Touadéra.
Le nouveau dirigeant, considéré comme proche de Touadéra, est connu pour sa connaissance des programmes internationaux d'aide et de financement, très importants pour la RCA, l'un des pays les plus pauvres du monde.
M. Dondra a pris ses fonctions après la démission de M. Ngrebada et de l'ensemble de son gouvernement jeudi, à un moment où le pays est engagé dans des combats contre des groupes rebelles et est en crise avec la France, ancienne métropole et alliée traditionnelle.
Ancien chef d'état-major de Touadéra, Ngrebada occupait le poste de Premier ministre depuis février 2019, après avoir participé à la rédaction d'un accord de paix signé ce mois-là à Khartoum avec quatorze groupes armés pour mettre fin à la guerre civile qui sévit dans le pays.
Cette démission a été annoncée alors que la France a suspendu cette semaine son aide militaire et sa coopération en RCA, dont l'armée est soutenue par la Russie, accusant le gouvernement centrafricain de ne pas avoir mis fin aux "campagnes de désinformation massives" contre le pays européen.
Les désaccords ont été déclenchés après qu'un citoyen français, Juan Remy Quignolot, a été arrêté à Bangui, capitale du pays, en mai dernier et qu'une photo de lui avec un arsenal d'armes a été diffusée sur les réseaux sociaux.
Ce mercredi, les procureurs de la RCA ont inculpé Quignolot d'espionnage, de conspiration et d'atteinte à la sécurité nationale.
La RCA subit des violences systémiques depuis fin 2012, lorsqu'une coalition de groupes rebelles à majorité musulmane - la Séléka - s'est emparée de Bangui et a renversé le président François Bozizé après dix ans de gouvernement (2003-2013), déclenchant une guerre civile.
En guise de résistance aux attaques de la Séléka, des milices chrétiennes anti-balaka se sont formées, qui, comme le premier groupe, ont fini par se fragmenter en une myriade de factions armées.
Aujourd'hui, malgré la signature de l'accord de paix historique de 2019, les deux tiers du pays - riche en diamants, uranium et or - sont toujours contrôlés par des milices et les violences ont déjà entraîné la mort de milliers de personnes et le déplacement de plus d'un million d'autres.
Depuis les élections présidentielles du 27 décembre, remportées par Touadéra, les six groupes armés appartenant à la Coalition des patriotes pour le changement (CPC), formée peu avant les élections, ont attaqué différentes régions du pays.
Le 13 janvier, ces milices qui, selon Touadéra et les Nations Unies, ont le soutien politique de Bozizé - ce que ce dernier dément - ont tenté une nouvelle fois de prendre Bangui lors d'une attaque repoussée par l'armée, les troupes russes et rwandaises et la mission des Nations Unies.