Le ministre des affaires étrangères émirati répond aux intimidations de Hassan Rohani qui considère l'accord avec Tel-Aviv comme « une trahison contre les musulmans »

Tirs croisés entre les EAU et l'Iran après l'accord avec Israël : « Nous n'acceptons ni interférences ni menaces »

PHOTO/REUTERS - Le ministre d'État aux affaires étrangères des Émirats arabes unis, Anwar Gargash

L'accord de paix entre les Emirats arabes unis et Israël, rendu public jeudi dernier, semble avoir été un point d'accord entre une grande partie de la communauté internationale, mais pas entre les nations arabes, comme l'Iran.

Selon les déclarations de l'agence de presse iranienne ISNA, dans un discours prononcé par le président iranien Hassan Rohani, ce dernier a regretté qu' « un pays voisin - les EAU - se soit approché et ait contacté l'ennemi du monde islamique et de la région et l'assassin des Palestiniens ». 

Ces mots n'ont pas été bien accueillis à Abou Dhabi, et le ministre des affaires étrangères des EAU, Anwar bin Muhammad Gargash, a déclaré que le traité entre son pays et Israël est « une décision souveraine », qui ne s'adresse pas à Téhéran.

Le ministère des Affaires étrangères des EAU a convoqué dimanche le chargé d'affaires iranien pour qu'il dépose une plainte officielle contre les déclarations de son président. Celui-ci a qualifié les propos de Rohani d' « inacceptables et incitant » et assuré qu' « ils ont de graves répercussions sur la sécurité et la stabilité du Golfe », selon l'agence de presse WAM. Gargash a posté un message sur son compte Twitter disant que son pays n'accepte pas « l'ingérence dans nos décisions, tout comme nous rejetons les menaces ».

Les gardiens de la révolution iraniens, un corps militaire d'élite, ont également averti sur leur site web ce samedi que l'alliance EAU-Israël « prépare un avenir dangereux pour les Etats-Unis et les partisans de l'accord ». « Tôt ou tard, les dirigeants des EAU devront attendre la réponse décisive et instructive du peuple de ce pays à l'humiliation historique causée par la stupidité de leurs dirigeants, en dévoilant l'accord de normalisation avec un Israël usurpateur ». 

Cet échange d'accusations et de menaces montre que, si le traité de paix entre Abou Dhabi et Tel-Aviv a marqué une nouvelle étape dans le conflit israélo-palestinien et dans les relations entre Israël et les pays arabes, il n'a pas satisfait ceux qui défendent des positions plus extrêmes contre Israël.​​​​​​​

Pour l'Autorité palestinienne, l'accord publié jeudi dernier par Donald Trump dans le Bureau ovale a été qualifié de « trahison », et l'Iran et la Turquie l'ont qualifié de « coup de poignard dans le dos ».​​​​​​​

La Jordanie et l'Égypte sont les deux seuls pays arabes à avoir officiellement reconnu l'État hébreu. Le Caire a également salué l'accord entre les EAU et Israël, ainsi que le Sultanat d'Oman et Bahreïn, un petit État du Golfe près d'Abou Dhabi et particulièrement hostile à l'Iran. Les Nations unies se sont également félicitées de ce rétablissement des relations diplomatiques entre les deux nations, qui comprend la suspension temporaire des plans israéliens d'annexion de la Cisjordanie.

Jeudi, le cheikh Mohammed bin Zayed al Nahyan, prince héritier d'Abou Dhabi et commandant suprême adjoint des forces armées des EAU, a annoncé l'accord visant à mettre fin à l'annexion des territoires palestiniens par Israël, lors d'un appel téléphonique avec le président américain Donald Trump et le premier ministre israélien Benjamin Netanyahu.