La Transnistrie, région séparatiste de la Moldavie, demande la "protection" de la Russie
Les autorités de Transnistrie, région séparatiste pro-russe de Moldavie, ont demandé mercredi la "protection" de la Russie contre de prétendues "pressions" du gouvernement moldave, aggravant les tensions dans une région déjà ébranlée par l'invasion de l'Ukraine par la Russie.
Peu après, le ministère russe des affaires étrangères, cité par des agences locales, a indiqué que Moscou considérait la "protection" des "compatriotes" transnistriens comme l'une de ses "priorités".
Les députés transnistriens de Tiraspol, la principale ville de cette enclave de 4 160 kilomètres carrés située entre la Moldavie et l'Ukraine, ont adopté une déclaration appelant Moscou à "mettre en œuvre des mesures visant à protéger la Transnistrie des pressions accrues de la Moldavie", qui a pris des mesures de rétorsion économique à l'encontre des séparatistes.
La Transnistrie, où vivent "plus de 220 000 citoyens russes", est confrontée à des "menaces sans précédent de nature économique, socio-humanitaire et politico-militaire", indique la déclaration, citée par les agences de presse russes, sans préciser le type d'aide qu'elle réclame.
En 2006, lors d'un référendum en Transnistrie non reconnu par la communauté internationale, 97 % des électeurs se sont prononcés en faveur de l'indépendance et de l'union du territoire avec la Russie.
La pétition de mercredi rappelle celle lancée par les séparatistes pro-russes dans l'est de l'Ukraine en février 2022, qui a été l'un des prétextes utilisés par le président Vladimir Poutine pour lancer son attaque à grande échelle contre l'Ukraine.
Après l'effondrement de l'Union soviétique, cette région russophone a proclamé sa sécession et mené une courte guerre contre l'armée moldave en 1992.
Depuis lors, la Russie maintient une présence officielle de maintien de la paix de 1 500 militaires dans cet étroit territoire de 465 000 habitants, qui s'étend entre la rive orientale du Dniestr et l'Ukraine.
Depuis le début de l'opération russe en Ukraine, les spéculations se sont multipliées sur une attaque russe à partir de la Transnistrie contre la ville ukrainienne voisine d'Odessa, sur la mer Noire.
Les séparatistes de Transnistrie, quant à eux, accusent l'Ukraine de vouloir attaquer le territoire et d'avoir préparé un attentat déjoué contre leurs dirigeants.
Des tensions "dangereuses" pour la région
Les députés séparatistes ont déclaré qu'ils souhaitaient une action urgente en réponse à la récente imposition par la Moldavie de droits de douane sur les marchandises transnistriennes.
Ils ont également demandé à l'OSCE, au Parlement européen, à la Croix-Rouge et à l'ONU d'éviter les "provocations" qui pourraient conduire à une "escalade des tensions".
Le gouvernement moldave, qui a dénoncé une "campagne" visant à attiser "l'hystérie" de la population, a souligné qu'"il n'y a pas de risque d'escalade".
La Moldavie et l'Union européenne accusent régulièrement Moscou de vouloir déstabiliser l'ancienne république soviétique, dont les dirigeants sont désormais résolument pro-européens.
Le Premier ministre polonais Donald Tusk a insisté mercredi sur le fait que "la menace d'une intervention russe, ou du moins d'une provocation, est permanente", et a qualifié les tensions en Moldavie de "dangereuses" pour la région.
En décembre 2023, l'UE a décidé d'ouvrir des négociations d'adhésion avec l'Ukraine et la Moldavie.