Retailleau revient à la charge : révision des visas et gel des avoirs pour les citoyens algériens résidant en France
Fin de la trêve entre l'Algérie et la France. Après des mois de disputes et une pause diplomatique, les deux pays remontent les échelons dans le conflit suite aux propositions du ministre français de l'Intérieur, Bruno Retailleau, devant le Conseil français, qui comprennent le gel des avoirs et la révision des politiques de visas pour les citoyens algériens résidant sur le territoire français.
Selon les autorités françaises, cette décision fait suite à l'annonce du ministère algérien des Affaires étrangères condamnant les actions de la France comme une violation flagrante des conventions internationales et des accords bilatéraux. Ces mesures toucheront tous les citoyens algériens résidant en France de la même manière, qu'ils soient ou non hauts fonctionnaires, politiciens, militaires ou agents de sécurité, ainsi que les hommes d'affaires ou le corps diplomatique.
Depuis le début du conflit en novembre dernier, suite à l'emprisonnement en Algérie de l'écrivain franco-algérien Boualem Sansal, atteint d'un cancer, 44 personnes au total ont été touchées par les nouvelles « lois Retailleau » et la liste devrait atteindre 80 personnes dans les prochains jours.
Ces mesures ne sont qu'une première étape, car le ministère de l'Intérieur envisagerait de renforcer les mesures face au refus de l'Algérie d'accueillir les citoyens résidant en France mais qui ont reçu l'ordre de quitter le pays.
Cependant, les contradictions se multiplient au sein même de l'Élysée. Alors que Retailleau maintient le discours de « la fin des bonnes intentions et de la volonté diplomatique », le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, a souligné à plusieurs reprises que si la bonne volonté prend fin, la voie diplomatique sera alors épuisée. Mais en outre, en moins de deux semaines, trois hauts fonctionnaires français ont exprimé dans les médias des opinions divergentes sur la question.
Et ils ne sont pas les seuls. Le ministre délégué français à la Francophonie et aux Relations internationales, Mohamed Soilihi, a déclaré que « Paris a décidé d'abandonner l'hostilité publique car c'est une voie inutile, et les condamnations ne font qu'aggraver la situation ».
Quelques semaines auparavant, les médias français avaient annoncé que les avoirs de 18 personnalités algériennes, dont des hauts fonctionnaires présidentiels et militaires, avaient été gelés en France. Selon certaines informations, cette mesure s'inscrivait dans le cadre d'un plan plus vaste visant à cibler jusqu'à 802 citoyens algériens possédant des biens dans le pays.
Cependant, cette série d'interventions de membres du gouvernement n'a pas freiné les aspirations de Retailleau, qui maintient sa rhétorique anti-algérienne et continue d'appeler son propre gouvernement à « revenir avec fermeté et à ne pas changer de ton face aux prétentions du gouvernement d'Abdelmadjid Tebboune ».
Des aspirations qu'il a réaffirmées dans une interview accordée au journal français Le Figaro, où il a révélé que la France « refusera de reconnaître les passeports des citoyens algériens » et « ordonnera aux gouverneurs des différentes régions du pays de ne pas accepter ces documents ».
L'Agence de presse algérienne, dépendante du gouvernement, a réagi en qualifiant cette décision de grave violation des droits des citoyens algériens et en déclarant que la décision du ministre français était « arbitraire, discriminatoire et constituait un abus de pouvoir, car elle contredit explicitement la législation française elle-même. Pour son auteur, cette déclaration a une dimension politique évidente, en plus d'être dépourvue de fondement juridique et de ne reposer sur aucune norme du droit français ». Le refus de les reconnaître, comme l'a suggéré Retailleau, violerait les droits individuels et constituerait un nouveau manquement aux obligations bilatérales de la France.
Pendant ce temps, des dizaines de milliers de citoyens algériens attendent toujours en France, craignant que, si les décisions du gouvernement français se radicalisent, ils soient contraints de retourner dans leur pays.