Shehbaz Sharif proposé pour remplacer Khan après le succès de la motion de censure au Pakistan
L'opposition pakistanaise a désigné dimanche Shehbaz Sharif, frère du leader en exil et ancien président Nawaz Sharif, comme candidat au poste de Premier ministre à l'Assemblée nationale, dont la majorité a évincé du pouvoir le charismatique Imran Khan.
Shehbaz Sharif, président de la Ligue musulmane du Pakistan (PML-N) et chef de l'opposition à l'Assemblée nationale (chambre basse), apparaît ainsi comme le prochain chef de gouvernement désigné pour achever le mandat de Khan, qui devait se terminer à la mi-2023.
Le parti au pouvoir, le Pakistan Tehreek-e-Insaf (PTI), qui est maintenant dans l'opposition, a nommé Shah Mahmood Qureshi, qui était jusqu'à hier le ministre des affaires étrangères du gouvernement PTI et qui a défendu Khan jusqu'à la dernière minute.
"Shehbaz Sharif a soumis ses papiers de nomination au nom de l'opposition conjointe au président de la Chambre et Shah Mahmood Qureshi a soumis les papiers pour le PTI", a déclaré à Efe Khalid Hussain, un membre du secrétariat parlementaire.
Shehbaz Sharif est précisément l'homme à l'origine de la motion de censure qui a réussi hier, avec le vote de 174 législateurs, à détrôner prématurément Khan du poste de premier ministre.
La séance de vote sur le nouveau premier ministre est prévue lundi à 11h00 (6h00 GMT), selon la chambre.
Le président de la PML-N dispose déjà d'une majorité virtuelle après avoir formé une alliance avec le parti d'opposition, le Parti du peuple pakistanais (PPP), le Jamiat Ulema-e-Islam (F), et le parti dissident, le Muttahida Qaumi Movement-P, qui a joué un rôle crucial dans la motion de défiance en rompant son alliance avec le parti de Khan.
"Nous ne nous vengerons de personne", a juré hier le leader de la Ligue musulmane après l'annonce des résultats de la motion contre son rival.
Le Pakistan en est arrivé là après deux semaines de turbulence, qui ont été marquées par la tactique de Khan visant à empêcher le vote sur la motion de défiance qui devait initialement avoir lieu le dimanche 3 avril.
Toutefois, dans le contexte d'une prétendue "conspiration internationale" et en référence à un article de la Constitution qui exigeait la loyauté envers l'État, le vote a été refusé.
Khan a ensuite demandé au président pakistanais Arif Alvi de dissoudre la chambre basse, ce qu'il a accepté, ce qui signifie que des élections anticipées seront organisées dans les 90 jours.
Cependant, jeudi dernier, la Cour suprême a déclaré cette mesure anticonstitutionnelle et a ordonné la tenue d'une nouvelle session du Parlement le 9 avril pour donner suite à la motion de défiance, un vote qui a eu lieu après minuit, à l'issue d'une journée de longs discours et d'ajournements continuels.
La motion a été adoptée par 174 des 342 législateurs (172 au moins étaient nécessaires), faisant de Khan le premier chef de gouvernement pakistanais à être démis de ses fonctions par le Parlement.
Khan a ainsi suivi le sort de tous les premiers ministres pakistanais depuis l'indépendance de l'empire britannique en 1947, aucun d'entre eux n'ayant pu terminer son mandat, que ce soit par un coup d'État, une démission ou un assassinat.