Transition politique en Syrie : le plan d'Al-Sharaa et les défis du nouveau gouvernement

El presidente sirio, Ahmed al-Sharaa, pronuncia un discurso en el Palacio Presidencial en Damasco, Siria - PHOTO/ PRESIDENCIA SIRIA
Le président intérimaire Al-Sharaa promet un gouvernement inclusif, une nouvelle constitution et une reconstruction dans un contexte de tensions internes et externes
  1. Gouvernement inclusif et transition politique
  2. Des réformes institutionnelles radicales
  3. Réactions internationales et défis nationaux
  4. Un avenir incertain pour la Syrie 

Après le renversement de Bachar al-Assad il y a environ deux mois, la Syrie entre dans une phase de transition avec l'arrivée d'Ahmad al-Sharaa en tant que président par intérim. Dans son premier discours officiel, al-Sharaa a présenté une série de mesures visant à restructurer la politique et la société syriennes après plus de 13 ans d'instabilité économique et sociale, de guerres civiles et d'attaques terroristes, et de crises diplomatiques. 

Des manifestants participent à une manifestation de solidarité avec le peuple kurde dans le nord-est de la Syrie, à Diyarbakir, en Turquie, le 28 janvier 2025 - REUTERS/ SERTAC KAYAR

Parmi les décisions les plus importantes figurent l'engagement de former un gouvernement inclusif, c'est-à-dire représentatif de la grande diversité qui existe dans le pays, la publication d'une « déclaration constitutionnelle », qui servira de base juridique à la transition, et l'organisation d'un référendum pour définir l'avenir du pays par l'intermédiaire de la Conférence de dialogue national. 

Pour ce faire, le président intérimaire de la Syrie, Ahmad al-Sharaa, a annoncé une série de mesures visant à consolider la transition après la chute de la famille Assad.

Gouvernement inclusif et transition politique

Dans son discours, Sharaa a promis la création d'un nouveau gouvernement capable de représenter toutes les communautés syriennes et la mise en place d'un « petit conseil législatif » après la dissolution de l'Assemblée du peuple.

Il a également annoncé la promotion d'une nouvelle administration capable de garantir la paix sur l'ensemble du territoire et de poursuivre la lutte contre toutes les factions et organisations terroristes qui, depuis plus d'une décennie, commettent des crimes de toutes sortes contre la population civile syrienne. 

Des personnes attendent devant un bâtiment gouvernemental dans la banlieue de Damas, en Syrie, le 8 janvier 2025 - REUTERS/ KHALIL ASHAWI

Des réformes institutionnelles radicales

L'une des décisions les plus radicales du nouveau chef du gouvernement est la dissolution de l'armée, des services de sécurité et de tous les groupes armés, y compris Hayat Tahrir al-Sham (HTS).

Dans le domaine politique, Sharaa propose également l'élimination du parti Baas, qui a gouverné la Syrie pendant des décennies, et que le nouveau gouvernement considère comme le seul responsable de la situation que le pays a connue et connaît encore. Enfin, il propose l'annulation totale de la constitution actuelle afin d'en émettre une nouvelle dans laquelle ce paquet de mesures pourrait avoir un cadre juridique fixe et inamovible. 

Un membre des Forces démocratiques syriennes (FDS) dirigées par les Kurdes se tient dans une rue après que les rebelles se sont emparés de la capitale et ont renversé le président syrien Bachar al-Assad, à Hasakah, en Syrie, le 11 décembre 2024 - REUTERS/ ORHAM QEREMAN

Réactions internationales et défis nationaux

La communauté internationale suit de près le processus et le soutient en levant les sanctions sur ces nouvelles parties que le président intérimaire veut ajouter à son nouveau gouvernement intérimaire. 

Cependant, le premier chef d'Etat à se rendre en Syrie a été l'Emir du Qatar, Tamim bin Hamad Al Thani, qui a exprimé son plein soutien à la transition syrienne et à la nécessité de promouvoir la stabilité tant politique qu'économique.

Le nouveau président syrien pour une phase de transition, Ahmed al-Sharaa, accueille l'émir du Qatar, Cheikh Tamim bin Hamad Al Thani, à Damas, Syrie, le 30 janvier 2025 - PHOTO/ AMIRI DIWAN via REUTERS

« Je remercie mon frère, le président Ahmad al-Shara, pour l'accueil chaleureux et la généreuse hospitalité qu'il m'a réservés aujourd'hui à Damas. Notre première rencontre a été marquée par un esprit positif et plein d'optimisme quant à l'avenir de la Syrie et des relations entre nos deux pays frères. Il travaillera d'arrache-pied avec la communauté internationale pour soutenir le désir du peuple syrien de réaliser tout ce pour quoi il s'est sacrifié ces dernières années », a déclaré l'émir qatari sur son compte X. 

Un avenir incertain pour la Syrie 

Si les réactions ont été positives dans la plupart des pays, les décisions ont causé quelques problèmes dans les communautés syriennes à l'étranger, comme en Allemagne, où de vives protestations ont eu lieu contre les nouveaux secteurs extrémistes qui pourraient faire partie du nouveau gouvernement. 

Kaja Kallas, Haute représentante de l'UE pour les affaires étrangères et la politique de sécurité - REUTERS/ JOHANNA GERON

Malgré les efforts déployés, les décisions de Sharaa seront source de division tant à l'intérieur qu'à l'extérieur du pays. La stabilité du pouvoir dépendra à nouveau de la manière dont les affaires internes et les négociations seront gérées, de la manière dont la participation des minorités sera reflétée dans la vie politique et du soutien international que recevra ce nouveau gouvernement inclusif.