Erdogan a qualifié ces actions et les médias sociaux en général de "menace pour la démocratie"

Trois YouTubers arrêtés en Turquie après avoir publié des interviews critiquant la crise financière du pays

PHOTO/OZAN KOSE - Photo d'archive, des manifestants tiennent des pancartes sur lesquelles on peut lire "Le journalisme est l'assurance de la démocratie" et "Si le journaliste est arrêté, on ne saura rien de l'actualité" à Istanbul, le 9 septembre 2020

Trois créateurs de contenu YouTube ont été arrêtés dans la province turque d'Antalya après avoir interrogé des citoyens dans la rue sur leurs préoccupations économiques, alors que la valeur de la monnaie du pays continue de chuter, aggravant la crise financière du pays.

Les YouTubers ont écrit sur leurs médias sociaux que le but de ces interviews était de renforcer leur voix en pleine crise financière. Ces interviews ont été jugées par le gouvernement comme favorisant "l'incitation à la haine et à l'animosité contre certains groupes et le dénigrement public de l'État et du gouvernement". Ces accusations ont entraîné l'assignation à résidence de ces trois YouTubers, rapporte Turkey Purge, un média qui rend compte des violations des droits humains dans le pays.

L'une de ces personnalités est Hasan Köksoy, qui produit la chaîne YouTube Kendine Muhabir. Le YouTuber a dénoncé son arrestation sur son réseau social Twitter où il a déclaré dans un post qu'il a été "tiré du lit comme un terroriste et arrêté pour avoir tendu un micro au public". Hasan Köksov a raconté son arrestation par le biais de tweets dans lesquels on peut lire qu'il a passé la nuit en détention à cause d'une interview qu'il diffusait en direct, racontant également qu'il a comparu devant un procureur et a été envoyé devant un tribunal de permanence avec une demande d'arrestation. La personne qu'il interrogeait, a affirmé Hasan dans un tweet, était également en état d'arrestation.

Dans un récent discours, le président turc, Recep Tayyip Erdogan, a qualifié les médias sociaux de "principale source de menace pour la démocratie d'aujourd'hui" et a déclaré qu'il prendrait des mesures énergiques contre les médias internet pour "combattre la désinformation et la propagande".

Ces déclarations et les dernières arrestations ont tiré la sonnette d'alarme pour les organisations qui défendent la liberté d'expression et les droits de l'homme dans le pays. Reporters Sans Frontières et Freedom House ont sévèrement critiqué le gouvernement d'Erdogan et ont qualifié la Turquie de "non libre", soulignant la censure ou l'élimination des contenus Internet qui critiquent le gouvernement. 

Selon les données fournies sur la Turquie par le Stockholm Centre for Freedom, 174 journalistes sont déjà emprisonnés dans le pays et 167 sont recherchés par les autorités turques.

Tout ceci intervient dans le sillage des critiques de la crise financière en Turquie, alors que la livre turque a chuté de 40% depuis septembre. La principale raison de la chute de la monnaie turque réside dans la pression exercée par l'exécutif sur la banque centrale pour qu'elle baisse les taux d'intérêt afin de relancer l'économie, malgré l'inflation élevée en Turquie.