Soudan : le chemin de la paix prend racine
Depuis la signature de l'accord de paix entre le gouvernement soudanais et le Front révolutionnaire, le pays a cherché à émerger grâce à un pacte historique visant à réparer les dommages considérables causés par la guerre civile. L'accord constitutionnel, signé entre le Conseil militaire de transition et les Forces pour la liberté et le changement, stipulait une série de mesures à prendre afin de mener à bien le processus de paix.
Parmi les plus importantes, la composition du Souverain Conseil, composé de membres civils et militaires sous le mandat du général Abdel Fattah al-Burhan. Une autre des mesures clés était la mise en place d'un processus de paix dans les six premiers mois suivant la signature du pacte dans les régions en guerre : le Darfour, le Sud-Kordofan et le Nil Bleu.
Ainsi, le lieutenant général Abdel Fattah al-Burhan a publié un décret qui accorderait l'autonomie aux États du Nil Bleu et du Kordofan Sud. En outre, il est prévu que les autorités des deux régions auront le droit de recevoir un pourcentage de la richesse des deux États et la répartition de la représentation politique dans les municipalités et le gouvernement. En ce sens, cette disposition serait conforme à ce qui a été convenu dans l'accord, du moins aux promesses de "ramener la paix dans les régions".
En ce qui concerne la guerre au Soudan, l'accent a été mis sur le Sud-Soudan et le Darfour. Cependant, le Kordofan du Sud et le Nil Bleu, États limitrophes, ont été au centre de conflits distincts qui ont des racines profondes dans des affrontements remontant à plusieurs décennies. La marginalisation culturelle du Kordofan, qui compte une importante population appartenant aux tribus arabes Misseriya et Hawazma, ainsi que le pillage de ses ressources naturelles par le Nord, ont conduit à des affrontements aux conséquences humanitaires graves.
En 2011, après le référendum sur l'indépendance du Sud-Soudan et l'adoption d'un accord de paix global, le Sud-Kordofan et le Nil Bleu, ainsi que l'Abyei, étaient les régions oubliées. Par conséquent, leur chemin vers une plus grande autonomie s'est encore aggravé et, par conséquent, il allait être plus difficile d'empêcher le pillage des ressources naturelles.
En octobre dernier, à Juba, il a été convenu de convenir d'un ordre du jour général pour les négociations, dans lequel il a été convenu d'autoriser l'accès des travailleurs humanitaires aux zones contrôlées par les rebelles, ainsi que la signature d'une déclaration de cessation des hostilités.
Dans cette ligne, l'accord de paix a mis fin à 17 ans de guerre. Parallèlement, l'Opération hybride Union africaine-Nations unies au Darfour, connue sous l'acronyme MINUAD, a commencé à réduire sa présence dans la région après la suspension officielle de la mission le 31 décembre. Les autorités locales ont progressivement réoccupé le quartier général où était basé le personnel de la mission au Darfour. Suite à ce processus, plusieurs casernes ont été pillées, selon des sources internes.
Selon le chef de l'équipe chargée des procédures de sortie de la mission, le général Muhammad Abkar, ces pillages ont lieu parce qu'"il y a ceux qui incitent les citoyens à piller le siège de la mission, ce qui rend nécessaire de prendre des mesures pour perdre l'opportunité de la paix".
Après l'expiration du mandat de la mission, les autorités soudanaises ont confirmé qu'elles étaient "déterminées à protéger le territoire avec leurs éléments sécuritaires et militaires locaux, ainsi qu'à former une force conjointe pour faire face à l'insécurité dans le pays".
Ces décisions et mesures interviennent quelques semaines après que les autorités de transition ont élargi le cercle des garants régionaux et internationaux de l'accord de paix. La signature de l'accord par les Etats de la Troïka a suscité des réactions positives de la part des Etats-Unis, de l'Angleterre et de la Norvège, témoins de l'accord, dans ce qui serait un signe du soutien nécessaire à l'Autorité de transition. Dans cette ligne, il est prévu de progresser sur les dispositions du dispositif de sécurité, le retour des personnes déplacées, le partage des richesses et l'extradition des suspects de crimes de guerre vers la Cour pénale.
La semaine dernière, le Premier ministre soudanais Abdullah Hamdok a procédé à un remaniement limité des gouverneurs des États, avec des mouvements armés dans les États du Darfour Nord et Ouest (dans la région occidentale) et du Nil Bleu (dans le sud-est), conformément à l'accord de paix.
D'autre part, le Bureau des Nations unies pour la coordination des affaires humanitaires au Soudan a averti que d'ici la fin de l'année, 9,3 millions de personnes dans le pays auraient besoin d'une aide humanitaire. En outre, il est difficile de connaître le bilan officiel des décès causés par le conflit. Les sources officielles avancent le chiffre officiel de 400 000 morts, mais les chiffres pourraient être plus élevés.
Ainsi, le processus de paix au Soudan reste la note clé qui marque l'avenir du pays. Bien que les mesures soient lentes et difficiles à mettre en œuvre, les dernières décisions, avec maintenant l'autonomie du Nil Bleu et du Kordofan Sud, montrent que la paix commence progressivement à s'installer dans une région qui, depuis sa courte existence en tant qu'État, n'a connu que la guerre.