Tout en continuant à participer à des accords communs avec d'autres nations

Le Tchad ne participera pas seul aux missions antijihadistes étrangères

PHOTO/AP - G5 Sahel

Le gouvernement du Tchad a déclaré ce jour qu'il n'enverra pas ses soldats individuellement dans des missions antijihadistes dans le bassin du lac Tchad, mais a précisé qu'il continuera à participer à des opérations conjointes avec d'autres pays, comme celles de la force mixte du G5 pour le Sahel.

Cette semaine, le Tchad a lancé l'une des plus importantes opérations antijihadistes sur la frontière avec le lac Tchad, appelée « Colère de Boma », au cours de laquelle 52 soldats tchadiens et un millier de djihadistes ont été tués, selon le colonel Azem Bermendoa Agouna, porte-parole de l'armée tchadienne.

Suite à cette mission, le président tchadien Idriss Deby a déclaré vendredi dernier  qu'« ils s'étaient sentis très seuls dans la lutte contre (le groupe djihadiste) Boko Haram », et que les soldats étaient morts en essayant de défendre le lac Tchad et le Sahel. « A partir d'aujourd'hui, aucun soldat tchadien ne participera à une opération militaire étrangère », a déclaré M. Deby dans un discours télévisé.

Toutefois, le ministère des affaires étrangères a précisé dimanche que la décision s'applique aux missions unilatérales du Tchad en dehors de ses frontières, et qu'elle ne signifie à aucun moment qu'elles se désengageront des forces mixtes dont elles font partie. « Le ministère des Affaires étrangères tient à préciser que son désengagement de la Force multinationale mixte (FMM) de la Commission du bassin du lac Tchad (CBLT) et de la Force conjointe du G5 Sahel, et encore moins de la Mission intégrée multidimensionnelle des Nations unies pour la stabilisation du Mali (MINUSMA) n'a jamais été remis en cause par le Tchad », peut-on lire dans le communiqué signé par le porte-parole des Affaires étrangères Béchir Issa Hamidi.

Le Tchad dissipe ainsi les doutes quant à son éventuel départ des groupes antiterroristes régionaux, à un moment où les activités et les attaques djihadistes se sont multipliées et ont atteint des régions, comme le Burkina Faso, où elles n'existaient pas auparavant.

« Nous réaffirmons la détermination et l'engagement du Tchad à lutter contre le terrorisme et le crime organisé transnational, tant sur son territoire que dans le cadre des forces conjointes susmentionnées », a-t-il déclaré à l'extérieur.

Depuis le début de l'année 2020, Boko Haram, une organisation originaire du Nigeria, a intensifié ses attaques contre les forces de sécurité tchadiennes. Le groupe terroriste opère dans les pays voisins qui bordent le bassin du lac Tchad : le Tchad (où il a commencé ses attaques en 2015), le Cameroun, le Niger et le Nigeria.

Le groupe a été créé en 2002 dans la ville de Maiduguri (nord-est du Nigeria) par le chef spirituel Mohameh Yusuf pour dénoncer l'abandon du nord du pays par les autorités.

À l'époque, il menait des attaques contre la police nigériane, représentant l'État, mais depuis que Yusuf a été abattu par des agents en 2009, le groupe est devenu plus radical. Depuis lors, le nord-est du Nigéria est en proie à la violence provoquée par Boko Haram, qui cherche à imposer un État de type islamique au Nigéria, un pays à majorité musulmane au nord et à prédominance chrétienne au sud.

Au cours de sa campagne sanglante, le groupe a tué quelque 27 000 personnes et provoqué le déplacement de plus de deux millions de personnes, selon l'ONU.
 


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