Tebboune: Argelia rompió lazos diplomáticos con Marruecos para “evitar la guerra”
Une interview exclusive du président algérien, Abdelmadjid Tebboune, publiée vendredi par le quotidien francophone Le Figaro, reprend, pour la première fois depuis la rupture des relations algéro-marocaines en 2021, les explications de l'homme politique algérien. La décision prise n'est rien d'autre qu'"une alternative au déclenchement de la guerre entre les deux pays", a déclaré M. Tebboune. Plusieurs observateurs internationaux consultés par le média arabe Al Arab affirment qu'il s'agit d'une "preuve supplémentaire que la guerre était bien une option à l'ordre du jour dans les hautes sphères de l'Algérie". Surtout dans les milieux militaires".
Les déclarations du président algérien dans l'interview au Figaro - dont l'objet principal était toutefois les relations entre Alger et Paris - ont mis en évidence les relations difficiles avec son voisin nord-africain, qui remontent à la guerre des sables. Un conflit militaire a éclaté à la frontière algéro-marocaine en octobre 1963, lorsque plusieurs mois d'épisodes conflictuels ont fini par se cristalliser en une guerre ouverte qui a débuté dans les régions de Tindouf et de Hassi Beida (en Algérie) et s'est ensuite étendue à la province marocaine de Figuig. La rupture des relations en août 2021 était "le résultat d'une accumulation de problèmes depuis 1963", a souligné M. Tebboune.
Malgré le cessez-le-feu décrété par l'Organisation de l'unité africaine en 1964, les liens entre les deux pays ont été marqués par des tensions diplomatiques, géopolitiques et régionales, telles que la concurrence en termes économiques et commerciaux, la confrontation sur la question du Sahara occidental (avec Alger comme allié du Front Polisario) et les différends frontaliers.
Par ailleurs, Tebboune a profité de l'interview pour souligner que "la médiation entre nous [le Maroc et l'Algérie] n'est pas possible", en référence aux rumeurs concernant la visite officielle du roi de Jordanie Abdallah II en Algérie en décembre 2022. Des rumeurs prétendaient que le voyage du monarque jordanien avait inscrit à son programme une tentative de médiation et de réconciliation entre les pays voisins.
Les liens diplomatiques entre Alger et Rabat ont officiellement été rompus en août 2021, selon l'Algérie, en raison des désaccords persistants sur la question du Sahara occidental - qui oppose les deux parties : le Maroc prône l'établissement d'un plan d'autonomie qui reconnaît la marocanité des territoires, tandis que l'Algérie, comme le Front Polisario, soutient la tenue d'un référendum d'autodétermination - et ce que Tebboune a qualifié d'"actes hostiles répétés".
Cependant, des analystes et des observateurs cités par Al Arab ont affirmé que la position de l'Algérie à l'égard du Maroc n'est rien d'autre qu'une tentative de faire pression sur Rabat pour influencer sa position sur le Sahara, qui a reçu ces derniers mois le soutien exprès de pays importants sur la scène internationale, comme les États-Unis et Israël. Par ailleurs, ces observateurs ont également souligné le renforcement international du Maroc - en termes beaucoup plus larges - comme la signature d'accords militaires avec Tel Aviv, la conduite de manœuvres militaires internationales conjointes (comme "African Lion", qui en est à sa 14e édition et qui a réuni des unités européennes, africaines et américaines), et la modernisation de ses arsenaux militaires.